Mes grands-parents avaient acheté et vécu dans les années 1940
LâAFFAIRE DE JARRIOLLES
EXTRAITS DES MEMOIRES PUBLIES PAR LA SOCIETE HISTORIQUE DU CHER DE 1880
(Câest un texte de F.Dumonteil)
Dans la nuit du 8 au 9 brumaire an V (1) sept personnes furent Ă©gorgĂ©es par une bande de malfaiteurs, dans une auberge, situĂ©e Ă Jarriolles, commune dâUzay le Venon, canton de La Celle BruĂšre (2), dĂ©partement du Cher.
Ce crime produisit dans notre pays une Ă©motion considĂ©rable, qui eut pour consĂ©quence des mesures de police exceptionnellement rigoureuses. Aussi , lâaffaire de Jarriolles peut ĂȘtre considĂ©rĂ©e comme un des Ă©pisodes de notre histoire locale.
- nuit du 29 au 30 octobre 1796
- (2) Le canton de La Celle-BruĂšre a Ă©tĂ© supprimĂ©Â . Actuellement la commune dâUzay le Venon fait partie du canton de ChĂąteauneuf-sur-Cher
RECIT DU CRIME DE JARRIOLLES
A trois lieues et demie environ de Saint-Amand, le long de la route de Bourges, au milieu dâune plaine dite Plaine de Jarriolles, existait en lâan V, un auberge dont les bĂątiments sont actuellement affectĂ©s Ă une exploitation rurale. Lâancienne maison dâhabitation, oĂč eut lieu la scĂšne de meurtre qui va ĂȘtre retracĂ©e, a Ă©tĂ© transformĂ©e en Ă©table. Des vieillards dâUzay prĂ©tendent que le sĂ©jour de cette maison Ă©tait devenu impossible, par suite des lamentations lugubres quâon y entendait la nuit
DerriĂšre lâauberge se trouvait un bois. En face, de lâautre cĂŽtĂ© de la route, une masure Ă©tait occupĂ©e par un nommĂ© Auvitu ou Lovitu. Les habitations les plus rapprochĂ©es Ă©taient ensuite celles du hameau du Petit-Jarriolles situĂ© Ă une distance dâenviron 150 mĂšres.
En lâan V, lâauberge de Jarriolles Ă©tait un lieu de halte pour les colporteurs qui faisaient le trajet de Saint-Amand Ă Bourges et que le mauvais Ă©tat des chemins, autant que les nĂ©cessitĂ©s de leur nĂ©goce, obligeaient Ă voyager Ă petites journĂ©es. Elle Ă©tait particuliĂšrement frĂ©quentĂ©e au commencement de brumaire, câest-Ă -dire dans la derniĂšre quinzaine dâoctobre, Ă cause des foires dâOrval trĂšs importantes Ă cette Ă©poque, et qui, encore aujourdâhui, attirent Ă Saint-Amand un certain concours dâĂ©trangers et de marchands forains.
Le citoyen François Candelet exploitait lâauberge de Jarriolles. Il en Ă©tait propriĂ©taire et passait pour riche. On disait mĂȘme quâil avait chez lui de lâargent cachĂ©.
Lâaubergiste Ă©tait aidĂ© dans son travail par deux servantes, les filles Marie-Anne Brunet et Françoise Laforme, et par un jeune domestique de dix-sept ans, Gilbert Blondin.
Le pÚre Candelet avait plusieurs enfants : un fils militaire, un autre fils, Jean Candelet, dont la femme, Jeanne Joanin, était enceinte de sept à huit mois en brumaire an, V ; enfin , une fille mariée à Simon Brunet, de la commune de Lunery.
Le 8 brumaire an V, on Ă©tait Ă lâissue des foire dâOrval. Dans la nuit du 8 au 9 , lâauberge avait pour habitants : lâaubergiste, ses domestique, Jean Candelet fils, Jeanne Joanin, Simon Brunet et enfin un marchand mercier de Bourges, nommĂ© Dupoix, qui revenait sz Saint-Amand. Sept dâentre eux reposaient dans la maison, tandis que Blondin, le petit domestique, Ă©tait couchĂ© dans un grenier Ă foin.
