Bruère-Allichamps
Une personne de ma famille, Jeannine BRUNET-AUGENDRE , native de BRUERE – ALLICHAMPS , a trouvé dans une brocante près de Deauville un vieux livre dans lequel il est fait mention de l’histoire de ce village ; ce livre a pour titre : HISTOIRE DES DEUX VILLES DE ST AMAND ET DU CHATEAU DE MONTROND ; l’auteur en est MCN Victor Mallard, publié par les soins de son fils MCL Gustave Mallard avec une préface de l’Abbé S.Clément ; cet ouvrage a été imprimé par l’Imprimerie DESTENAY – BUSSIERE Frères en 1895.
La troisième partie du livre est intitulée :
HISTOIRE DE LA CHATELLENIE DE BRUERE, D’ORVAL, D’EPINEUIL ET DE MEILLANT
Pour notre part, nous nous en tiendrons à ce qui concerne BRUERE :
Chapitre XXXV
LA CHATELLENIE DE BRUERE ET L’ABBAYE DE NOIRLAC
Bruère, territorium Briorie, désignée dans de vieux titres sous de nom de Bruières ou Bruyères-sur-Cher, faisait, avec Orval, Epineuil, Meillant et Saint-Amand, partie de la seigneurie de Charenton-sur-Marmande, appartenant aux Ebbe de Déols-Charenton.
De la châtellenie de Bruère dépendait la ville et faubourg de Bruère, partie de la paroisse de Chavannes, la paroisse d’Uzay le Venon, celle de Nozières, les justices de Bigny, Vallenay, Crésançay, Farges, Rousson et Coudron (recherches sur plusieurs monuments celtiques et romains.Paris.Dentu,1806).
Bruère n’a jamais dû être une ville très importante. C’était une cité d’origine gallo-romaine entourée d’une muraille flanquée de tours dont on voit encore les restes. Se portes étaient fortifiées, et l’on remarque aujourd’hui celle qui communiquait avec le pont jeté sur le Cher.
Ce pont était à deux fins : pour la sûreté de la ville et pour le passage de la rivière. C’était une espèce de pont – levis défendu par deux tours à droite et à gauche, qui étaient à la portée du trait. Les ruines de l’une se voient encore ; il ne reste que l’emplacement de la seconde. Elle était sur une hauteur que l’on nomme les Champs Chodiaux, sur le plateau duquel on jouit d’un assez vaste horizon.
Bruère avait son amphithéâtre : on en reconnaissait les ruines par l’enceinte demi-circulaire des monticules et des décombres ; elle avait aussi un château-fort dont les murailles et les tours subsistent encore.
Cette forteresse, qui était certainement l’œuvre des temps féodaux, aura été détruite et brûlée par les anglais, sous le règne de Philippe-Auguste en 1356, soit au plus tard en 1412, date sanglante du sac du château et de la ville d’Orval, et des affreux ravages commis par ces étrangers dans le Berry. C’est à la même époque que, sous le roi Charles VII, furent brûlés par les anglais les faubourgs de la ville de Dun le Roi.
On a prétendu que cette dévastation datait seulement du temps des guerres de Montrond, parce que Bruère faisait alors partie des terres seigneuriales du Prince de Condé ; mais c’est une erreur et le contraire résulte d’un document qui constate que, lorsque le duc de Sully fit l’acquisition des terres d’Orval (par Baraillon : il existe , dit cet auteur, près de la porte fortifiée, une ancienne chapelle, jacella, d’abord dédiée aux dieux mânes par Caracalla, après le meurtre de son frère Géta, ensuite à saint Janvier, enfin à saint Mathurin ; c’est aujourd’hui la demeure d’un vigneron.) Bruère et Epineuil, il ne restait plus au château de Bruère, situé au milieu d’un petit village de quinze à vingt maisons, qu’une vieille enceinte de murailles toutes en ruines.
Après la destruction de Bruère, qui possédait un achidiaconé d’où dépendait les archiprêtés de Charenton-sur-Marmande et de Dun le Roi, la paroisse aura été transférée à la Celle qui devait être alors un faubourg de cette cité.
L’église de la Celle, dédiée à saint Blaise, est extrêmement remarquable : elle proviendrait, suivant M.Barailon, d’un couventde bénédictins anciennement détruit ; aucun document n’est produit à l’appui de cette assertion. L’opinion générale est que c’était l’église du prieuré de la Celle qui existait déjà en 1187 et qui relevait encore en 1505 de l’abbaye de Déols.
Cependant, de son côté, M. Pierquin de Gembloux affirme qu’il existait à la Celle un monastère qui fut ruiné par les normands avant 936 et qu’un Archevêque de Bourges y fonda , en 1145, un couvent des Augustins, qui fut réuni en 1611 à la Congrégation des Feuillants.
« L’église de la Celle, dit MERINEE , figure en plein une croix latine avec une abside à l’extrémité de chacune de ses trois nefs. Les collatéraux se distinguent par leur hauteur, remarquable dans un édifice byzantin et surtout par leur peu de largeur. Les voûtes et les arcades sont toutes en plein cintre, les premières percées à leur naissance d’œils-de-bœuf, au lieu de fenêtre, offrent une disposition assez rare pour être notée.
On observe une grande variété dans l’exécution des chapiteaux, ceux de la nef étant extrêmement grossiers et presque dépourvus d’ornements, tandis que ceux du chœur ont toute la richesse que comporte le style byzantin fleur.
La façade n’a qu’une porte en plein cintre, entourée de quelques moulures et surmontée d’une corniche saillante ; le tout , compris entre deux puissants contre-forts, se détache sur le nu de la muraille. Au-dessus, trois fenêtres sans ornements, puis un fronton aigu dont un cordon de billettes dessine les rampants. A droite et à gauche de la porte, quelques bas reliefs incrustés dans l’appareil m’ont paru des fragments provenant d’un édifice plus ancien et que l’on a voulu conserver. Ce sont à droite deux têtes de chevaux très mal sculptées, à gauche, un taureau posant un pied sur une boule, puis deux hommes revêtus de courtes tuniques et luttant l’un contre l’autre : sur le dos de l’un d’eux on voit un grand carquois ou plutôt une espèce de hotte. Si l’on en croit une tradition du pays, ce bas-relief conserverait le souvenir d’une querelle sanglante survenue entre deux vendangeurs et ce que porte cette figure serait une hotte à vendanger. Inutile de dire que le travail est très barbare et d’un style en apparence fort ancien. »
Il y avait une maladrerie à Bruère ; La Celle avait jadis une église protestante ; Bruère, des Templiers et des Juifs : tous ces souvenirs de tristes dissensions sont aujourd’hui effacés.
Anne Merlin, en religion sœur Vincent, de l’ordre hospitaliers de sainte Camille, est née dans le village de la Celle : cette sœur et une autre du même ordre , s’étaient rendues en Espagne, avec les médecins français, lors de la fièvre jaune en 1821, et notre compatriote Antoine Gaulmier leur a dédié un poème intitulé : Le Dévouement des Médecins français et des Sœurs de sainte Camille, qui a obtenu en 1822 une récompense de l’Académie Française.
Bruère avait autrefois un notaire attaché à sa châtellenie et deux foires fondées sur des lettres patentes. On en demanda le rétablissement au duc de Sully, qui répondit de sa propre main, en marge d’un mémoire « qu’il en ordonnerait » Mais il n’a jamais été fait droit à cette juste supplique (Voy.aux pièces justificatives la copie de ce mémoire conservé dans les archives de la famille Mallard).
Nous ne pouvons pas parler de la Celle, Cella Briorie, sans indiquer et ses riches carrières de pierre calcaire employée dans nos constructions comme pierre de taille, et l’aisance que leur exploitation a répandu, de longue date, dans la contrée. On sait que toutes les pierres de taille , employées à l’extérieur de la vaste et magnifique cathédrale de Bourges, proviennent des carrière de Saint Florent et que celles de l’intérieurde ce monument ont été extraites des carrières de la Celle-Bruère et de Meillant ; toutes les parties sculptées sont en pierre de Charly.
