E
Mais revenons au cœur de notre village où se trouvent le vieux château et le prieuré.
Nous pourrions, avec du temps, retrouver traces des heures tragiques que connut ce village. Combien de fois fut-il dévasté par « le fer et la flamme » ? Qu’il nous suffise d’évoquer les luttes violentes qui eurent lieu, avant l’an 1000, sur « les Chaumes » de Saint Loup , et les affrontements meurtriers qui se déroulèrent entre Vallenay et Sarru « il y eut tant de morts, dit le chroniqueur, qu’il fallut les enterrer sous les rochers de la colline voisine là où se dresse aujourd’hui le bois de sapins, et l’on baptisa le chemin tout proche « La Rouette des Morts ».
Evoquons le Connétable Du Guesclin conduisant son armée en Berry afin qu’elle renforce celle de Louis II Duc de Bourbon pour débarrasser Sainte Sévère des anglais qui l’occupaient depuis 1372. Mais que de ravages dans notre région !
« L’on ne savait duquel y avait le plus, des feuilles et des morts qui là furent pendus »
Quelques années plus tard, c’est Jeanne d’Arc qui , se rendant à St Pierre le Moutier occupé par les anglais, apercevant le clocher de St Loup dit à son compagnon Jean de Culan :
« Gentil compagnon, dedans cette église allons saluer Messire Dieu. Avant que de bouter hors de Berry nos ennemis, rendons grâce au ciel de ces blés jaunissants afin que farine il en advienne ». On a dit que c’est en souvenir de son passage que l’on a installé sa statue… au-dessus de la première marche du chœur, là où elle avait l’habitude de s’agenouiller. Très tôt siège d’une seigneurie qui dépendait d’Orval, les archives nous assurent qu’en 1202, Willelnius de Vallenai dirigeait la communauté ; en 1433, la seigneurie appartient à Jean Malestu et Philippe de Bazerne. Louise de Malestu épouse Jean Legoy avant 1452, celle-ci meurt avant 1453 laissant pour enfants Philippe et Marie ; avant 1495 et depuis, la seigneurie passe à laFamille de Bignyqui la garde jusqu’à la Révolution où elle est confisquée et vendue comme appartenant à Monsieur le Marquis de Bigny exécuté sur la place Cujas à Bourges (B.de Kersers p.317).
Il semble bien, à l’origine, que le château se composait du bâtiment seigneurial, du prieuré, de l’église et d’une partie du cimetière.
On peut encore reconnaître les fossés qui entouraient l’ensemble ; on en trouve description dans deux aveux au seigneur d’Orval, Guillaume d’Albret, le premier du 20 juin 1446 par dame Philippe de Bazerne, veuve de Jean de Malestu, et le deuxième du 1er août 1452 par Jehan le Goy, écuyer en son nom comme au nom et à cause de demoiselle Loyse de Malestu sa femme, fille de feu Jehan de Malestu , et de feu Philippe de Bazerne. Le texte est le même dans les deux cas. « Le chastel dudit lieu de Vallenay, aussi comme il se comporte avecques les foussés et les appartenances et appendances depuit le chemin par où l’on va du four dudit lieu de Vallenay à Bruère jouxte le chemin par où l’on va de l’ostel Pierre Le Chaigne à Sarru et jouxte le pré de la cure dudit lieu ung chemin entre deulx d’autre part ». Un acte du 1er mars 1580 (reconnaissance par Gilbert de Bigny) n’est guère plus explicite : « La maison tour court et jardin dudit lieu de Vallenay le tout environné de foussés et tenans ensembles situez audit lieu de Vallenay contenant deux boisselées mesure de Bruyères ou environ qui jouxtent le semetière et l’église dudit lieu de Vallenay les chemins tendant de Bigny à Lybyères et de Sarrus à Chambon ». (archives, liasse E 173 et E 237). Que reste-t-il de tout cela ? On pénètre dans le vieux logis seigneurial par une porte à accolade surmontée d’un bel écusson d’époque. Sur celui-ci vous reconnaîtrez le lion appartenant aux armesde Bigny (nous le retrouverons sur la pierre tombale de la vieille église). Un escalier à vis, aux marches usées, vous conduit aux étages. En le gravissant, vous remarquerez des meurtrières évasées avec trou circulaire et regard horizontal au milieu, système qui permettait aux archers de frapper dans toutes les directions. Ce n’est qu’à partir d’une certaine hauteur qu’apparaissent les fenêtres avec adjonction d’un siège latéral en belle pierre polie (système caractéristique du Moyen-âge) qui permettaient à la dame des lieux de suivre le cours des saisons et d’y attendre plus commodément le retour de son seigneur. Mais le but premier de cette « tour-escalier » était de desservir le corps de logis occupé par les « maîtres ». Malheureusement lors de sa restauration (1860), on ne respecta pas la division des étages. Les planchers n’ont pas été replacés à leur place d’origine ; ils sont à environ 1,20 mètre au-dessous du seuil des portes : de ce fait, la grande cheminée est suspendue à mi-hauteur et on n’a plus accès à la grande fenêtre de la façade que par une petite échelle. Dommage ! Il y a de chaque côté de cette ouverture deux banquettes de pierre du XIV ème siècle, d’une belle facture.