DâaprĂšs les souvenirs de certaines familles, plusieurs personnes, et notamment une dame Desbans, orfĂšvre Ă Bourges, avaient Ă©tĂ© dans lâintention de partir le 8 de Saint-Amand et de coucher Ă Jarriolles mais des circonstances fortuites les avaient obligĂ©es Ă prolonger leur sĂ©jour dans la ville . Ce fut un grand bonheur pour elles ; car le 9 brumaire , au point du jour, on constata que lâauberge de Jarriolles avait Ă©tĂ© le thĂ©Ăątre dâun vĂ©ritable carnage.
Un voisin, le sieur Ausourd, entendant des cris de terreur poussĂ©s par le jeune domestique, entra dans lâauberge et vit que tous ceux qui avaient passĂ© la nuit, sauf Blondin, avaient Ă©tĂ© Ă©gorgĂ©s. Il sâempressa de prĂ©venir les reprĂ©sentants de lâautoritĂ©.
Lâagent municipal dâUzay, averti le premier, rĂ©unit la garde nationale de la commune et fit cerner lâauberge par quarante hommes afin que, jusquâĂ lâarrivĂ©e des gens de justice, les choses fussent laissĂ©es dans lâĂ©tat ou les avaient mises les assassins.
De son cĂŽtĂ©, le citoyen Vincent, commissaire du Directoire exĂ©cutif prĂšs lâadministration municipale du canton de La Celle-BruĂšre, instruit du crime vers huit heures du matin, envoya chercher le juge de paix du canton et Ă©crivit Ă la gendarmerie de Saint-Amand.
A neuf heures du matin, le juge de paix Barbarin arrivait Ă Jarriolles assistĂ© de deux de ses assesseurs, de son greffier et du citoyen Simon François, officier de santĂ© Ă BruĂšre, et il procĂ©dait aux constatatins judiciaires en prĂ©sence du citoyen Vincent et de lâagent municipal dâUzay.
Lâofficier commandant la gendarmerie de Saint-Amand arriva plus tard avec une escouade de gendarmes.
Voici , au sujet du crime de Jarriolles, les renseignements qui rĂ©sultent, soit du procĂšs-verbal du juge de paix, soit du procĂšs-verbal de la gendarmerie et enfin dâune lettre adressĂ©e le 9 brumaire au commissaire du pouvoir exĂ©cutif prĂšs lâadministration centrale du Cher par le commissaire du Directoire prĂšs lâadministration cantonale de La Celle-BruĂšre.
Les assassins avaient pris des prĂ©cautions minutieuses pour prĂ©venir toute tentative dâĂ©vasion de la part des gens de lâauberge. Des piĂšces de bois empĂȘchaient dâouvrir les contrevents de la maison, la porte de lâĂ©table et celle dâune grange.
La porte de lâauberge avait Ă©tĂ© dĂ©foncĂ©e par une poutre et devant elle on avait placĂ© deux lampes, sans doute pour distinguer les personnes qui auraient pu chercher Ă sâĂ©chapper.
Voyons maintenant ce qui fut constatĂ© dans lâintĂ©rieur de la maison.
Dans la premiĂšre chambre de lâauberge gisaient trois cadavres : François Candelet pĂšre sur un lit, pieds et poings liĂ©s, la gorge coupĂ©e du cĂŽtĂ© droit ; sur un autre lit, Marie Brunet et Françoise Laforme, chacune dâelle avait la gorge coupĂ©e, la premiĂšre ayant les mains garrottĂ©es. Quant aux meubles, tous avaient Ă©tĂ© fracturĂ©s et les effets quâils avaient servis Ă renfermer Ă©taient Ă©pars.
Dans une chambre Ă cĂŽtĂ©, dont la porte avait Ă©tĂ© forcĂ©e, on trouva aussi trois cadavres : sur un lit, Jeanne Joanin ; prĂšs dâun autre lit, Simon Brunet ; enfin, sous un tas de linge, le corps de Dupoix. Tous avaient Ă©tĂ© Ă©gorgĂ©s, tous avaient les mains attachĂ©es ; Dupoix, qui sans doute Ă©tait le plus robuste, avait de plus les pieds garrottĂ©s. Comme dans la premiĂšre chambre, tout le mobilier Ă©tait bouleversĂ©. Une boĂźte et deux paniers dâosier, qui avaient servi Ă contenir les marchandises de Dupoix, avaient Ă©tĂ© fouillĂ©s et renversĂ©s. Ce pendant, une mauvaise bourse que Dupoix portait sur lui et qui renfermait de la menue monnaie avait Ă©chappĂ© Ă la rapacitĂ© des malfaiteurs.