Il n’est plus question depuis bien longtemps, des mines d’argent qu’on aurait trouvées dans les environs de la Celle-Bruère, ainsi que l’a prétendu Lemonnier dans un mémoire présenté en 1739 à l’Académie des Sciences.
Non loin de là, au fond d’une vallée, entre la Celle et La Châtelette,se trouve la chapelle de saint Sylvain qu’il serait encore possible de ne pas laisser tomber en ruines, modeste monument du Moyen-Age ou se voit le tombeau du Saint, au pied duquel de nombreux fidèles viennent se prosterner le 23 septembre de chaque année. On aperçoit encore, sur les murs humides et salpêtrés de l’intérieur, des fresques grossières qui reproduisent quelques épisodes de la vie de Saint Sylvain. L’arrivée de Zachée à Levroux (Gabattum) y est peinte dans un grand tableau, au-dessus de la porte d’entrée de la chapelle.
Nous devons aussi indiquer une source thermale , eau légèrement tiède, dans un champ situé près de la gare de Bruère ; la fontaine Saine-Claire, qui dépose un léger limon se pétrifiant sur les objet qui y séjournent, et entre la Celle et Meillant, au village de Saint-Romble (Sanctus Romulus), une chapelle en ruines qui avait été élevée en l’honneur de ce saint .
Il existe trois terriers de la châtellenie de Bruère faits en 1517,1545 et 1578. Ce dernier qui contient trente rôles sur parchemin a été commencé le 19 août 1510 et fini en avril 1579, par Baugard, notaire à Saint-Amand ; il rapporte les cens, rentes, bourgeoisie , aunages et autres droits et devoirs dus à la seigneurie de Bruère par les habitants de Bruyère, Allichamps, La Celette, Nozières, Farges, Chavannes, Rousson, Barantiôme, Crésançay, Chambon, Saint-Symphorien, Saint-Julien, Le Venon et Uzay.
Mentionnons ici que le seigneur de Rousson ne pouvait passer sur son bateau aucun étranger au préjudice du port de Bruyères, rivière du Cher : en 1551, le seigneur d’Orval, duc de Nevers, était en possession de ce droit, ainsi que de celui de rouage sur le moulin du seigneur de Rousson.
Nous avons dit que du baillage de Bruère dépendait une partie seulement de la paroisse de la Celle ; l’autre partie de la paroisse et justice de la Celle-Bruyères-sur-Cher appartenait au Prieur dudit lieu, était tenue en fief du Roi et ressortissait au siège de Dun le Roi.
On remarque à Bruère le pont suspendu qui a été jeté sur le Cher : créé par une société d’actionnaires, il a été béni le 2 septembre 1842, par Mgr Du Pont, cardinal-archevêque de Bourges ; il eut pour parrain M. le Duc de Mortemart et pour marraine Mme Aubertot, de Bigny. Le tablier de ce pont a été enlevé en 1856, par les eaux débordées du Cher et rétabli dans l’année 1858. Soumis à la perception d’un droit de péage, ce pont a été acheté par l’administration départementale du Cher en 1884 et, depuis cette époque, la circulation en a été livrée au public dégagée de toute redevance.
ALLICHAMPS
Non loin de Bruère, où se trouvent comme nous l’avons dit, des restes de constructions d’origine gallo-romaine et un certain nombre de bâtiments qui datent du Moyen-Age, existait une autre cité, qui n’était peut-être pas au rang des villes pendant l’occupation romaine, mais qu’on ne doit pas considérer comme un faubourg de Bruère : nous voulons parler d’Allichamps, Elysii ou Allii campus, qui a, depuis longtemps et ç si juste titre, fixé l’attention des archéologues, l’ancienne Alvea de la carte de Peutinger.
C’est à l’abbéPajonnet, dernier prieur d’Allichamps, que revient l’honneur des découvertes dont Caylus a enrichi son ouvrage. Les fouilles que cet excellent prêtre a faites en 1758, dans le Champ de la bataille, et dans celui du Grand cimetière, ont mis à jour des pierres gravées, des débris de sculptures, des médailles romaines du Haut et du Bas Empire, des urnes cinéraires, des bagues, des fragments considérables de vases de terre et de verre, ainsi que de nombreux tombeaux en monolithe de la Celle . Deux de ces tombes avaient été creusées dans des pierres qui servaient aux Romains de bornes milliaires. Sur l’une d’elles sont gravés ces mots :
Felici. Aug. Trib. P. C oIII
- P. Proc. Os. Avar L XIIII
Medi XII Neri XXV.
C’est-à-dire : « Heureux, Auguste, Tribun, Consul pour la troisième fois, lieues 14 de Bourges, 12 de Chateaumeillant et 25 de Néris ».
Cette colonne a été placée par les ordres de l’administration du canton en 1796, aux frais de M le Duc de Charost, au milieu du bourg de Bruère, sur la route de Bourges à Saint-Amand. Elle indique les distances d’Allichamps à Châteaumeillant, Castrum Médiolanum, et d’ Allichamps à Néris, Neriomagus, Aquae Néris de la carte de Peutinger, par Drevant. Elle a 6 pieds de longueur sur 1 pied 9 pouces de largeur.
Sur la seconde colonne qui porte me numéro 2, on n’a pu lire que ces mots : Avr. 1 XIII, c’est-à-dire Avaricum leucas XIII.
Les romains élevaient donc sur leurs routes, de lieue en lieue, des colonnes milliaires. La lieue gauloise était de 1500 pas ; Allichamps servait de station oude point de départ de différentes voies romaines. De Caylus estime que la colonne n°1 n’est pas antérieure au règne de Commode, quoique le nom de l’empereur auquel elle a été dédiée ait disparu. Mais c’est seulement à cette époque que le titre de Felix a été donné aux empereurs.
On voit encore à Alllichamps, sur un espace assez considérable, les restes de l’ancienne chaussée de Néris à Bourges : on l’appelle aujourd’hui la Chaussée ou la Levée de Cesar, et M le Prieur Pajonnet s’est convaincu, par les fouilles qu’il a fait faire, que la construction de ce chemin est absolument romaine.
La voie romaine d’Allichamps à Châteaumeillant conduisait à Limoges ; celle d’Argenton à Néris traversaitChâteaumeillant. Non loin de cette dernière ville, près du bois de Grandmont, à peu de distance de la voie romaine, on a trouvé, en 1836, plus de deux cents médailles en bronze et en argent datant du IIIème siècle.
On pense qu’il y avait à Montalon, commune d’Ardenais, une station romaine entre Bruère et Châteaumeillant ; un grand nombre de médailles y ont été trouvées ; les vignes y recouvrent des antiquités romaines et des débris de tuiles à rebords, de poteries ornées de fleurs, des tuyaux de plomb, etc.
L’église d’Allichamps, ecclesia Aliis campis, en très grande partie détruite, présente un assemblage de gothique et de romain et contient plusieurs caveaux dont l’un serait du XII ème siècle : dans l’un deux il existait des carreaux de première origine et un ouvrage en très belle marqueterie. Barailon, auquel nous empruntons ces détails, pense que cette église aurait été construite aux dépens d’un temple élevé par Claude II.
On a signalé dans la commune d’Allichamps, sur le versant d’une colline, au bois de la Beaume, une grotte appelée la Loutonnière. C’est une excavation, en partie comblée, sous laquelle on pénètre difficilement ; elle a été visitée par de nombreux curieux qui ont, pour la plupart, laissé leurs noms inscrits sur le rocher servant de voûte naturelle à cette grotte. Il me semble bien prétentieux de supposer, comme on l’a écrit, qu’elle aurait été consacrée aux cérémonies des druides.
A propos du champs de bataille et du grand cimetière d’Allichamps, nous terminons en rappelant que lors de la confection de la route de Bruère à Châteauneuf, vers la fin du règne de Napoléon III, plusieurs petits puits étroits et muraillés en pierres sèches, ressemblant à des drainages verticaux, ont été découverts çà et là, et ont donné lieu à des conjonctures sans fin et sans solution.
