Marcel Bascoulard

Marcel Bascoulard

Artiste, poĂšte, clochard, cet homme atypique que l’on pouvait remarquer dans les rues de Bourges Ă©tait vĂȘtu d’une robe et se dĂ©plaçait Ă  l’aide d’un engin bizarre , un tricycle
..

VĂȘtu d’une robe grise, cheveux longs et mal rasĂ©, sale , vocifĂ©rant,il Ă©tait la curiositĂ© de Bourges

Il dessinait les quartiers de Bourges, principalement des lieux historiques.

Beaucoup n’osaient l’approcher 



Il mange sans assiette ni fourchette et utilise un vieux canif ; il dors Ă  mĂȘme le sol, ne se soucie ni du lendemain ni du temps (il n’a pas de montre) , ne se peigne jamais

Son histoire :

Marcel BASCOULARD est nĂ© le 17 fĂ©vrier 1913 Ă  VALLENAY(sa maison natale a aujourd’hui disparue) , ensuite, il vit Ă  St Florent sur Cher .

Le 25 septembre 1932, il a moins de vingt ans, sa mùre abat son pùre d’un coup de revolver.

Ce drame marquera à jamais la vie de l’artiste.

Longtemps il vivra , Ă  Bourges, dans une vieille maison qui fut dĂ©truite. En 1934, il commence Ă  dessiner dans les rues de Bourges, suit les cours d’art de Marcel Pinon puis il s’installe Ă  AsniĂšres dans plusieurs baraques et termine sa vie dans la cabine d’une camion.

Le 12 janvier 1978 Bourges apprend avec stupeur le meurtre de son artiste fétiche.La Ville décide de prendre en charge ses obsÚques et la concession au cimetiÚre Saint-Lazare (massif 7 , ligne 11, fosse 152).

La ville de Bourges décide de donner son nom à une place de la ville.

A VALLENAY , son village natal, une place porte Ă©galement son nom.

Nous trouvons dommage que les artistes comme Bascoulard doivent mourir (tragiquement dans son cas) pour  que l’on reconnaisse enfin leur talent

Son assassin Ă©tait un marginal qui fut condamnĂ© Ă  15 ans d’emprisonnement

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La Marquise de Saint Firmin

Maurice Larguinat se souvient
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La Marquise de Saint Firmin

La vieille Marquise habitait la Petite Forge, une trÚs jolie maison bourgeoise entourée de beaux arbres et qui appartenait du Duc de Maillé.

Dans le parc , se promenaient cinq Ă  six paons dont les fameux « lĂ©on-lĂ©on » s’entendaient jusqu’à Bigny. Elle nourrissait Ă©galement une kyrielle de chats pour lesquels elle avait une vĂ©ritable passion.

Cette vĂ©nĂ©rable dame, toujours « tirĂ©e Ă  quatre Ă©pingles », dans le style vieille France, portait mitaines et chapeaux Ă  fleurs. Descendante d’une longue lignĂ©e, elle s’appelait Marquise Jeanne Hazon de Saint Firmin.

Elle avait sa place rĂ©servĂ©e Ă  l’église
 et il ne faisait pas bon utiliser sa chaise.

Dans son ombre, vivait sa bonne, Suzanne.

Maurice Larguinat se souvient qu’un soir d’étĂ©, alors qu’il Ă©tait en vacances chez sa grand-mĂšre, il vĂźt venir Suzanne tenant Ă  la main un sac d’une autre Ă©poque (qui devait contenir tout son avoir) et demander asile pour la nuit car la Marquise, sa patronne, l’avait jetĂ©e Ă  la porte.

Comme la famille allait se mettre Ă  table, la grand-mĂšre lui proposa de souper avec eux, ce qu’elle accepta avec empressement racontant , entre autres choses, que « Madame se mettait souvent en colĂšre
 et qu’il fallait plier ou partir » . On peut supposer que ce soir-lĂ , Suzanne avait tenu bon.

Le souper terminĂ©, la grand-mĂšre la conduisit au « domaine » , en face oĂč on l’installa dans une chambre prĂšs du poulailler. Le lendemain, elle vint remercier et but le cafĂ© avec la famille
 Il semble que la nuit ait apaisĂ© sa rancƓur car elle regagna la « Petite Forge » oĂč l’attendait sans doute la Marquise, les deux femmes se disputant certainement assez souvent .

Pour se dĂ©placer, ladite Marquise utilisait une bicyclette Ă  roues en bois
 Plus tard, vers 1933, elle fit l’acquisition d’une Peugeot cinq chevaux. C’était une conductrice d’une prudence excessive. Quand elle arrivait Ă  un carrefour, elle arrĂȘtait la voiture, descendait et allait « inspecter »à droite et Ă  gauche 
 pour constater que la voie Ă©tait bien libre !