Ce bâtiment était très certainement relié au reste du château (l’actuelle cure) par un chemin de courtine. Celui-ci aboutissait au deuxième étage de l’escalier. On y avait accès par une large porte, aujourd’hui murée. Un petit pont-levis permettait d’isoler l’habitation seigneuriale en cas d’attaque. Il existe encoredes trous dans les pierres d’angles permettant les passages de chaînes et l’emplacement des vieux gonds.
Par ce chemin on gagnait le reste des bâtiments. Il passait devant une vaste porte s’ouvrant sur une pièce demi-circulaire, située au deuxième étage de la tour tronquée. Salle habitée jadis car elle s’éclaire par une jolie fenêtre à moulures du XV ème siècle et possède des placards dans le mur dont il reste les gonds des portes. Une vaste cheminée assurait le chauffage. Malheureusement, les poutres, les planchers ont disparu. Au-dessus une autre grande pièce permettait d’accéder au « machicoulis » que l’on aperçoit de l’extérieur et qui assurait, par la chute de pierres, la défense de l’angle de la tour. Notons qu’aucun escalier ne dessert ces pièces, seul le chemin de ronde y donnait accès. Le reste des bâtiments a été remanié au gré des divers occupants. Enfin remarquons, dans la cour, une vieille porte, en partie murée, surmontée d’un écusson (dont les inscriptions sont illisibles)entouré de deux branches de laurier ou de chêne.
Nous sommes là dans la partie la plus ancienne du prieuré. Cet écusson portait, sans doute, les armes d’un prieur. Signalons également que la première des deux poutres qui soutiennent le toit rajouté reliant la maison à la tour est un « vernis du Japon » provenant des massifs du château de Bigny. Ajoutons que nous devons la « survie » des vieux vestiges de Vallenay à Edmond Augier (que la population appelle à tort le « baron », ce titre revenant à son frère Edouard de Serruelles). Il habitait la « Gaguerolle » » (ancien rendez-vous de chasse de la famille de Bigny) qu’il avait complètement transformée. Il fit réparer et moderniser son domaine de Vallenay en 1854 comme en atteste une pierre placée dans le mur des écuries. Il rehaussa et coiffa la grande tour (elle était crénelée à l’origine.). Depuis la Révolution, et peut-être avant, ces bâtiments avaient été abandonnés aux intempéries (toits et planchers écroulés). Pour rappeler ces travaux, il fit graver et inclure dans le mur du bâtiment cette inscription : « Has aedas Atavis Chevenon de Bigny aedificatas ; Edmondus Augier, restauravit a MDCCCLX »Nous lui devons également la grande croix plantée au milieu de la place de notre village. Il décéda le 27 Mars 1876 à l’âge de 68 ans et repose dans le cimetière de Vallenay tout près de la vieille église, dans l’enclos réservé à la famille de Bigny. Près de lui se trouvent également la fille de l’infortuné Marquis de Bigny décapité, Luce de Bigny veuve du Baron Augier (père d’Edmond), Madame Aubertot et la fille de cette dernière, la Comtesse de Chalus. Deux autres tombes portent les noms de Jacques Timoléon, Comte de Chalus et Jean Adhémar, Comte de Chalus. Ce qui frappe dans cet ancien enclos que la mousse envahit, ce sont les deux épitaphes gravées dans la pierre et qui rappellent les vertus des époux Augier : Elle était Il emporte aimée, vénérée les regrets de tous de tous, sa bonté ceux qui l’ont connu. sa charité, Sa bonté, son inépuisable la faisaient charité considérer l’ont fait bénir. comme la mère des pauvres Tous lui en Conserveront la plus grande reconnaissance La Vieille EgliseD’après le dossier Ecclesia » Eglise Saint Mart in de Vallenay
La vieille église, comme la paroisse de Vallenay est placée sous le vocable de St Martin. Elle l’avait été autrefois à la nomination de l’archevêque de Bourges, mais en juin 1214, un jugement est rendu par Eudes, sous-chantre de Bourges, Raoul Trousseau, chanoine de St Ursin et Grégoire , chanoine de Paris, choisis comme arbitres par Guillaume, chanoine de Bourges et par les religieux de Plaimpied au sujet d’une querelle qui avait été portée devant le pape Innocent III.