Ne serait-ce pas autant de puits funéraires gallo-romains semblables à ceux qui ont été décrits par M l’abbé Baudry (Magasin Pittoresque, 1878, p.7), dans un ouvrage intitulé : Puits funéraires gallo-romains du Bernard, Vendée (la Roche-sur-Yon , 1813) ?
Maintenant, avant de parler des arrières-fiefs de la châtellenie de Bruère, restons encore sur le territorium Briorie, où se trouve assis le monastère de Noirlac dont nous avons rédigé la monographie.
Il est peut-être aussi nécessaire de faire connaître au point de vue administratif que, depuis 1884, les circonscriptions territoriales de Bruère, d’Allichamps et de la Celle ont été transformées en deux communes, dont l’une, sous le nom de commune de la Celle, comprend tout ce qui, sur la droite de la route de Saint-Amand à Bruère, se compose d’habitations, de l’église, des carrières et du rural ; et que l’autre, sous le nom de Bruère – Allichamps , englobe sur le côté gauche de cette même route, Noirlac, la ville de Bruère et le bourg d’Allichamps avec leurs dépendan
Mais revenons au coeur de notre village
E
Mais revenons au cœur de notre village où se trouvent le vieux château et le prieuré.
Nous pourrions, avec du temps, retrouver traces des heures tragiques que connut ce village. Combien de fois fut-il dévasté par « le fer et la flamme » ? Qu’il nous suffise d’évoquer les luttes violentes qui eurent lieu, avant l’an 1000, sur « les Chaumes » de Saint Loup , et les affrontements meurtriers qui se déroulèrent entre Vallenay et Sarru « il y eut tant de morts, dit le chroniqueur, qu’il fallut les enterrer sous les rochers de la colline voisine là où se dresse aujourd’hui le bois de sapins, et l’on baptisa le chemin tout proche « La Rouette des Morts ».
Evoquons le Connétable Du Guesclin conduisant son armée en Berry afin qu’elle renforce celle de Louis II Duc de Bourbon pour débarrasser Sainte Sévère des anglais qui l’occupaient depuis 1372. Mais que de ravages dans notre région !
« L’on ne savait duquel y avait le plus, des feuilles et des morts qui là furent pendus »
Quelques années plus tard, c’est Jeanne d’Arc qui , se rendant à St Pierre le Moutier occupé par les anglais, apercevant le clocher de St Loup dit à son compagnon Jean de Culan :
« Gentil compagnon, dedans cette église allons saluer Messire Dieu. Avant que de bouter hors de Berry nos ennemis, rendons grâce au ciel de ces blés jaunissants afin que farine il en advienne ». On a dit que c’est en souvenir de son passage que l’on a installé sa statue… au-dessus de la première marche du chœur, là où elle avait l’habitude de s’agenouiller. Très tôt siège d’une seigneurie qui dépendait d’Orval, les archives nous assurent qu’en 1202, Willelnius de Vallenai dirigeait la communauté ; en 1433, la seigneurie appartient à Jean Malestu et Philippe de Bazerne. Louise de Malestu épouse Jean Legoy avant 1452, celle-ci meurt avant 1453 laissant pour enfants Philippe et Marie ; avant 1495 et depuis, la seigneurie passe à laFamille de Bignyqui la garde jusqu’à la Révolution où elle est confisquée et vendue comme appartenant à Monsieur le Marquis de Bigny exécuté sur la place Cujas à Bourges (B.de Kersers p.317).
Il semble bien, à l’origine, que le château se composait du bâtiment seigneurial, du prieuré, de l’église et d’une partie du cimetière.
On peut encore reconnaître les fossés qui entouraient l’ensemble ; on en trouve description dans deux aveux au seigneur d’Orval, Guillaume d’Albret, le premier du 20 juin 1446 par dame Philippe de Bazerne, veuve de Jean de Malestu, et le deuxième du 1er août 1452 par Jehan le Goy, écuyer en son nom comme au nom et à cause de demoiselle Loyse de Malestu sa femme, fille de feu Jehan de Malestu , et de feu Philippe de Bazerne. Le texte est le même dans les deux cas. « Le chastel dudit lieu de Vallenay, aussi comme il se comporte avecques les foussés et les appartenances et appendances depuit le chemin par où l’on va du four dudit lieu de Vallenay à Bruère jouxte le chemin par où l’on va de l’ostel Pierre Le Chaigne à Sarru et jouxte le pré de la cure dudit lieu ung chemin entre deulx d’autre part ». Un acte du 1er mars 1580 (reconnaissance par Gilbert de Bigny) n’est guère plus explicite : « La maison tour court et jardin dudit lieu de Vallenay le tout environné de foussés et tenans ensembles situez audit lieu de Vallenay contenant deux boisselées mesure de Bruyères ou environ qui jouxtent le semetière et l’église dudit lieu de Vallenay les chemins tendant de Bigny à Lybyères et de Sarrus à Chambon ». (archives, liasse E 173 et E 237). Que reste-t-il de tout cela ? On pénètre dans le vieux logis seigneurial par une porte à accolade surmontée d’un bel écusson d’époque. Sur celui-ci vous reconnaîtrez le lion appartenant aux armesde Bigny (nous le retrouverons sur la pierre tombale de la vieille église). Un escalier à vis, aux marches usées, vous conduit aux étages. En le gravissant, vous remarquerez des meurtrières évasées avec trou circulaire et regard horizontal au milieu, système qui permettait aux archers de frapper dans toutes les directions. Ce n’est qu’à partir d’une certaine hauteur qu’apparaissent les fenêtres avec adjonction d’un siège latéral en belle pierre polie (système caractéristique du Moyen-âge) qui permettaient à la dame des lieux de suivre le cours des saisons et d’y attendre plus commodément le retour de son seigneur. Mais le but premier de cette « tour-escalier » était de desservir le corps de logis occupé par les « maîtres ». Malheureusement lors de sa restauration (1860), on ne respecta pas la division des étages. Les planchers n’ont pas été replacés à leur place d’origine ; ils sont à environ 1,20 mètre au-dessous du seuil des portes : de ce fait, la grande cheminée est suspendue à mi-hauteur et on n’a plus accès à la grande fenêtre de la façade que par une petite échelle. Dommage ! Il y a de chaque côté de cette ouverture deux banquettes de pierre du XIV ème siècle, d’une belle facture.
Ce bâtiment était très certainement relié au reste du château (l’actuelle cure) par un chemin de courtine. Celui-ci aboutissait au deuxième étage de l’escalier. On y avait accès par une large porte, aujourd’hui murée. Un petit pont-levis permettait d’isoler l’habitation seigneuriale en cas d’attaque. Il existe encoredes trous dans les pierres d’angles permettant les passages de chaînes et l’emplacement des vieux gonds.
Par ce chemin on gagnait le reste des bâtiments. Il passait devant une vaste porte s’ouvrant sur une pièce demi-circulaire, située au deuxième étage de la tour tronquée. Salle habitée jadis car elle s’éclaire par une jolie fenêtre à moulures du XV ème siècle et possède des placards dans le mur dont il reste les gonds des portes. Une vaste cheminée assurait le chauffage. Malheureusement, les poutres, les planchers ont disparu. Au-dessus une autre grande pièce permettait d’accéder au « machicoulis » que l’on aperçoit de l’extérieur et qui assurait, par la chute de pierres, la défense de l’angle de la tour. Notons qu’aucun escalier ne dessert ces pièces, seul le chemin de ronde y donnait accès. Le reste des bâtiments a été remanié au gré des divers occupants. Enfin remarquons, dans la cour, une vieille porte, en partie murée, surmontée d’un écusson (dont les inscriptions sont illisibles)entouré de deux branches de laurier ou de chêne.