Sa sƓur, qui habitait au chĂąteau familial de Levet, venait dĂ©jeuner avec elle . C’était un spectacle de voir passer cette belle femme montĂ©e en amazone sur un cheval blanc qu’elle poussait au galop


Mais si la Marquise avait une passion pour les chats, elle ne se lassait pas de traduire leurs attitudes avec ses pinceaux et ses pastels. Ses huiles, qu’on a pu admirer dans diffĂ©rentes expositions , en faisaient une grande artiste. Elle publia Ă©galement, en 1931, un livre signĂ© Jeanne d’Hazon : « Raton – Simple histoire d’un chat heureux »,prĂ©facĂ© par Hugues Lapaire, qui nous propose «  de prendre ce livre sur nos genoux, devant un feu clair de hĂȘtre sec, et vous verrez combien vous serez charmĂ© par son « Roman » poĂ©tique et tendre » . L’auteur a su trouver, pour la fin de son chat, des accents de poĂšte «  Le mal a progressé  Cette fois la mort le tient, elle le prend en trahison ».

Terminons par une anecdote , racontĂ©e Ă  Maurice Larguinat, par Solange PĂ©ronnin, qui traduit combien cette femme d’un autre temps avait conservĂ© une Ă©ducation soignĂ©e dans sa tenue comme dans son parler :

S.PĂ©ronnin se trouvant chez M.Gaulier, Ă©picier Ă  Bigny vit entrer la Marquise qui, passant devant tous les clients, montra au commerçant une boĂźte de cassoulet lui demandant s’il n’avait pas une autre marque
 La rĂ©ponse Ă©tant nĂ©gative, la Marquise rĂ©torqua : « Il eut Ă©tĂ© inutile que j’attendisse plus longtemps »

 

 

Popaul

POPAUL

En rĂ©alitĂ©, il s’appelait Paul Richard mais tout le monde l’appelait Popaul . Il vivait avec sa vieille mĂšre que l’on surnommait la mĂšre Lunettes (en raison , paraĂźt-il d’une intervention chirurgicale qu’elle avait subi aux yeux et dont elle disait qu’on lui « avait sorti les yeux de la tĂȘte » et ceci Ă  une Ă©poque oĂč aucune opĂ©ration n’était bĂ©nigne).

Popaul, lui , avait Ă©tĂ© mobilisĂ© pendant la guerre 1914/1918 et avait Ă©tĂ© gravement blessé ; il avait subi une trĂ©panation . Il Ă©tait devenu dĂ©ficient mental
. et nous faisait peur Ă  nous les gamins sur le chemin de l’école mĂȘme s’ il n’a jamais Ă©tĂ© agressif Ă  notre Ă©gard.

Il avait un visage grimaçant et un rire « satanique » .Parfois il disait qu’il entendait le canon tonner dans sa pauvre tĂȘte . VĂȘtu d’oripeaux ,chaussĂ© de vieux godillots, une vieille casquette crasseuse sur le crĂąne, arborant des quantitĂ©s de mĂ©dailles et dĂ©corations hĂ©tĂ©roclites, il marchait, marchait sans arrĂȘt faisant des aller-retours incessants entre Vallenay et Bigny.

Il Ă©tait couvert de puces, sur lui et chez lui, Ă  tel point que , lors de la pose de bordures de trottoirs Ă  Vallenay, lorsque les maçons arrivĂšrent devant chez lui, les puces sautaient sur eux et qu’ils durent se dĂ©shabiller et jeter leurs vĂȘtements.

Vers 1950, les cuisiniĂšres Ă  gaz n’existaient pas encore sur notre commune ; nous possĂ©dions des rĂ©chauds, Ă  gaz certes, mais sans four et il fallait une table sur laquelle les poser ; c’est Ă  cette Ă©poque que Lucien Monmasson (devenu chauffagiste mais dĂ©cĂ©dĂ© maintenant) se mit en devoir de confectionner des placards en tĂŽle permettant d’insĂ©rer la bouteille de gaz . Popaul fut Ă©merveillĂ© et en commanda trois ; il n’avait pas de rĂ©chaud mais il monta ces placards les uns sur les autres pour ranger diffĂ©rentes affaires.

Grand marcheur , comme dit plus haut, il lui arrivait mĂȘme, paraĂźt-il, de faire Vallenay – St Florent sur Cher oĂč il avait de la famille Ă  pied(17 km environ).

Son plus grand plaisir Ă©tait , lorsque s’annonçait  «  l’assemblĂ©e » (fĂȘte annuelle)Ă  Vallenay et Ă  Bigny , d’aller aider Ă  « monter le parquet »(le parquet Ă©tant une sorte de chapiteau rectangulaire en bois, coiffĂ© d’une toile et sous lequel se dĂ©roulait les bals). Alors, lĂ , il Ă©tait heureux !!! car il aimait la musique, il lui arrivait mĂȘme de jouer du clairon.

Popaul aimait aider : aider le maçon Ă  faire du ciment, l’épiciĂšre Ă  rentrer ses pots de lait et ses lĂ©gumes que les fournisseurs avaient laissĂ©s sur le trottoir devant son magasin.

Sa mĂšre dĂ©cĂ©dĂ©e, Popaul ne changea rien dans ses habitudes ; mais il vieillissait et il Ă©tait difficile de le laisser seul dans cette crasse avec laquelle il avait toujours vĂ©cu . Il fut hospitalisĂ© Ă  ST AMAND de longues annĂ©es , avec des gens comme lui ;il y rendit l’ñme il y a environ trente ans.

 

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