Louis GALLICHER

 

UN HOMME HORS DU COMMUN

LOUIS GALLICHER

Ce n’est qu’une vaste pierre gravée , envahie par la mousse, dans le cimetière de Vallenay qui rappelle encore le nom de la Famille Gallicher.

Monsieur Louis Gallicher était né à Lissay-Lochy le 10 septembre 1814.

Brillant élève du lycée de Bourges, il était reçu en 1834 à l’Ecole Centrale d’où il sortait en juillet 1837, à 23 ans, avec le diplôme d’ingénieur civil.

Il vint alors à Bigny aider son père dans ses travaux puiS, en 1839, il prenait seul la direction de l’importante usine de Bigny.

Le Marquis d’Osmond, alors propriétaire des forges, avait pour intentant général Monsieur Faiseau-Laval ; Louis Gallicher épousa la fille de ce dernier et, pendant son séjour à Bigny, prit une part active à l’administration de la terre de Châteauneuf. Il se rendit fermier du domaine des Gargots, à Bigny, et ce fut là qu’apparut, par son initiative, le premier taureau Durham qui ait été amené dans la région. Continuer la lecture de « Louis GALLICHER »

Le Père OUVRARD

LE PERE OUVRARD…

Le Père OUVRARD, s’est éteint en septembre 2001 . Il sera sans doute le dernier prêtre de Vallenay et par là même notre paroisse va disparaître ! Une page se tourne…. Dorénavant nous serons desservis par Châteauneuf.

Né à Chevillé , dans le Maine et Loire en 1915, prisonnier au cours de la deuxième guerre mondiale, Joseph OUVRARD a été ordonné prêtre en 1943.

Il a accompli de nombreuses missions pendant une trentaine d’années en Chine et au Laos. Succédant à l’Abbé Maurice COLLIARD qui s’est retiré pour raisons de santé, le Père OUVRARD prend en charge la paroisse le 26 septembre 1976.

Pendant un quart de siècle, il desservira les communes de Chambon, Crésançay, Qaint-Loup, Saint-Symphorien et Vallenay.

On peut remercier le Père pour tous ses services. Il avait su se faire adopter par les habitants de ces cinq communes par son travail, sa disponibilité, sa discrétion et sa grande bondé. En novembre 1993 nous avons célébré ses 50 années de sacerdoce. En mai 2000, âgé de 85 ans et très fatigué, le Père OUVRARD a souhaité cesser ses activités pastorales et nous avons organisé une réception en son honneur. Pour ces deux réunions, nous avons souhaité rassembler ses invités dans l’ancienne salle paroissiale du « Clos des Charmes » construite pour le théâtre. Le Père OUVRARD, en prêtant se local puis en facilitant son acquisition par la commune de Vallenay auprès de l’ Association Diocésaine, a bien œuvré pour le sport et en faveur des jeunes, puisque c’est devenu maintenant la salle de tennis de table.

Son état de santé s’étant aggravé, il a été hospitalisé au printemps puis dirigé vers la maison de retraite des Missions Etrangères située à Monbeton dans le Tarn et Garonne.

C’est là qu’il a passé ses dernières semaines puisqu’il est décédé 4 mois après son départ de Saint-Amand.

Le 26 septembre marque donc tristement l’anniversaire de son arrivée à Bigny voilà 25 ans.

Il repose maintenant au cimetière de Vallenay, comme il le souhaitait.

Le Père OUVRARD nous manque vraiment .

Plus que le curé de la paroisse, il était surtout l’ami de tous.

Source Bulletin municipal

Le chanoine JOUVE

Nous remercions vivement les « Archives du Cher » de nous avoir communiqué et permis la publication d’un extrait des « Cahiers Jean Giraudoux » paru en 1986, intitulé « Un Aumônier peu ordinaire

UN AUMONIER PEU ORDINAIRE

Au moment où Jean Giraudoux entame au Lycée de Châteauroux « ce bail que les enfants passent vers leur onzième année avec les sciences et les arts », l’établissement vit sous l’autorité morale et spirituelle de la « Trinité sainte », composée du proviseur Malinet, du surveillant général Duchâteau, de l’aumônier du lycée, l’abbé Jouve. Le censeur (cet idiot de censeur) n’était pas reconnu comme faisant partie de ce gouvernement.

Le proviseur et le surveillant général ont été mis en scène ou évoqués dans l’œuvre romanesque ou les discours de Jean Giraudoux. Sur l’abbé Jouve, nous ne trouvons que cette phrase tirée de la chronique « 15 octobre 1919, de Saint-Amand en Bourbonnais, intégrée dans le recueil Or dans la nuit : « l’abbé Jouve est mort avant-hier, qui signait Lucien Donel, notre aumônier qui nous lisait à l’étude son roman sur les mariages consanguins ». Ce passage laconique ne rend guère compte en vérité  de l’influence que put avoir l’aumônier sur le jeune garçon, non plus que de l’affection admirative qu’ils se portaient l’un l’autre. A cet égard le poème retrouvé vient conforter les témoignages des condisciples de Giraudoux qui ont toujours insisté sur les rapports d’estime et d’affection ayant uni le prêtre et le lycéen.