Nous sommes là dans la partie la plus ancienne du prieuré. Cet écusson portait, sans doute, les armes d’un prieur. Signalons également que la première des deux poutres qui soutiennent le toit rajouté reliant la maison à la tour est un « vernis du Japon » provenant des massifs du château de Bigny. Ajoutons que nous devons la « survie » des vieux vestiges de Vallenay à Edmond Augier (que la population appelle à tort le « baron », ce titre revenant à son frère Edouard de Serruelles). Il habitait la « Gaguerolle » » (ancien rendez-vous de chasse de la famille de Bigny) qu’il avait complètement transformée. Il fit réparer et moderniser son domaine de Vallenay en 1854 comme en atteste une pierre placée dans le mur des écuries. Il rehaussa et coiffa la grande tour (elle était crénelée à l’origine.). Depuis la Révolution, et peut-être avant, ces bâtiments avaient été abandonnés aux intempéries (toits et planchers écroulés). Pour rappeler ces travaux, il fit graver et inclure dans le mur du bâtiment cette inscription : « Has aedas Atavis Chevenon de Bigny aedificatas ; Edmondus Augier, restauravit a MDCCCLX »Nous lui devons également la grande croix plantée au milieu de la place de notre village. Il décéda le 27 Mars 1876 à l’âge de 68 ans et repose dans le cimetière de Vallenay tout près de la vieille église, dans l’enclos réservé à la famille de Bigny. Près de lui se trouvent également la fille de l’infortuné Marquis de Bigny décapité, Luce de Bigny veuve du Baron Augier (père d’Edmond), Madame Aubertot et la fille de cette dernière, la Comtesse de Chalus. Deux autres tombes portent les noms de Jacques Timoléon, Comte de Chalus et Jean Adhémar, Comte de Chalus. Ce qui frappe dans cet ancien enclos que la mousse envahit, ce sont les deux épitaphes gravées dans la pierre et qui rappellent les vertus des époux Augier : Elle était Il emporte aimée, vénérée les regrets de tous de tous, sa bonté ceux qui l’ont connu. sa charité, Sa bonté, son inépuisable la faisaient charité considérer l’ont fait bénir. comme la mère des pauvres Tous lui en Conserveront la plus grande reconnaissance La Vieille EgliseD’après le dossier Ecclesia » Eglise Saint Mart in de Vallenay
La vieille église, comme la paroisse de Vallenay est placée sous le vocable de St Martin. Elle l’avait été autrefois à la nomination de l’archevêque de Bourges, mais en juin 1214, un jugement est rendu par Eudes, sous-chantre de Bourges, Raoul Trousseau, chanoine de St Ursin et Grégoire , chanoine de Paris, choisis comme arbitres par Guillaume, chanoine de Bourges et par les religieux de Plaimpied au sujet d’une querelle qui avait été portée devant le pape Innocent III.
L’archevêque de Bourges abandonnera à l’abbaye de Plaimpied l’église de Vallenay dans laquelle les religieux pourront placer deux d’entre eux sous réserve que l’un d’eux lui soit présenté (Archives cartulaires de l’archevêché de Bourges, P354).
La nef romane unique est couverte d’un plafond de bois et elle est éclairée par de petites fenêtres en plein cintre percées dans le mur sud, mais il faut noter qu’il a été aménagé au cours des ans d’autres ouvertures plus larges sans souci du respect d’un quelconque style. Cette nef communique, par une arcade cintrée, aux deux travées de chœur.
Le berceau brisé qui recouvre celui-ci, ne date que du XVI ème siècle bien que l’arc triomphal repose sur les chapiteaux décorés de masques. Le chevet, que termine un mur droit, est voûté de quatre branches d’ogives où aucune clé ne marque le point de rencontre et qui, montées sur des culots moulurés, ont pour profil une bande formée de claveaux.
On remarque sur les murs du nord de la nef, des traces de peinture à moitié cachées par un enduit de plâtre et qui doivent remontée au XIV ème siècle. On y distingue des médaillons contenant des personnages et des animaux, puis une composition plus importante, renfermée dans un compartiment trèflé et qui n’est pas dénuée de valeur ( « Les Eglises de France » – Deshoulières – p .259).
Nous espérons que cette décoration sera mise à jour et que des mesures en assureront la conservation . Cette nef est utilisée en ce moment comme garage communal n tandis que le chœur a été confié à l’association « Les Amis du Vieux Vallenay » qui se charge de sa restauration et de son animation.
A l’extérieur, signalons une corniche poitevine dont les arcs, en tronc de cône évasé, sont supportés par des modillons à masques (ornement soutenant à intervalles réguliers une corniche). Un cordon de billettes entoure le cintre de la fenêtre et de la porte ouest. Malheureusement cette porte a été transformée pour permettre l’entrée des camions , car l’église désaffectée fut loué par la municipalité à un marchand de vin qui y établit son dépôt. A remarquer que les culots, les chapiteaux et les tailloirs sont taillés dans la même pierre. Dan son livre sur « l’Eglise de Vallenay », Nicolas Huron pense que le visage sculpté dans le linteau de la fenêtre sud du chœur et regardant le prieur a été placé là pour rappeler à l’ordre les chanoines qui pouvaient oublier les contraintes de la règle. Largeur du chœur …………………………………….5,30 m Largeur de la nef………………………………………5,70 m Longueur du chœur ………………………………9,50 m Longueur totale ……………………………………29,40 m
Dans la nef, de chaque côté du chœur, étaient deux autels. Au sud, est annexée la chapelle de Bigny voûtée d’un berceau aigu et dont la fenêtre a gardé quelques parcelles de vitraux en grisaille et des sépultures seigneuriales. Cette chapelle a été construite au XVI ème siècle ; on y trouve les tombeaux et les épitaphes des seigneurs de Bigny. Près de l’endroit où devait se trouver un autel, on peut voir une plaque en marbre noir portant l’inscription suivante (à l’origine cette plaque se trouvait dans la paroi latérale gauche du chœur, elle a été changée de place lors de la désaffection de l’église).
« Epithaphe dressée à la mémoire du haut et pvissant seignevr , Messire Joseph de Bigny, chevalier de l’ordre du roy et dédié par Madame de Bigny son épouse.
Cy gist second Mars digne de cent lavriers, Grand de corps, grand d’esprit, mais plvs grand de courage Et dont le nom très grand revivra d’âge en âge Dedans les nobles coevr des plus nobles guerriers. Il a presque vécv quinze lustres entiers Sans enfants, car le ciel craignait que d’un tel sage La terre prit svr lvi vn très grand avantage. Si des vertvs du père ils estoient héritiers. Hélas que des hvmains mésérable est la vie. Pvisqve le ciel jalovx porte à la terre envie, Et la va dépovillant de ce qu’elle a de beav Vovs donc, qvi désirez le point d’honnevr apprendre, Ce grand Bigny, car avesque sa centre ……….et la vertv gisent dans ce tombeav ………… le et qvi lvy fut si chère ………….. e en sa dovlevr amère …………….. le reste de ses jovrs ………………..vs ils ont vécu ensemble …………………..la mort désassemble …………………….oevrs qui s’aimeront tovsjovrs ………………………e XX è jovr de febvrier 1616 I cc
La partie gauche, au bas de la table, est brisée , ce qui a enlevé le commencement des derniers vers ; cette épitaphe, malgré une emphase que sa date rend excusable, a le mérite de l’exactitude prosodique et de la clarté du sens, que n’ont pas toujours les poésies contemporaines. Dans la nef, un fronton porte l’épitaphe suivante : « Faict le 22 May 1693 Cy gist Sylvie Binet vivante femme de Mr Pierre Menouvrier marchand demeurant à Sarru laquelle décédant le 14 May 1693 et a fondé une messe à perpétuité a dire le jour de son deced et a donné pour icelle à la cure de Vallenay une vigne appelée la Malterre. Requiescat in Pace »
Ajoutons que cette terre existe toujours, la vigne disparue a fait place à un champ de céréales et que son nom est devenu « Les Maltrax ».
Cette pierre se trouvait dans le mur nord de la nef, transportée ici par les soins de l’association.
Sur une pierre tombale très frustre, se lisent quelques fragments :
« git haulte… ante dame…te…etc » Nous attribuons volontiers cette sépulture à Jeanne de Montliart, veuve de Joseph de Bigny. une autre pierre tombale intéressante est celle de Glaude de Bigny. Il est représenté en habit de combat, à la culotte courte et bouffante, du temps de Henri IV, tenant de la main droite une épée levéeet de la main gauche une torche renversée ; à ses pieds l’écusson aux armes de Bigny : chargé d’un lion timbré d’un heaume etsupporté par deux syrènes.