Jean Candelet fils avait sans doute cherchĂ© Ă se sauver et Ă faire rĂ©sistance. Son corps gisait en dehors de la maison, Ă cĂŽtĂ© dâune Ă©curie. Il avait la gorge coupĂ©e et portait Ă la tĂȘte trois blessures provenant de coups de sabres ou autres instruments tranchants. Comme les autres victime, Candelet fils avait les pieds et poings liĂ©s. On avait de plus usĂ© Ă son Ă©gard de pratiques particuliĂšrement cruelles car sa chemise Ă©tait brĂ»lĂ©e aux Ă©paules et Ă la ceinture.
Seul le jeune Blondin Ă©tait parvenu Ă se soustraire aux investigations des assassins.
En Ă©tendant leurs recherches au dehors, les gendarmes constatĂšrent, dans un bois attenant au jardin, les traces de plusieurs chevaux, etcâŠ.. etcâŠ.
INSTRUCTION CONTRE LA FILLE PICOT ET AUVITU
En lâan XI, trois personnes furent impliquĂ©es dans les poursuites dirigĂ©es contre les cinq forçats. Ce furent : un boucher de Bourges, Une fille Picot et un nommĂ© Auvitu.
La fille Silvine Picot, dite Mabulat, dite Rossignol, appartenait Ă la catĂ©gorie des repris de justice. Jean Auvitu Ă©tait ce voisin de lâauberge de Jarriolles, entendu comme tĂ©moin, en lâan V, par le juge de paix de La Celle-BruĂšre.
Les trois inculpés furent incarcérés.
Les enquĂȘtes et interrogatoires les concernant nâont pu ĂȘtre retrouvĂ©s ; mais je crois pouvoir induire de certaines piĂšces, quâon relevait Ă la charge du boucher de Bourges cette circonstance quâil aurait Ă©tĂ© vu nanti de selles ayant appartenues Ă Candelet. En ce qui le concerne, de mĂȘme quâĂ lâĂ©gard de la fille Picot et dâAuvitu, le directeur du Jury de Saint-Amand constate, dans son ordonnance dĂ©finitive du 13 prairial an XII, quâil nâexiste aucune preuve de participation aux assassinats de Jarriolles. A la vĂ©ritĂ©, ce magisrat apprĂ©cie que, vis Ă vis de la fille Picot et dâAuvitu, les prĂ©somptions de culpabilitĂ© sont « dâune nature telle quâil est difficile de ne pas les croire complices du plus affreux de tous les crimes » ; mais au point de vue judiciaire, ces prĂ©somptions ne lui paraissent pas assez caractĂ©risĂ©es pour motiver une dĂ©tention indĂ©finie. Je crois, du reste, que les accusĂ©s eussent pu invoquer le bĂ©nĂ©fice de la prescription de 6 ans, Ă©dictĂ©e par lâarticle 10 du Code de brumaire an IV.
Mais lâautoritĂ© administrative considĂ©rait la culpabilitĂ© de la fille Picot et dâAuvitu comme suffisamment dĂ©montrĂ©e. Comme elle Ă©tait alors omniprĂ©sente, elle crut devoir se saisir de lâaffaire et lui donner, sous prĂ©texte dâintĂ©rĂȘt gĂ©nĂ©ral, une solution autre que celle qui eĂ»t dĂ» rĂ©sulter de lâapplication stricte des rĂšgles lĂ©gales.
Le PrĂ©fet du Cher se fit communiquer la procĂ©dure, et aprĂšs en avoir rĂ©fĂ©rĂ© au grans juge, il prit, Ă la date du 2 florĂ©al an XII, un arrĂȘtĂ© par lequel il statue sur le sort de la fille Picot et dâAuvitu.
