Les GALLICHER

Les GALLICHER ……

Le financier Claude CAROILLON DESTILLIERES, déjà présent dans la région Centre depuis 1776, notamment aux forges de Clavières, profite de la vente des biens nationaux pour acquérir la forge de Charbonnière à Sauvigny- les- Bois dans la Nièvre. Une fois remis en état, l’établissement est affermé à ROBERT, directeur de l’usine de canons de Nevers, qui utilise la fonte pour ses propres productions.

 

CAROILLON confie la gestion de ses usines métallurgiques à Jean AUBERTOT, son homme de confiance, parfois associé, qui fera par la suite une grande carrière de maître de forges (Vierzon).

 

AUBERTOT ne peut être présent sur tous les sites d’où la nécessité d’avoir des collaborateurs qualifiés sur place. Les a-t-ils recrutés ou étaient-ils déjà sur place ? Jean Baptiste FAISEAU-LAVANNE et Louis Nicolas GALLICHER sont à cette époque les responsables de Charbonnières. Le premier se charge de la gestion des bois et l’autre du fonctionnement du haut fourneau.

Le destin de ces deux hommes qui travaillent ensemble va se sceller à travers leurs familles.

 

Dans les toutes dernières années du XVIIIème siècle, Louis Nicolas GALLICHER, né en 1768, est à Charbonnières avec son frère André Urbain et son père Jean-François. Ils sont tous originaires de Loches et on ignore pourquoi et comment cette famille s’est déplacée en Nivernais. Louis Nicolas épouse à une date indéterminée Magdelaine LELARGE, peut être originaire d’Avord.

Le 18 Avril 1808, le couple acquiert la grande propriété de « Rogemont » située à Lissay, à environ 12 km au sud de Bourges, pour la somme de 6 000 F. L’acte précise que Louis  Nicolas est régisseur des usines de Charbonnières.

Pourquoi cet achat d’un domaine aussi éloigné de la Nièvre ? La réponse se trouve dans un acte du 2 avril 1808, qui fait de CAROILLON, le propriétaire des forges de Bigny (via son prête-nom AUBERTOT), cette acquisition venant compléter les terres de Châteauneuf qu’il a achetées en 1796.

 

Ipso facto, Louis Nicolas va prendre la direction des dites forges, plus importantes que Charbonnières. Il réside donc tantôt à Bigny, tantôt à Lissay où va naître le 6 Septembre 1814 son fils unique Louis Jean François. Un unique héritier sans aucun doute très désiré puisque ses parents ont respectivement 46 et 42 ans à sa naissance. Une joie de coute durée pour le grand père Jean François GALLICHER, âgé de 82 ans qui mourra quatre mois plus tard.

 

Mouvement identique pour J.B. FAISEAU LAVANNE né en 1780 et marié en 1803 avec Madelaine DELAFAYE CHAMPROMAIN, tous deux originaires de Donzy avec des ascendants à Cosne. La jeune femme a, par le jeu des héritages, recueilli une importante fortune personnelle. Jean Baptiste est qualifié de géomètre vérificateur des Eaux et Forêts. Ils auront trois enfants et les alliances de cette famille viendront renforcer les positions dans les forges des uns et des autres. Le fils aîné, Thédore deviendra un notaire parisien connu.

Se côtoyant quotidiennement, des liens se tissent, tant et si bien que le jeune Louis Jean François GALLICHER, 22 ans, épouse Marie Louise Emilie FAISEAU LAVANNE, 20 ans, le 12 Juillet 1837. Dans leur contrat de mariage, il est spécifié que Louis J.F est ingénieur civil, et parmi les témoins figurent Pierre THIVALLET, arpenteur forestier, ainsi que Guillaume ESNAULT, géomètre de première classe, respectivement beau-frère et cousin de la future.

En 1839, Louis Nicolas GALLICHER se retire à Lissay et son fils lui succède aux forges de Bigny.Le 13 Août 1843, nait Gaston puis, le 30 Juin 1844, Marie Louise qui ne vivra pas.

Le 12 Novembre de la même année, la jeune mère disparaît à 27 ans dans des circonstances curieuses : à midi, rempart, faubourg d’Auron à Bourges. Accident ou suicide ? les deux témoins sont ses cousins : Pierre ZEVORT, avoué, et Louis ACHET, notaire honoraire. Le journal rapporte le fait sans commentaire.

Le jeune Louis Jean François n’est pas épargné, il a auparavant perdu sa mère en 1842 et son père va décéder en 1847.

Il rompt son veuvage en épousant le 28 Septembre 1848 à Nevers, Caroline ROBERT née en cette ville en 1827. Trois enfants naîtront : Marie Louise en 1849, Mathilde en 1851, et Robert en 1855 qui décèdera à un an.

Parallèlement, JB FAISEAU LAVANNE continue de travailler avec lui. En 1848, ils sont qualifiés tous les deux de régisseurs de Bigny.

Il faut signaler qu’après la mort de CAROILLON en 1812, tous deux restent en place et seront d’une fidélité sans faille à son héritière, Aimée, devenue Comtesse d’OSMOND.

Le Comte d’OSMOND et sa femme se trouvent propriétaires de Bigny et Châteauneuf, ils ont même toujours Charbonnières. GALLICHER et FAISEAU LAVANNE ont leur confiance : constitution de société, procurations diverses, baux de la forge …. Après le décès de la comtesse en 1853, c’est Pierre THIVALLET, déjà nommé, gendre de JB FAISEAU LAVANNE, qui expertisera ses biens dans le Cher et la Nièvre. Quant à son fils Théodore, le notaire parisien, il est logé un temps rue Neuve Luxembourg dans un immeuble appartenant aux OSMOND…..

Louis J. F. GALLICHER fait une carrière brillante dans l’industrie du Cher (il dirigera Rosières et les forges de Bourges) et l’agriculture (amélioration de la race bovine) mais également en politique. Il devient maire de Lissay, conseiller municipal de Bourges puis député sur la liste THIERS. C’est un notable incontestablement estimé mais considéré comme « bourgeois conquérant ». Avec son beau père JB FAISEAU LAVANNE, il fait partie de nombreuses commissions départementales dont celle des chemins de fer.

Il décède, alors qu’il est en visite chez son fils à Vierzon Villages, le 24 Février 1885. Mort intestat, il ne sera pas fait d’inventaire après décès selon le vœu de ses héritiers. Un « pacte de famille » rédigé par Me MIEDAN à Bourges le 4 Août 1885, entérinera l’abandon de ses droits par Caroline ROBERT/GALLICHER au bénéfice des trois enfants qui se partageront les biens.

 

Archives départementales du Cher

Archives Nationales

 

 

 

Françoise KLEIN/Novembre 2011

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