Autour est l’inscription : « Cy Gist puissant seigneur Messire de Bigny, Chevalier, vivant Lieutenant de la Compagnie de Monseigneur le Prince, seigneur de Bigny Valane, chandio et autres terres et sgries lequel fut tué au siège de Montpelier pour le service du Roy le 10 septembre 1622 Priez Dieu po luy »
Tombe appartenant à une époque où elle deviennent fort rares (voir ci-après, elle est classée monument historique).
Le ministre de l’instruction publique et les Beaux-arts indiquent : « vu l’avis de la commission des monuments historiques en date du 18 juin 1891, vu les délibérations du conseil municipal de Vallenay du 15 Octobre 1891 et du conseil de fabrique du 14 Février 92, arrête que : La tombe gravée de Claude de Bigny et l’épitaphe de Joseph de Bigny, conservées dans l’église de Vallenay , sont classées parmi les monuments historiques en date du 2 Mai 1892.
Mais qu’allait donc faire ce chevalier si loin de son village ?….
Nous sommes au printemps 1622, le jeune Louis XIII et Condé se précipitent contre les protestants comme à une partie de plaisir trop longtemps désirée. Messire de Bigny est chevalier lieutenant de la Compagnie de Monseigneur le Prince. Dès le début de la campagne, il rejoint son maître. Le jeune roi va de l’avant, paie de sa personne, surprend Soubise dans l’Ile de Ré, le rejette à la mer. Sans désemparer, il gagne la vallée de la Garonne puis le Languedoc, enlevant au passage les places fortes des réformés. Messire de Bigny chevauche à la tête de ses troupes, près du Prince de Condé. Ils vont mettre le siège devant Montpellier. Condé avait investi la ville le 1er août mais se heurte au courage des assiégés qui opèrent des sorties furieuses et meurtrières sous la conduite de Rohan qui soutient leur courage.
En ce matin du 10 septembre, le Chevalier de Bigny, plus impétueux que jamais, a conduit ses hommes près d’une des poternes de Montpellier. On a dressé les échelles. Et voilà que venue d’une meurtrière, un trait habilement lancé, perce la cotte de mailles du seigneur de Bigny qui tombe raide au milieu de ses hommes. Pour lui la guerre est finie. Il ne connaîtra pas la reddition de Rohan et la paix qui sera signée le 18 octobre 1622. Quelques temps plus tard, on ramena sa dépouille à Vallenay afin qu’il repose dans la chapelle des siens, sous la pierre qui porte ses mérites. Depuis plus de 350 ans Cette pierre n’a pas bouge Elle est retombée, Un soir d’hiver, Sur le vaillant chevalier, Est-il couché dans son armure ciselée Que le soleil du midi Rendait éblouissante… Est-il seulement endormi dans un pourpoint de fête !…De tant de gloire et de grandeur Il ne reste que quelques lettres Gravées dans la pierre Que le temps a respectées, Et qui cernent l’image du défunt Comme pour le sauvegarder de l’oubli
Son compagnon, Monsieur de l’Estang (seigneur de Rezay) sera également tué le 15 août 1622, comme le rappelle le curé Dumont dans un registre d’état-civil de Rezay. « luy estant allé à la guerre en l’armée du roy nostre sire devant la ville de Montpellier, mort le 15 août 1622, enterré par 3 ou 4 gentilhommes de ses bons amis en une petite paroisse à 5 lieues de Montpellier ». Messire Dumont note avec commisération qu’il n’était marié que depuis deux ans avec la fille du seigneur du Montet , près de Sainte Sévère, qu’il laissait une petite fille de 6 mois ….et que « Mademoiselle sa femme est démourée en enceinte de six mois. Dieu veuille avoir son âme car il estoy brave cavallier et très hommes de bien, ne fesant tort à personne … » Il ne paraît pas que, contrairement à celui de Claude Bigny, le corps de Monsieur de l’Estang ait été ramené dans la paroisse de Rezay et Messire Dumont s’indignait : « il fut enterré sans aulcuns aens de églize, d’aultant que, en païs là, sont tous huguenots ». A l’origine, le cimetière entourait l’église comme le prouve le décalage qu’il y a entre le niveau des terres extérieures de l’église et du sol de la nef et du chœur (preuve supplémentaire de la très grande ancienneté de l’édifice). Différence due à l’accumulation des corps entre la construction de la première église et l’abandon probable de la partie sud du cimetière au XIII ème siècle à la suite de l’installation du Prieuré.
Les registres paroissiaux nous indiquent que certains paroissiens étaient enterrés dans l’église (pratique très courante). C’est une ordonnance royale du 10 Mars 1776 qui limitera ce droit de sépulture dans l’église.
Côté cimetière, l’église porte un long bandeau blanc d’environ 50 cm de large ; c’est un symbole rencontré sur d’autres édifices….mais dont on ne connaît pas le sens ! Au milieu du toit, était un petit beffroi cubique surmonté d’un toit octogone , le tout revêtu d’aissis ou bardeaux autrefois universellement employés, aujourd’hui remplacé par l’ardoise. Ajoutons qu’à partir de 1791 (suite à la Révolution) on procède à la vente des biens possédés par le clergé à Vallenay. La cure est démantelée. On compte plus de 16 champs , vignes et bois adjugés aux habitants de Vallenay et des alentours. Coïncidence : le 16 Avril 1792, Philippe Manouvrier se rend acquéreur du champs des vignes dépendant de la Cure, moyennant 45 F . Ne serait-ce pas un aïeul de Pierre Manouvrier qui, en 1693, donna à la cure de Vallenay une vigne… (voir plus haut) et qui profite du moment pour la récupérer.
Par ailleurs, les biens du sieur Chevenon de Bigny subissent le même sort. Son château et la réserve de Bigny sont acquis par Gilbert Bannais , de Bessais, le 8 prairial an II (avril 1794) pour 90 100 f.
Quant à l’église, elle devint d’abord (en 1793), le Temple de la Raison « lieu de lecturepublique des lois et décrets passés par l’Assemblée Nationale »…Pendant cette époque, il y eut certainement quelques dommages. Une cloche, l’argenterie et les objets précieux sont envoyés au district pour être transformés en monnaie ou en canons. Le culte ne reprendra qu ‘en 1797. C’est le 24 mai 1936 , que le conseil municipal « considérant le mauvais état du clocher….qui provoque la chute de pièces de bois qui s’en détachent et peuvent occasionner des dégâts dans le cimetière et même être dangereuses pour les personnes ». Il pense qu’il serait urgent de le faire démolir ainsi qu’il en avait été déjà décidé. En raison du prix modique payé par M.Rétat locataire, M Thélut estime que ce serait à lui à faire effectuer cette démolition, ce que M Rétat accepte. Le conseil décide en outre de faire effectuer quelques réparations à la toiture de la nouvelle église où il pleut en divers endroits.