L’archevêque de Bourges abandonnera à l’abbaye de Plaimpied l’église de Vallenay dans laquelle les religieux pourront placer deux d’entre eux sous réserve que l’un d’eux lui soit présenté (Archives cartulaires de l’archevêché de Bourges, P354).
La nef romane unique est couverte d’un plafond de bois et elle est éclairée par de petites fenêtres en plein cintre percées dans le mur sud, mais il faut noter qu’il a été aménagé au cours des ans d’autres ouvertures plus larges sans souci du respect d’un quelconque style. Cette nef communique, par une arcade cintrée, aux deux travées de chœur.
Le berceau brisé qui recouvre celui-ci, ne date que du XVI ème siècle bien que l’arc triomphal repose sur les chapiteaux décorés de masques. Le chevet, que termine un mur droit, est voûté de quatre branches d’ogives où aucune clé ne marque le point de rencontre et qui, montées sur des culots moulurés, ont pour profil une bande formée de claveaux.
On remarque sur les murs du nord de la nef, des traces de peinture à moitié cachées par un enduit de plâtre et qui doivent remontée au XIV ème siècle. On y distingue des médaillons contenant des personnages et des animaux, puis une composition plus importante, renfermée dans un compartiment trèflé et qui n’est pas dénuée de valeur ( « Les Eglises de France » – Deshoulières – p .259).
Nous espérons que cette décoration sera mise à jour et que des mesures en assureront la conservation . Cette nef est utilisée en ce moment comme garage communal n tandis que le chœur a été confié à l’association « Les Amis du Vieux Vallenay » qui se charge de sa restauration et de son animation.
A l’extérieur, signalons une corniche poitevine dont les arcs, en tronc de cône évasé, sont supportés par des modillons à masques (ornement soutenant à intervalles réguliers une corniche). Un cordon de billettes entoure le cintre de la fenêtre et de la porte ouest. Malheureusement cette porte a été transformée pour permettre l’entrée des camions , car l’église désaffectée fut loué par la municipalité à un marchand de vin qui y établit son dépôt. A remarquer que les culots, les chapiteaux et les tailloirs sont taillés dans la même pierre. Dan son livre sur « l’Eglise de Vallenay », Nicolas Huron pense que le visage sculpté dans le linteau de la fenêtre sud du chœur et regardant le prieur a été placé là pour rappeler à l’ordre les chanoines qui pouvaient oublier les contraintes de la règle. Largeur du chœur …………………………………….5,30 m Largeur de la nef………………………………………5,70 m Longueur du chœur ………………………………9,50 m Longueur totale ……………………………………29,40 m
Dans la nef, de chaque côté du chœur, étaient deux autels. Au sud, est annexée la chapelle de Bigny voûtée d’un berceau aigu et dont la fenêtre a gardé quelques parcelles de vitraux en grisaille et des sépultures seigneuriales. Cette chapelle a été construite au XVI ème siècle ; on y trouve les tombeaux et les épitaphes des seigneurs de Bigny. Près de l’endroit où devait se trouver un autel, on peut voir une plaque en marbre noir portant l’inscription suivante (à l’origine cette plaque se trouvait dans la paroi latérale gauche du chœur, elle a été changée de place lors de la désaffection de l’église).
« Epithaphe dressée à la mémoire du haut et pvissant seignevr , Messire Joseph de Bigny, chevalier de l’ordre du roy et dédié par Madame de Bigny son épouse.