De cet arrĂȘtĂ©, qui sâapplique Ă dâautres affaires et rĂ©vise des dĂ©cisions souveraines de jurys, jâextrais ce qui concerne le crime de Jarriolles :
« âŠâŠ La procĂ©dure instruite Ă Saint-Amand contre les auteurs de lâassassinat qui eut lieu en brumaire an « V Ă Jarriolles, de laquelle il rĂ©sulte que le nommĂ© Jean Avitu et la nommĂ©e Silvine Picot ont participĂ© à « ce crime, et que, cependant, il Ă©chapperont Ă la juste sĂ©vĂ©ritĂ© des loir pour cause de prescription ;
« ConsidĂ©rant que lâintĂ©rĂȘt de la sociĂ©tĂ© exige quâil soit pris des mesures de rĂ©pression contre les « individus qui, par leurs attentats, en sont le flĂ©au ;
« Que si, par la funeste astuce dont sâenveloppent certains scĂ©lĂ©rats, il est quelquefois impossible aux « magistrats dĂ©positaires et organes des lois de les frapper, il nâen devient que plus indispensable de « prĂ©venir les nouveaux excĂšs auxquels ils se livreraient ;
« Vu la lettre de son Excellence le grand juge et ministre de la justice du 13 vendémiaire dernier ;
« Celle du citoyen commissaire du Gouvernement prĂšs le tribunal criminel, qui, consultĂ© spĂ©cialement sur les individus sus-dĂ©nommĂ©s, pense quâil est nĂ©cessaire que leur dĂ©tention soit prolongĂ©e ;
ARRETEÂ :
« Article premier. Les nommĂ©sâŠ., Jean Auvitu et la nommĂ©e Silvine Picot continueront Ă ĂȘtre dĂ©tenus « jusquâĂ ce que son Excellence le grand juge en ait autrement ordonnĂ©. Les trois derniers individus « seront transfĂ©rĂ©s au dĂ©pĂŽt de mendicitĂ© de la ville de Bourges
« Art. 2 . Me prĂ©sent arrĂȘtĂ©, les piĂšces qui lui servent de base, notamment la lettre du citoyen commissaire « du Gouvernement prĂšs le tribunal criminel, du 25 ventĂŽse dernier, seront adressĂ©sĂ son excellence le « grand juge et ministre de la justice. »
A la suite de cet arrĂȘtĂ©, et pour clore lâinstruction judiciaire, le magistrat directeur du Jury de Saint-Amand, par dĂ©cision du 13 prairial an XII, prescrivit la mise en libertĂ© immĂ©diate du boucher de Bourges, de la Fille Picot et dâAuvitu, mais en ordonnant, conformĂ©ment Ă lâarticle 1er de lâarrĂȘtĂ© du prĂ©fet, que ces deux derniers seraient sur le champs remis Ă la gendarmerie, pour ĂȘtre transfĂ©rĂ©s au dĂ©pĂŽt de mendicitĂ© de Bourges et y ĂȘtre dĂ©tenus, « jusquâĂ ce que son Excellence le grand juge, ministre de la justice, en eut dĂ©cidĂ© autrement. »
Dans un autre chapitre, lâauteur donne dâautres prĂ©cisions :
Enfin, dans lâaccomplissement de leur crime, ils ont procĂ©dĂ© comme gens habituĂ©s Ă de pareilles entreprises, câest-Ă -dire Ă la fois avec audace et prudence, je dirais presque dâune façon mĂ©thodique, et nous trouvons chez eux toutes les pratiques des Chauffeurs. La porte de lâauberge de Jarriolles a Ă©tĂ© enfoncĂ©e avec une piĂšce de bois ; mais auparavant toutes les issues avaient Ă©tĂ© soigneusement barricadĂ©es Sauf la fille Laforme, toutes les victimes ont Ă©tĂ© trouvĂ©es garrottĂ©es. Toutes ont Ă©tĂ© Ă©gorgĂ©es du mĂȘme cĂŽtĂ©. Le corps du fils Candelet portait des traces de tortures par le feu. La cadavre de Dupoix a Ă©tĂ© trouvĂ© sous un amas de linge.