Ce clocher abritait 2 cloches. La première, installée aujourd’hui dans la nouvelle église, est de faible dimensions (diamètre 53 cm , hauteur 50 cm, épaisseur 5 cm). Elle porte, gravés dans l’airain, les noms de ses parrains ; les voici tels que nous les avons relevés lors de la dernière restauration :
J’ay été bénite par Mre Jean Lhevrev, XPBre Mre Henry de Bignyseigneur Marquis Dudit Valnay Bigny et C lu Mareine Haute et puissante dame Marie Françoise De Bigny comtesse d’Anay le Viel En 1688 La deuxième appelée « petite cloche » a été bénite le « 18ème jour de Septembre 1714 ». Elle a disparu à la Révolution. Mais le vieil édifice menace ruine. Pendant plus de 30 ans (et malgré les rappels du sous-préfet) on tergiverse… Rien ne se fait. Cependant, le 17 Octobre 1868 , on étudie un projet de réparations, présenté par M Marganne architecte à Vendôme. Il propose un agrandissement de l’édifice (sauf le chœur) et la construction d’un clocher placé à l’entrée, le tout couvert d’ardoises. Ce devis est de21 127,71 frs. Pour cela, la commune vote 8 000,00 frs, une souscription auprès des particuliers 6 000,00 frs. Une demande de secours est adressée au ministre du culte pour obtenir les 7 127,71 frs manquants. Mais là encore, l’affaire traîne.. le ministre des cultes ne « bouge pas ». Finalement, à la suite d’une délibération du conseil municipal, on décide par six voix contre cinq d’abandonner la vieille église et d’en construire une nouvelle. Après différents échanges (ou donations) de terrains, la nouvelle église sera construite dans la« partie haute » du bourg. Elle se fera au nom de M. Pastoureau (voir plus loin) et l’ancienne désaffectée. Article 1 Vu la délibération du conseil de fabrique du 28 Mars 1897 contenant un avis favorable , et le rapport à l’appui de M. Pascaud, architecte, relatif à l’état de l’église à désaffecter, vu le certificat de vie du donateur et les renseignements fournis sur sa situation de fortune et celle de ses héritiers présomptifs, Vu… vu…
Le conseil de préfecture autorise la donation faite à la commune par M Pastoureau Daniel Théotime, Albert, suivant l’acte (…) d’une contenance de 749 centiares. Article 2 La désaffection de l’église actuelle est approuvée ; cet édifice sera fermé et sa propriété entrera dans le domaine privé de la Commune ainsi après l’ouverture de la nouvelle église…9 Avril 1897 Mais pour cette nouvelle église, trouver des « fonds » n’était pas chose facile. A la suite de l’abbé Faure, curé de Vallenay pendant 25 ans (1857-1884), c’est l’abbé Pépin qui mena la croisade pendant 20 ans (1882-1902)
Mais il fut nommé à Cluis vers l’automne 1902 . Il ne put donc terminer son œuvre (vitraux- cloches – grille du chœur – chaire – chaises – etc…).
On sait que le bâtiment nouveau (maçonnerie – couverture) était , en gros, terminé au 1erOctobre 1893 ; sans doute l’arrangement intérieur a-t-il « traîné », peut-être faute d’argent, puisque l’église n’a été inaugurée que le 30 Juillet 1897. Nous avons la chance de posséder, à Vallenay, le « dossier » construction de l’église… avec dessins faits à la plume, sur toile et un état des sommes versées aux entrepreneurs. Le devis général et le cahier des charges, tous datés du 18 Mars 1891 , nous indiquent que cet édifice est inspiré du « style ogival 1ère période »avec une nef de 27 m de long sur 8 m de large et deux sacristies… tout cela en pierre de taille de Vallenay, la charpente étant en chêne « scié sur 2 faces »… et tous les bois enduits de carbolinium avant leur montage… Que le totalprévu s’élève à F : 36 218,15… mais qu’un devis supplémentaire du 19 Novembre 1891 ajoutait 2 631,05 F (élargissement des chapelles etc…). Il a donc fallu trouver 38 849,15 F (il s’agit de francs or). Par la suite, il faudra payer en plus les trois autels, les vitraux du chœur, des chapelles et de la façade, des statues nouvelles, le chemin de croix, l’installation de la cloche…etc… ce qui pourrait conduire, pour l’ensemble, à 60 000 F (dans la souscription ouverte par l’abbé Pépin, on note que M.Pastoureau propriétaire du domaine de Preuil a versé 15 000 F (somme énorme pour l’époque) et Melle Boileau, fille du vieil instituteur qui exerça le premier à Bigny, pendant plus de 30 ans, la somme de 400 F
Savez-vous que pour la sculpture d’une gargouille qui orne le clocher, M Morillon (le même qui a fait notre Monument aux Morts) demandait 36 F ? Tout ceci pour rappeler que notre église va bientôt avoir 100 ans. Propriété de la Commune, celle-ci veille à son entretien. Dans un premier temps , elle a restauré certaines sculptures de la façade que le gel avait attaquées… les employés communaux ont posé des conduits électriques spéciaux et refait des enduits intérieurs . M Jean Marcon et M Alain Carel ont procédéau branchement des appareils électriques modernes qui ont été payés par l’association « Les Amis du Vieux Vallenay », M le Maire a surveillé en prêtant la main à ce travail délicat…
Grâce donc à la volonté d’une petite équipe, cette église possède un éclairage capable de mettre en valeur la belle pierre de notre village ; elle est dotée d’une sonnerie de cloches automatique et bénéficie d’un chauffage moderne …
Quant à l’église abandonnée, elle alors louée à un commerçant en vin qui l’utilisera jusqu’en 1982, date à laquelle il cesse ses activités. C’est alors que se forme une association « Les Amis du Vieux Vallenay » qui, d’accord avec la municipalité , décide d’entreprendre la restauration du chœur ( la nef étant utilisée comme garage communal). L’association projette de restaurer les lieux et d’en faire un musée où seront exposés souvenirs du village et objets anciens.
En 1987, avec l’aide du Pays d’accueil Boischaut, la municipalité restaure la toiture (devis 170 000,00 F ). Enfin, chaque année, le Prieuré est le centre de nombreuses manifestations. Après la guerre de 1914-1918, la majorité du conseil municipal se prononça pour la construction d’un Monument aux Morts à Vallenay. C’est là qu’il fut érigé. On s’adressa à un sculpteur saint-amandois, M Claude Morillon (né à Chambon le 12 Juin 1862) et ce monument (en pierre de Vallenay bien entendu) coûta à l’époque , 8 000 Frs. Mais les habitants de Bigny qui avaient donné à la collecte en vue de la construction, mécontents du lieu d’implantation, reprirent leur argent et firent ériger un second monument à l’Orange.
Notons, au passage, qu’on ne retrouve pas dans le « poilu » de Vallenay, au guêtres bien tournées, aux moustaches vindicatives et au regard « innocent » , le coup de ciseau du Morillon travaillant aux autels de l’église de Vallenay (en particulier dans son Christ en majesté, d’une toute autre facture). Morillon savait être classique ou « naïf » suivant le sujet à traiter. de nos jours (2017) BIBLIOGRAPHIE Buhot de Kersers – Histoire et statistique monumentale du département du Cher Deshouillères – Les églises du Cher René Lamoureux – (originaire de Vallenay, aujourd’hui décédé* ) Maurice Sugnot Maurice Jacquin – (habitant Bigny , ancien instituteur *) Nicolas Huron – L’église St Martin de Vallenay Archives Mairie de Bigny Archives privées Emile Chenou – Berry Bourbonnais Socar
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La forêt de Vallenay
LA FORET DE VALLENAY
Le massif forestier du Bois de Bigny
Origines : Cette forêt appartint aux seigneurs de Bigny propriétaires de la quasi totalité des terres de la Commune de Vallenay et propriétaires de terrains sur les communes voisines.
1573 : Par acte de transaction, le droit d’usage pour les habitants de Vallenay est reconnu à soixante et onze d’entre eux dans certains cantons de la forêt.
1774 : Les cantons reconnus pour l’usage des habitants de Vallenay sont modifiés et le nombre des usagers est ramené à trente et un . Les cantons en question sont placés sous la surveillance et la conservation du Maître particulier des Eaux et Forêts de Cérilly (forêt de Tronçais).
Situation :
Sur les proches plateaux dominant la vallée du Cher, rive gauche.
Nature :
Taillis de charmes sous futaies de chênes.
Exploitation :
Avant 1940 : Propriété de la famille de Bigny. Exploitation rationnelle par coupes périodiques. Bois de travail – bois de chauffage – charbon de bois (alimentation du haut-fourneau des forges de Bigny jusqu’en 1880 environ) . Entretien des allées en raison des chasses à courre qui y sont organisées jusqu’en 1926.
Après 1945 :
La propriété passe de mains en mains. Son exploitation est poussée au maximum en ce qui concerne le bois d’œuvre ; en 1952, les plus gros des énormes chênes sont abattus et expédiés en Suède pour tranchage et déroulage. La cime n’est pas exploitée. Au fur et à mesure des changements de propriétaires, le diamètre des chênes exploités diminue. En 1970, ceux n’atteignant pas 30 cm de diamètre sont arrachés et brûlés avec le taillis.