Cy gist second Mars digne de cent lavriers, Grand de corps, grand d’esprit, mais plvs grand de courage Et dont le nom très grand revivra d’âge en âge Dedans les nobles coevr des plus nobles guerriers. Il a presque vécv quinze lustres entiers Sans enfants, car le ciel craignait que d’un tel sage La terre prit svr lvi vn très grand avantage. Si des vertvs du père ils estoient héritiers. Hélas que des hvmains mésérable est la vie. Pvisqve le ciel jalovx porte à la terre envie, Et la va dépovillant de ce qu’elle a de beav Vovs donc, qvi désirez le point d’honnevr apprendre, Ce grand Bigny, car avesque sa centre ……….et la vertv gisent dans ce tombeav ………… le et qvi lvy fut si chère ………….. e en sa dovlevr amère …………….. le reste de ses jovrs ………………..vs ils ont vécu ensemble …………………..la mort désassemble …………………….oevrs qui s’aimeront tovsjovrs ………………………e XX è jovr de febvrier 1616 I cc
La partie gauche, au bas de la table, est brisée , ce qui a enlevé le commencement des derniers vers ; cette épitaphe, malgré une emphase que sa date rend excusable, a le mérite de l’exactitude prosodique et de la clarté du sens, que n’ont pas toujours les poésies contemporaines. Dans la nef, un fronton porte l’épitaphe suivante : « Faict le 22 May 1693 Cy gist Sylvie Binet vivante femme de Mr Pierre Menouvrier marchand demeurant à Sarru laquelle décédant le 14 May 1693 et a fondé une messe à perpétuité a dire le jour de son deced et a donné pour icelle à la cure de Vallenay une vigne appelée la Malterre. Requiescat in Pace »
Ajoutons que cette terre existe toujours, la vigne disparue a fait place à un champ de céréales et que son nom est devenu « Les Maltrax ».
Cette pierre se trouvait dans le mur nord de la nef, transportée ici par les soins de l’association.
Sur une pierre tombale très frustre, se lisent quelques fragments :
« git haulte… ante dame…te…etc » Nous attribuons volontiers cette sépulture à Jeanne de Montliart, veuve de Joseph de Bigny. une autre pierre tombale intéressante est celle de Glaude de Bigny. Il est représenté en habit de combat, à la culotte courte et bouffante, du temps de Henri IV, tenant de la main droite une épée levéeet de la main gauche une torche renversée ; à ses pieds l’écusson aux armes de Bigny : chargé d’un lion timbré d’un heaume etsupporté par deux syrènes.
Autour est l’inscription : « Cy Gist puissant seigneur Messire de Bigny, Chevalier, vivant Lieutenant de la Compagnie de Monseigneur le Prince, seigneur de Bigny Valane, chandio et autres terres et sgries lequel fut tué au siège de Montpelier pour le service du Roy le 10 septembre 1622 Priez Dieu po luy »
Tombe appartenant à une époque où elle deviennent fort rares (voir ci-après, elle est classée monument historique).
Le ministre de l’instruction publique et les Beaux-arts indiquent : « vu l’avis de la commission des monuments historiques en date du 18 juin 1891, vu les délibérations du conseil municipal de Vallenay du 15 Octobre 1891 et du conseil de fabrique du 14 Février 92, arrête que : La tombe gravée de Claude de Bigny et l’épitaphe de Joseph de Bigny, conservées dans l’église de Vallenay , sont classées parmi les monuments historiques en date du 2 Mai 1892.
Mais qu’allait donc faire ce chevalier si loin de son village ?….
Nous sommes au printemps 1622, le jeune Louis XIII et Condé se précipitent contre les protestants comme à une partie de plaisir trop longtemps désirée. Messire de Bigny est chevalier lieutenant de la Compagnie de Monseigneur le Prince. Dès le début de la campagne, il rejoint son maître. Le jeune roi va de l’avant, paie de sa personne, surprend Soubise dans l’Ile de Ré, le rejette à la mer. Sans désemparer, il gagne la vallée de la Garonne puis le Languedoc, enlevant au passage les places fortes des réformés. Messire de Bigny chevauche à la tête de ses troupes, près du Prince de Condé. Ils vont mettre le siège devant Montpellier. Condé avait investi la ville le 1er août mais se heurte au courage des assiégés qui opèrent des sorties furieuses et meurtrières sous la conduite de Rohan qui soutient leur courage.