Il me semble rĂ©sulter de tous ces rapprochements que les Chauffeurs ne sont pas Ă©trangers Ă lâassassinat des gens de lâauberge Candelet. Ils peuvent avoir eu dans ce pays des complices qui leur auraient servi de guides ou de receleurs, mais ceux des assassins qui sont venus Ă cheval, câest-Ă -dire vraisemblablement dâun endroit Ă©loignĂ©, devaient appartenir Ă la bande dâOrgĂšres.
Les inductions qui prĂ©cĂšdent me paraissent trouver leur confirmation dans la lettre Ă©crite, le 13 prairial an V , par le juge de paix du second arrondissement de Blois au directeur du Jury de Saint-Amand, lettre qui relate les aveux dâun nommĂ© Robilloud.
DâaprĂšs ce dernier, un quarantaine dâindividus « partie Ă pied, partie Ă cheval » se livrait au brigandage, prĂ©cisĂ©ment dans certaines contrĂ©es que parcourait la bande dâOrgĂšres. Evidemment, ces brigands Ă©taient des Chauffeurs. Robilloud reconnaissait de plus sâĂȘtre concertĂ© avec dâautres affiliĂ©s pour une expĂ©dition contre lâauberge de Jarriolles. A la vĂ©ritĂ©, le complot nâavait pas eu de suite. Il nâen rĂ©sulte pas moins, de lâaveu de Robilloud, que le pillage de lâauberge Ă©tait une des entreprises prĂ©mĂ©ditĂ©es par les Chauffeurs, ce qui rend fort probable que le projet ait Ă©tĂ© repris et exĂ©cutĂ© par eux dans des circonstances plus favorables. Le juge de paix de Blois rappelait enfin un crime commis quelques mois auparavant dans le dĂ©partement de lâIndre. LâAuberge de la Jalousie, situĂ©e commune de Brion, avait Ă©tĂ© attaquĂ©e la nuit par une troupe de malfaiteurs quây avaient tuĂ© et volĂ© des marchands revenant dâune foire Ă Vatan. Lâanalogie avec le crime de Jarriolles est frappante. Le juge de paix de Blois en induisait judicieusement que les brigands de la Jalousie et les assassins de Jarriolles devaient tout au moins appartenir Ă la mĂȘme bande.Nous pouvons ajouter, je crois, que cette bande, dont les incursions sâĂ©tendaient ainsi Ă plusieurs dĂ©partement, ne pouvait ĂȘtre que la horde des chauffeurs.
Quoi quâil en soit, les renseignement contenus dans la lettre du 13 prairial an V ne paraissent pas avoir Ă©tĂ© utilisĂ©s, soit lors des premiĂšres instructions relatives Ă lâaffaire de Jarriolles, soit en lâan VIII, lors du procĂšs des Chauffeurs. Sans doute, en lâan V , alors que lâorganisation et les expĂ©ditions lointaines de la bande dâOrgĂšres Ă©taient insuffisamment connues, on nâa pas accordĂ© crĂ©ance aux dĂ©nonciations de Robilloud. Dâautre part, il nâest pas Ă©tonnant quâau cours du procĂšs instruit et jugĂ© Ă Chartres, en lâan VIII, on nâest pas songĂ© Ă rattacher Ă la longue sĂ©rie de crimes dont les Chauffeurs sâĂ©taient rendus coupables dans les contrĂ©es oĂč ils avaient leur quartier gĂ©nĂ©ral, les assassinats commis trois ans auparavant dans un dĂ©partement Ă©loignĂ©.
Sâil est probable que les brigands de Jarriolles ont fait partie de la bande dâOrgĂšres, il nâest pas sans intĂ©rĂȘt dâindiquer, comme conclusion du prĂ©sent travail, que les Chauffeurs finir par tomber au pouvoir de la justice, et que, par jugement rendu par le tribunal criminel dâEure-et-Loir, le 9 thermidor an VIII, trente- cinq dâentre eux furent condamnĂ©s au fer et vingt-trois Ă la peine capitale. Ces derniers furent exĂ©cutĂ©s le 12 vendĂ©miaire an IX. Il est donc permis de supposer que le crime de Jarriolles nâest pas restĂ© impuni.