Le déboisement :
Son ampleur : plus de 530 hectares sur 770 existants sur le territoire de la commune . 70% des forêts ont disparu.
Son incohérence :
1)1963 : 44 hectares sont plantés en sapins à l’issue d’exploitation à blanc. 1969 : ils sont arrachés.
2)Pas d’analyse préalable du sol de la forêt destinée à devenir terrain de culture céréalière.
3)On ne consulte pas en mairie l’étude hydrogéologique réalisée en 1942 lors d’un projet d’adduction d’eau potable. Cette erreur semble inexplicable au niveau administratif (dispensateur des autorisations de déboisement). Le Service des Contributions directes sait établir la différence entre Champagne et Boischaut sous la forme d’impositions différentes sur les bénéfices agricoles. Il semblerait que les Services Départementaux de l’Agriculture ignorent cette particularité. Le souci de satisfaire aux demandes des propriétaires de forêts n’excuse pas :
-l’absence d’étude préalable sérieuse.
-L’absence de contrôle par les services spécialisés.
4)On ne demande pas l’avis des élus des populations concernées, alors qu’il s’agit de la préservation ou de la destruction d’un « élément de vie ».
Conséquences atmosphériques :
Pluviosité réduite. Le vent s’établit plus vite sur les grands espaces sans obstacles, il chasse les nuages. Les réserves hydrauliques du sous-sol sont en baisse (puits, abreuvoirs, sources). Violence accrue des orages qui stagnent sur la région (grêle plus fréquente).
Après les orages ou des pluies persistantes, inondation des bas quartiers du bourg de Vallenay.
Erosion et ravinement plus intenses. Pour l’environnement, destruction du paysage verdoyant ; disparition d’une faune sylvestre où abondaient muguet et champignons. Disparition des oiseaux, du gibier (chevreuils).
Le Pont de Bigny
Le Pont de Bigny
(son histoire est liée à celle de l’usine)
Si le Cher représente une frontière avec les communes voisines, son franchissement a posé bien des problèmes à nos ancêtres. On ne connaît guère que les ponts de Châteauneuf et de Bruère. A côté de ces passages « payants », il y avait bien quelques bacs ; on sait par exemple que le seigneur de Rousson « ne pouvait passer aucun étranger sur son bateau au préjudice du pont de Bruyères »…en 1551. C’est le seigneur d’Orval, duc de Nevers, qui est en possession de ce droit.
Heureusement pour les « trafics » importants, on pouvait emprunter les « gués ». Le plus important est sans doute celui des « Chirettes ». Les pêcheurs amoureux de coins sauvages le connaissent bien car, l’été, quand le niveau des eaux baise, on y peut découvrir un tas de choses … de curieuses pierres, une dent de mammouth, un héron vigilant guettant le passage des poissons… ou quelques armes d’un autre temps, comme cette hache découverte par un habitant de Bigny.
Ce gué possède un sol solide, les eaux sont rendues régulières par la digue (sauf par très hautes eaux) accès faciles pour un passage voiturier(Chirettes ne découle-il pas de Charrettes ? )
Ce gué desservait plusieurs chemins très passagers, en particulier celui menant à St Loup par le « vieux domaine » et le Maupas et celui menant de la « Chaussée de César » (ancienne voie romaine) par Nohant…Vers Uzay le Venon…Meillant, etc…
C’est par ce passage qu’arrivaient aux forges de Bigny le minerai de fer et le charbon de bois produits à Arpheuille, Meillant et alentours.
Ces forges possédaient plusieurs centaines d’animaux pour leurs transports ; on peut donc avoir une idée de l’importance des caravanes « guéant » le Cher aux « Chirettes » ; de là , elles suivaient le chemin de la digue, passaient le canal sur un petit pont (démoli il y a une cinquantaine d’années et dont les restes ont prouvé qu’il était très ancien).
Notons qu’avant la construction du pont (1837) il existait à Bigny un passeur qui, avec son bateau, était au service des voyageurs (avec ou sans bestiaux) et leur permettait de traverser le Cher moyennant paiement.
Ce passeur habitait près du Cher, à gauche du chemin de la digue, tout de suite après le pont du canal. En amont , existait un gué peu utilisé car malaisé (bulletin communal Vallenay printemps 1887).
La construction de la route de Boussac à Levet était destinée à relier les départements de la Creuse et du Cher, mais également de relier les cantons de Chateaumeillant et du Châtelet à Bourges.
Le comte d’Osmond est vivement intéressé par le débouché qu’offrait aux produits de la forge de Bigny cette nouvelle voie. Il fît des dons importants et nombreux pour activer la construction de cette route.
31 janvier 1836 : nouvelle allusion à ce pont quand on parle de création de la route du Châtelet à Coudron pour laquelle M.d’Osmond offre une somme de 15 000 frs. La commune de Vallenay est en quelque sorte mise dans l’obligation d’accorder une subvention de 5 000 frs, payable sur 5 ans.
Le Conseil pense « que cette route acquerra beaucoup d’importance par le pont suspendu que fait construire M d’Osmond « . C’est le 24 février 1837 qu’une ordonnance royale autorise la création dudit pont… la subvention sera de 20 000 frs. Pour compléter cette somme, on aura recours à la concession du péage prévue pour 99 ans et les travaux purent commencer : sur place, on trouve la plus grande partie des matériaux.
Le pont suspendu aura + de 65 m de long, à voie unique de 2,20 m , les arcs de triomphe qui maintiennent les câbles auront 11 m et seront placés à 7 m au-dessus du Cher.
Les 4 câbles de soutènement du pont, formés d’environ 300 fils chacun, assemblés en faisceaux, furent fondus dans le haut fourneau de la forge de Bigny et tréfilés à laPetite Forge. Il en fut ainsi des autres pièces métalliques de raccordement des câbles au tablier.
La pierre de taille des portiques d’ancrage de raccordement des câbles provenait des carrières de Vallenay et le tablier de roulement fait en bois de chênes de la forêt de Bigny.
Vers novembre 1840 le pont était construit.
Il demeura en service jusqu’en 1951… mais sa charge limite avait diminué (3 tonnes à 113 ans)
Tout au long de cette entreprise, il faut noter que les libéralités de Monsieur d’Osmond se multiplièrent : il prit à sa charge la route Coudron-Bigny et versa à la commune la subvention de 20 000 frs qu’il avait touchée . Quant au péage, il avait été fixé par le roi Louis–Philippe le 2 septembre 1837… et c’est cette même ordonnance royale qui définira le tarif de péage du pont de Bruère en 1842 :
« Pour le passage d’une personne à pied : 5 centimes, cheval ou mulet . 10 centimes
cheval, bœuf et autres allant au pâturage : 2,5 cts
animaux destinés à la vente : 10 centimes
veau, porc, mouton etc… allant à la vente : 2.5 cts «
La duchesse de Maillé renonce à ce droit de péage en 1877 … alors la guérite du gardien reste vide et les grilles d’accès au pont sont ouvertes.
Malheureusement, le pont est très mal entretenu ; un incident arrivé le lundi de Pentecôte 1903 (juste le jour de l’assemblée) rappelle que celui-ci n’a pas été inspecté depuis dix ou quinze ans ; ainsi un très lourd camion appartenant à un entrepreneur de construction de Bourges, Monsieur Loreille, passe sur le pont, devant transporter à la gare de Bigny un énorme bloc de pierre de Vallenay pesant dit-on de 4 à 5000 kg, un beau bloc comme on peut en juger ! Après qu’il eut fait quelques mètres, certaines poutrelles du tablier du pont en mauvais état cédèrent sous le poids du véhicule et celui-ci pencha du côté du garde-fou. Les roues se trouvèrent engagées dans les madriers et il fut impossible, même avec de bons chevaux et un fouet, de dégager la situation.
Il faudra attendre la session d’Août du Conseil Général pour voter les fonds et commencer les travaux . D’ici ce temps-là, l’été viendra et piétons et cavaliers pourront traverser le Cher à pieds secs.
Ce pont sera remplacé en 1953 par un pont à tablier métallique.