En ce matin du 10 septembre, le Chevalier de Bigny, plus impétueux que jamais, a conduit ses hommes près d’une des poternes de Montpellier. On a dressé les échelles. Et voilà que venue d’une meurtrière, un trait habilement lancé, perce la cotte de mailles du seigneur de Bigny qui tombe raide au milieu de ses hommes. Pour lui la guerre est finie. Il ne connaîtra pas la reddition de Rohan et la paix qui sera signée le 18 octobre 1622. Quelques temps plus tard, on ramena sa dépouille à Vallenay afin qu’il repose dans la chapelle des siens, sous la pierre qui porte ses mérites. Depuis plus de 350 ans Cette pierre n’a pas bouge Elle est retombée, Un soir d’hiver, Sur le vaillant chevalier, Est-il couché dans son armure ciselée Que le soleil du midi Rendait éblouissante… Est-il seulement endormi dans un pourpoint de fête !…De tant de gloire et de grandeur Il ne reste que quelques lettres Gravées dans la pierre Que le temps a respectées, Et qui cernent l’image du défunt Comme pour le sauvegarder de l’oubli
Son compagnon, Monsieur de l’Estang (seigneur de Rezay) sera également tué le 15 août 1622, comme le rappelle le curé Dumont dans un registre d’état-civil de Rezay. « luy estant allé à la guerre en l’armée du roy nostre sire devant la ville de Montpellier, mort le 15 août 1622, enterré par 3 ou 4 gentilhommes de ses bons amis en une petite paroisse à 5 lieues de Montpellier ». Messire Dumont note avec commisération qu’il n’était marié que depuis deux ans avec la fille du seigneur du Montet , près de Sainte Sévère, qu’il laissait une petite fille de 6 mois ….et que « Mademoiselle sa femme est démourée en enceinte de six mois. Dieu veuille avoir son âme car il estoy brave cavallier et très hommes de bien, ne fesant tort à personne … » Il ne paraît pas que, contrairement à celui de Claude Bigny, le corps de Monsieur de l’Estang ait été ramené dans la paroisse de Rezay et Messire Dumont s’indignait : « il fut enterré sans aulcuns aens de églize, d’aultant que, en païs là, sont tous huguenots ». A l’origine, le cimetière entourait l’église comme le prouve le décalage qu’il y a entre le niveau des terres extérieures de l’église et du sol de la nef et du chœur (preuve supplémentaire de la très grande ancienneté de l’édifice). Différence due à l’accumulation des corps entre la construction de la première église et l’abandon probable de la partie sud du cimetière au XIII ème siècle à la suite de l’installation du Prieuré.
Les registres paroissiaux nous indiquent que certains paroissiens étaient enterrés dans l’église (pratique très courante). C’est une ordonnance royale du 10 Mars 1776 qui limitera ce droit de sépulture dans l’église.
Côté cimetière, l’église porte un long bandeau blanc d’environ 50 cm de large ; c’est un symbole rencontré sur d’autres édifices….mais dont on ne connaît pas le sens ! Au milieu du toit, était un petit beffroi cubique surmonté d’un toit octogone , le tout revêtu d’aissis ou bardeaux autrefois universellement employés, aujourd’hui remplacé par l’ardoise. Ajoutons qu’à partir de 1791 (suite à la Révolution) on procède à la vente des biens possédés par le clergé à Vallenay. La cure est démantelée. On compte plus de 16 champs , vignes et bois adjugés aux habitants de Vallenay et des alentours. Coïncidence : le 16 Avril 1792, Philippe Manouvrier se rend acquéreur du champs des vignes dépendant de la Cure, moyennant 45 F . Ne serait-ce pas un aïeul de Pierre Manouvrier qui, en 1693, donna à la cure de Vallenay une vigne… (voir plus haut) et qui profite du moment pour la récupérer.
Par ailleurs, les biens du sieur Chevenon de Bigny subissent le même sort. Son château et la réserve de Bigny sont acquis par Gilbert Bannais , de Bessais, le 8 prairial an II (avril 1794) pour 90 100 f.