Né aux Forges de Bigny, près de Saint-Amand, le 2 mai 1849, l’abbé Lucien Jouve a pris en 1878 ses fonctions d’aumônier au lycée de Châteauroux.. Distingué, de haute taille, l’œil bleu et vif, raffiné dans son vêtement, l’abbé a belle allure lorsqu’il traverse , la canne noire dans sa main gantée, la cour du lycée accompagné  de Black son fidèle setter noir et feu.

Excellent prêtre, orateur de talent, collectionneur de minéraux , ornithologue distingué, l’abbé Jouve est par-dessus tout dévoré par le besoin d’écrire. Fier de s’intituler « membre de plusieurs sociétés savantes », il sera reçu à la Société des Gens de Lettres le 7 décembre 1903.

Sous son nom, il publie plusieurs ouvrages de religion : en 1883 Les Doctrines négatives considérées dans leurs rapports avec l’existence de Dieu ; en 1887 , Dieu dans l’histoire ou la foi du genre humain. Son dernier opuscule rassemble sous le titre Vers le Christ par ses œuvres, trois sermons prononcés dans lacathédrale de Bourges. Mais il doit sa gloire littéraire et son aura parmi les lycéens, aux œuvres profanes qu’il signe Lucien Donel. On trouve ainsi des recueils de nouvelles, contes du terroir : « Corniches », « Devant l’âtre », « Ma sœur Anne », « Aux champs des Mardelles », récits épisodiques… des romans : « Pilleurs d’amour », « Le Chardon bleu » et « l’Augure » roman réaliste et à thèse – celui-là même évoqué par Giraudoux – dans lequel l’auteur condamne pour leurs conséquences les mariages consanguins. En général, Lucien Donel s’inspire du Berry, de ses paysages, de ses habitants et de leurs coutumes. Collaborateur de La Revue de Paris, l’abbé Jouve écrit aussi dans les périodiques locaux. La Revue du Berry ou la Revue du Centre publient, signées sous nom, des nouvelles : « En migration », « le Chevalier noir », « L’hôte de la Grangière », « Les Marivoles », « Petite Maman »…

Conférencier – notamment à l’Alliance Française – il disserte indifféremment sur le Romancero berrichon ou sur les insectes aquatiques des étangs de l’Indre. Causeur inépuisable, il reçoit dans l’appartement qu’il occupe au lycée, avec sa sœur pour gouvernante, les élèves qui ressortent éblouis par sa conversation et par les collections qu’il présente dans des vitrines. Son enseignement religieux se termine souvent par des lectures plus profanes, soit de ses propres œuvres qu’il teste ainsi sur ses jeunes ouailles, soit des best sellers de l’époque, Emile Zola, Paul Féval ou Jules Verne.

Un tel personnage ne peut que séduire les lycéens qui l’on surnommé « Aramis ».Malgré ses à-côtés profanes, l’abbé Jouve est unexcellent prêtre dont l’influence spirituelle est forte. Les catéchismes de persévérance sont largement suivis et il est remarquable qu’en 1907 (après la Séparation), seuls seize internes ne suivent aucun exercice religieux.

Entre l’abbé et Jean Giraudoux, une vive sympathie, doublée d’admiration, s’instaure. Le jeune garçon devient enfant de chœur, servant le dimanche à sept heures la messe de l’abbé Jouve dans la chapelle du lycée. C’était, dit Aucuy son condisciple (*) « un véritable enfant de chœur. Il nous apparaissait comme une façon d’ange blond, blanc et rouge, doux, simple, harmonieux, discret, et c’était si frappant que le prêtre lui souriait ouvertement quand il se tournait vers lui… »

(*) Mar Aucuy : La Jeunesse de Giraudoux

Lors d’un séjour à l’infirmerie de son enfant de chœur, l’abbé apporte des livres, les cinq volumes du Bossu que Giraudoux dédaigne pour pleurer sur le Bigarreau d’André Theuriet que lui a apporté Duchâteau.

Le 17 juin 1894 , « en la chapelle du lycée de Châteauroux », Jean Giraudoux fait sa première communion« avec ferveur » nous dit Albert Laprade qui raconte l’anecdote decette image de communion confectionnée par le jeune garçon parce qu’il n’a pu en faire imprimer ; image offerte à ses condisciples et amis, les frères Bailly, Laprade… en 1900, l’abbé Jouve verra partir Giraudoux vers un« nouveau monde tout neuf ». Il restera encore au lycée jusqu’en 1910.