Quant à l’église, elle devint d’abord (en 1793), le Temple de la Raison « lieu de lecturepublique des lois et décrets passés par l’Assemblée Nationale »…Pendant cette époque, il y eut certainement quelques dommages. Une cloche, l’argenterie et les objets précieux sont envoyés au district pour être transformés en monnaie ou en canons. Le culte ne reprendra qu ‘en 1797. C’est le 24 mai 1936 , que le conseil municipal « considérant le mauvais état du clocher….qui provoque la chute de pièces de bois qui s’en détachent et peuvent occasionner des dégâts dans le cimetière et même être dangereuses pour les personnes ». Il pense qu’il serait urgent de le faire démolir ainsi qu’il en avait été déjà décidé. En raison du prix modique payé par M.Rétat locataire, M Thélut estime que ce serait à lui à faire effectuer cette démolition, ce que M Rétat accepte. Le conseil décide en outre de faire effectuer quelques réparations à la toiture de la nouvelle église où il pleut en divers endroits.
Ce clocher abritait 2 cloches. La première, installée aujourd’hui dans la nouvelle église, est de faible dimensions (diamètre 53 cm , hauteur 50 cm, épaisseur 5 cm). Elle porte, gravés dans l’airain, les noms de ses parrains ; les voici tels que nous les avons relevés lors de la dernière restauration :
J’ay été bénite par Mre Jean Lhevrev, XPBre Mre Henry de Bignyseigneur Marquis Dudit Valnay Bigny et C lu Mareine Haute et puissante dame Marie Françoise De Bigny comtesse d’Anay le Viel En 1688 La deuxième appelée « petite cloche » a été bénite le « 18ème jour de Septembre 1714 ». Elle a disparu à la Révolution. Mais le vieil édifice menace ruine. Pendant plus de 30 ans (et malgré les rappels du sous-préfet) on tergiverse… Rien ne se fait. Cependant, le 17 Octobre 1868 , on étudie un projet de réparations, présenté par M Marganne architecte à Vendôme. Il propose un agrandissement de l’édifice (sauf le chœur) et la construction d’un clocher placé à l’entrée, le tout couvert d’ardoises. Ce devis est de21 127,71 frs. Pour cela, la commune vote 8 000,00 frs, une souscription auprès des particuliers 6 000,00 frs. Une demande de secours est adressée au ministre du culte pour obtenir les 7 127,71 frs manquants. Mais là encore, l’affaire traîne.. le ministre des cultes ne « bouge pas ». Finalement, à la suite d’une délibération du conseil municipal, on décide par six voix contre cinq d’abandonner la vieille église et d’en construire une nouvelle. Après différents échanges (ou donations) de terrains, la nouvelle église sera construite dans la« partie haute » du bourg. Elle se fera au nom de M. Pastoureau (voir plus loin) et l’ancienne désaffectée. Article 1 Vu la délibération du conseil de fabrique du 28 Mars 1897 contenant un avis favorable , et le rapport à l’appui de M. Pascaud, architecte, relatif à l’état de l’église à désaffecter, vu le certificat de vie du donateur et les renseignements fournis sur sa situation de fortune et celle de ses héritiers présomptifs, Vu… vu…
Le conseil de préfecture autorise la donation faite à la commune par M Pastoureau Daniel Théotime, Albert, suivant l’acte (…) d’une contenance de 749 centiares. Article 2 La désaffection de l’église actuelle est approuvée ; cet édifice sera fermé et sa propriété entrera dans le domaine privé de la Commune ainsi après l’ouverture de la nouvelle église…9 Avril 1897 Mais pour cette nouvelle église, trouver des « fonds » n’était pas chose facile. A la suite de l’abbé Faure, curé de Vallenay pendant 25 ans (1857-1884), c’est l’abbé Pépin qui mena la croisade pendant 20 ans (1882-1902)
Mais il fut nommé à Cluis vers l’automne 1902 . Il ne put donc terminer son œuvre (vitraux- cloches – grille du chœur – chaire – chaises – etc…).