L’arrivée de nouveaux professeurs aux idées avancées, l’instauration des lois laïques sur la séparation de l’Eglise et de l’Etat assombrissent quelque peu l’abbé Jouve. Les rapports avec Duchâteau lui-même se sont détériorés. La « Trinité sainte » a vécu. L’abbé à soixante et uns ans lorsqu’il se résigne à quitter son cher lycée où pendant trente ansil a exercé son autorité spirituelle et intellectuelle. A Bourges où il se rend, il va devenir chanoine, une « fin de carrière » dirait-on aujourd’hui. Il prend sa retraite dans son pays natal, à Bigny-Vallenay, où il décède le 22 avril 1919. Jacques des Gachons, prédécesseur de Jean Giraudoux au lycée de Châteauroux et trésorier de la Société des Gens de Lettres, rendra un ultime hommage à l’abbé Jouve dans un numéro d’août-septembre (8 et 9) de 1919 de la Chronique de la Société des Gens de Lettres. Au début de ce propos, je trouvais un peu laconique cette évocation de la mort de l’abbé Jouve, peut-être est-elle tout simplement incomplète, tronquée de trois mots à peine murmurés : « mon enfance adieu »

J.L VERGEADE

M.LAMOUREUX(très ancienne famille de Vallenay) qui a bien connu l’abbé Jouve, nous disait : « que le Chanoine Jouve avait fait de notre vieille cure une demeure agréable. On se plaisait à visiter ses faisans dans la cour, ses collections de pierres, de fossiles, d’oiseaux naturalisés. J’aimais sa conversation instructive.

Comme s’il sentait sa fin prochaine, en juin 1919, il m’avait préparé une petite collection de minéraux et fossiles et remis des exemplaires de ses œuvres littéraires qui lui avaient valu d’être admis à la Société des Gens de Lettres »

Source : Vallenay d’hier de Maurice Larguinat

Popaul

POPAUL

En réalité, il s’appelait Paul Richard mais tout le monde l’appelait Popaul . Il vivait avec sa vieille mère que l’on surnommait la mère Lunettes (en raison , paraît-il d’une intervention chirurgicale qu’elle avait subi aux yeux et dont elle disait qu’on lui « avait sorti les yeux de la tête » et ceci à une époque où aucune opération n’était bénigne).

Popaul, lui , avait été mobilisé pendant la guerre 1914/1918 et avait été gravement blessé ; il avait subi une trépanation . Il était devenu déficient mental…. et nous faisait peur à nous les gamins sur le chemin de l’école même s’ il n’a jamais été agressif à notre égard.

Il avait un visage grimaçant et un rire « satanique » .Parfois il disait qu’il entendait le canon tonner dans sa pauvre tête . Vêtu d’oripeaux ,chaussé de vieux godillots, une vieille casquette crasseuse sur le crâne, arborant des quantités de médailles et décorations hétéroclites, il marchait, marchait sans arrêt faisant des aller-retours incessants entre Vallenay et Bigny.

Il était couvert de puces, sur lui et chez lui, à tel point que , lors de la pose de bordures de trottoirs à Vallenay, lorsque les maçons arrivèrent devant chez lui, les puces sautaient sur eux et qu’ils durent se déshabiller et jeter leurs vêtements.

Vers 1950, les cuisinières à gaz n’existaient pas encore sur notre commune ; nous possédions des réchauds, à gaz certes, mais sans four et il fallait une table sur laquelle les poser ; c’est à cette époque que Lucien Monmasson (devenu chauffagiste mais décédé maintenant) se mit en devoir de confectionner des placards en tôle permettant d’insérer la bouteille de gaz . Popaul fut émerveillé et en commanda trois ; il n’avait pas de réchaud mais il monta ces placards les uns sur les autres pour ranger différentes affaires.

Grand marcheur , comme dit plus haut, il lui arrivait même, paraît-il, de faire Vallenay – St Florent sur Cher où il avait de la famille à pied(17 km environ).

Son plus grand plaisir était , lorsque s’annonçait  «  l’assemblée » (fête annuelle)à Vallenay et à Bigny , d’aller aider à « monter le parquet »(le parquet étant une sorte de chapiteau rectangulaire en bois, coiffé d’une toile et sous lequel se déroulait les bals). Alors, là, il était heureux !!! car il aimait la musique, il lui arrivait même de jouer du clairon.

Popaul aimait aider : aider le maçon à faire du ciment, l’épicière à rentrer ses pots de lait et ses légumes que les fournisseurs avaient laissés sur le trottoir devant son magasin.

Sa mère décédée, Popaul ne changea rien dans ses habitudes ; mais il vieillissait et il était difficile de le laisser seul dans cette crasse avec laquelle il avait toujours vécu . Il fut hospitalisé à ST AMAND de longues années , avec des gens comme lui ;il y rendit l’âme il y a environ trente ans.

 

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