On sait que le bâtiment nouveau (maçonnerie – couverture) était , en gros, terminé au 1erOctobre 1893 ; sans doute l’arrangement intérieur a-t-il « traîné », peut-être faute d’argent, puisque l’église n’a été inaugurée que le 30 Juillet 1897. Nous avons la chance de posséder, à Vallenay, le « dossier » construction de l’église… avec dessins faits à la plume, sur toile et un état des sommes versées aux entrepreneurs. Le devis général et le cahier des charges, tous datés du 18 Mars 1891 , nous indiquent que cet édifice est inspiré du « style ogival 1ère période »avec une nef de 27 m de long sur 8 m de large et deux sacristies… tout cela en pierre de taille de Vallenay, la charpente étant en chêne « scié sur 2 faces »… et tous les bois enduits de carbolinium avant leur montage… Que le totalprévu s’élève à F : 36 218,15… mais qu’un devis supplémentaire du 19 Novembre 1891 ajoutait 2 631,05 F (élargissement des chapelles etc…). Il a donc fallu trouver 38 849,15 F (il s’agit de francs or). Par la suite, il faudra payer en plus les trois autels, les vitraux du chœur, des chapelles et de la façade, des statues nouvelles, le chemin de croix, l’installation de la cloche…etc… ce qui pourrait conduire, pour l’ensemble, à 60 000 F (dans la souscription ouverte par l’abbé Pépin, on note que M.Pastoureau propriétaire du domaine de Preuil a versé 15 000 F (somme énorme pour l’époque) et Melle Boileau, fille du vieil instituteur qui exerça le premier à Bigny, pendant plus de 30 ans, la somme de 400 F
Savez-vous que pour la sculpture d’une gargouille qui orne le clocher, M Morillon (le même qui a fait notre Monument aux Morts) demandait 36 F ? Tout ceci pour rappeler que notre église va bientôt avoir 100 ans. Propriété de la Commune, celle-ci veille à son entretien. Dans un premier temps , elle a restauré certaines sculptures de la façade que le gel avait attaquées… les employés communaux ont posé des conduits électriques spéciaux et refait des enduits intérieurs . M Jean Marcon et M Alain Carel ont procédéau branchement des appareils électriques modernes qui ont été payés par l’association « Les Amis du Vieux Vallenay », M le Maire a surveillé en prêtant la main à ce travail délicat…
Grâce donc à la volonté d’une petite équipe, cette église possède un éclairage capable de mettre en valeur la belle pierre de notre village ; elle est dotée d’une sonnerie de cloches automatique et bénéficie d’un chauffage moderne …
Quant à l’église abandonnée, elle alors louée à un commerçant en vin qui l’utilisera jusqu’en 1982, date à laquelle il cesse ses activités. C’est alors que se forme une association « Les Amis du Vieux Vallenay » qui, d’accord avec la municipalité , décide d’entreprendre la restauration du chœur ( la nef étant utilisée comme garage communal). L’association projette de restaurer les lieux et d’en faire un musée où seront exposés souvenirs du village et objets anciens.
En 1987, avec l’aide du Pays d’accueil Boischaut, la municipalité restaure la toiture (devis 170 000,00 F ). Enfin, chaque année, le Prieuré est le centre de nombreuses manifestations. Après la guerre de 1914-1918, la majorité du conseil municipal se prononça pour la construction d’un Monument aux Morts à Vallenay. C’est là qu’il fut érigé. On s’adressa à un sculpteur saint-amandois, M Claude Morillon (né à Chambon le 12 Juin 1862) et ce monument (en pierre de Vallenay bien entendu) coûta à l’époque , 8 000 Frs. Mais les habitants de Bigny qui avaient donné à la collecte en vue de la construction, mécontents du lieu d’implantation, reprirent leur argent et firent ériger un second monument à l’Orange.
Notons, au passage, qu’on ne retrouve pas dans le « poilu » de Vallenay, au guêtres bien tournées, aux moustaches vindicatives et au regard « innocent » , le coup de ciseau du Morillon travaillant aux autels de l’église de Vallenay (en particulier dans son Christ en majesté, d’une toute autre facture). Morillon savait être classique ou « naïf » suivant le sujet à traiter. de nos jours (2017) BIBLIOGRAPHIE Buhot de Kersers – Histoire et statistique monumentale du département du Cher Deshouillères – Les églises du Cher René Lamoureux – (originaire de Vallenay, aujourd’hui décédé* ) Maurice Sugnot Maurice Jacquin – (habitant Bigny , ancien instituteur *) Nicolas Huron – L’église St Martin de Vallenay Archives Mairie de Bigny Archives privées Emile Chenou – Berry Bourbonnais Socar
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