Ce nouveau pont supportera des charges pratiquement illimitées. Sa construction exigera 170 tonnes d’acier… au total il pèsera 200 tonnes . Il sera constitué d’une seule travée de 66 mètres, sa chaussée mesurera 5,50 mètres de larges (plus les trottoirs de 0,75 mètres).
L’ouvrage sera monté entièrement dans l’usine de Châteauneuf sur Loire où il sera testé… puis il sera remonté à Bigny où il arrivera en pièces détachées.
A propos du minerai de fer
A propos du minerai de fer
De nos jours, les puits de mines se cachent sous des bosquets de ronces, l’effondrement de certaines galeries a fait naître des « trous » d’eau qui se vident et se remplissent à la moindre pluie…et ne vous hasardez pas dans tel ou tel bosquet… il y a des chances qu’il cache une surprise.
On sait que notre région a renfermé des gisements de fer d’excellente qualité, et que, naguère c’était le département français qui fournissait la plus grande quantité de minerai de fer… Faut-il rappeler que l’exploitation du fer en Berry est une activité ancienne dont l’existence est attestée dès l’antiquité par le témoignage de César et les trouvailles archéologiques, (Forêt d’Allogny, Forêt de Tronçais), et plus près de nous, le Bois du Four, situé entre la Nationale 144, vers St Amand, et la route dite de Noirlac. On y voit encore des trous profonds creusés par les Gaulois qui exploitaient le minerai à ciel ouvert sur ce coteau où ils trouvaient bois et eaux vives.
Les gisements de minerai se présentent chez nous sous la forme de poches, amas, couches irrégulières, en surface ou en faible profondeur. La teneur varie de 25 à 45%. Après 1850, l’extraction du minerai atteignait 300 000 tonnes, et vers 1840 on produisait déjà 30 000 tonnes de fer.
Il y a 120 ans , en 1862, explosait la machine à vapeur qui alimentait les deux pompes géantes chargées de puiser l’eau au fond du puits de 8 mètres. Explosion violente, soudaine et tragique puisqu’elle coûta la vie au chauffeur et détériora les pompes. Les eaux se ruèrent à l’assaut des puits de minerai en exploitation. La Compagnie Minière se refusa à faire exécuter les réparations nécessaires… et comme la production allait en diminuant… cette explosion annonçait le début de « la fin des mines ».
Peu à peu, les wagonnets qui circulaient entre le champ de « La Machine » et la ferme du Carroir s’arrêtèrent Les rails furent enlevés et les mines abandonnées !
Les paysans de la régions prirent possession des terres, comblant comme ils le pouvaient les excavations, et la Compagnie Minière leur céda des terrains… Il ne semblait pas, à ce moment-là, que les galeries souterraines présentassent quelques dangers !
L’exploitation des minières se faisant sans doute selon des techniques rudimentaires, comme l’on pratiquait à Dun-le-Roi et à Saint-Denis-de-Palin… « On se borne à l’ouverture de puits au fond desquels les ouvriers pratiquent de petites fouilles latérales sans régularité …on creuse alors de petits puits de 1 mètre de diamètre, éloignés entre eux de 10 mètres au plus ; au fond de ces puits, on ouvre, dans la couche, de petites galeries de 1,20 mètres à 1,80 mètres de large, dirigées au hasard, dans tous les sens et ayant 0,80 mètre de hauteur, selon l’épaisseur de la couche. Ces galeries sont très rapprochées les unes des autres, taillées en voûte, et les piliers qui restent pour soutenir sont de formes irrégulières et n’ont pas plus de 1,40 mètre à 1,50 mètre d’épaisseur… »
L’extraction du minerai aboutissait à la formation d’un « trou de mine » près duquel était accumulé le tas de minerai. Dans certaines régions, ce trou variant de 7 à 10 mètres, on amenait l’eau avec une pompe à vapeur, au-dessus on installait un trépied en bois sur le bord. Le minerai était alors jeté dans le trou pour être lavé, il était remué longuement, brassé avec le « rauble », on chargeait le minerai dans le patouillet suspendu au palan. Le minerai y était égoutté puis transbordé. Quel travail !
Il semble que la Compagnie Minière de Chambon, dont les bureaux étaient installés dans l’actuelle ferme du Carroir, ait utilisé pour ce nettoyage les eaux claires du Trian (ruisseau né sur les plateaux de Marçais, à 225 mètres d’altitude, pour se jeter dans l’un des bras du Cher qui enserre l’Ile de Châteauneuf).
Mais le traitement du minerai nécessite 624 000 stères de bois, soit à raison de 120 stères par hectares, 5 000 hectares déboisés par an. A cette allure, c’était le rapide ravage des forêts. D’autant qu’il fallait compter aussi avec les besoins du chauffage et du travail du textile ou du grès. Le service des Eaux et Forêts s’employa à rappeler « qu’il serait urgent de stopper l’hémorragie des forêts ».
C’est finalement les années 1860 qui ont donné le coup de grâce à la métallurgie en Berry… et partant le travail dans les mines. Les importations en provenance de Grande-Bretagne se font plus fréquentes. La découvertes des minerais lorrains et des procédés permettant de les utiliser, ruinent la plupart des entreprises locales. Mais à côté de ces considérations technico-économiques….. quel était le sort des mineurs ! Si l’actuelle population de Chambon se chiffre à 195, il est intéressant de jeter un coup d’œil sur les derniers recensements :
1851………………………………….571
1856………………………………….602
1861………………………………….571
1866………………………………….607
1872………………………………….545
1876………………………………….525
1881………………………………….571
1886………………………………….569
1891………………………………….532
1896………………………………….535
1901………………………………….515
1906………………………………….497
1911………………………………….444
1921………………………………….380
1926………………………………….350
1931………………………………….361
1936………………………………….314
1946………………………………….350
1954………………………………….283
1968………………………………….231
1975………………………………….195
Remarquez qu’elle atteint son maximum en 1866. Elle ira (comme bien d’autres communes) en décroissant jusqu’à nos jours.
On comptait une centaine de puits dont 40 étaient exploités en même temps. L’effectif se montait à 200 et 250 mineurs, les deux tiers habitant la région, les autres venant des centres miniers de la Nièvre. Les élèves de l’Ecole communale de Chambon ont réalisés, il y a quelques années, une étude remarquable sur le genre de vie de ces mineurs.
… »leur travail durait 10 à 12 heures par jour et ils gagnaient entre 25 à 30 sous. A cette époque le vin coûtait 3 à 4 sous le litre » Ce qui représente, en faisant un petit calcul afin d’actualiser ces données : 3,80 francs de l’heure (pour le S.M.I.C) et environ 1 100,00 francs pour 24 jours de travail.
Ils remontaient de la mine avec des vêtements boueux et humides, mais il n’y avait pas de lavabos , ni couches, ni vestiaires pour se changer. Une année il menacèrent de se mettre en grève afin d’être mieux payés, « mais ils n’en avaient pas le droit » et le Maire de Chambon, Monsieur Lhopital, fit venir de Bourges une batterie d’artillerie afin de leur « faire peur » et la grève n’eut pas lieu.
« Le temps florissant ‘si l’on peut dire) de cette exploitation minière coïncidait avec l’apparition des premières assurances. Il s’agissait là d’une chose nouvelle dont on disait grand bien. Tellement de bien que quelques mineurs voulurent la mettre à l’épreuve…. Et qui donna quelques « bons » résultats avant de provoquer des réaction draconiennes. Les mineurs habitaient de petites maisons au toit de tuiles. Quelques-uns ayant signé une police d’assurance garantissant leur logis se hâtèrent de l’incendier. Les premiers touchèrent la prime, les seconds eurent maille à partir avec les gendarmes. Désormais, les mineurs furent appelés les « metteux de feu »… tant il est vrai que la légende prend rapidement le pas sur les faits… »
En se promenant sur les lieux, ont peut encore découvrir de petites maisons abandonnées depuis longtemps, aux toits crevés, aux murs écroulés et que les ronces envahissent. Peu à peu la nature indifférente nivelle tout ! Le pénible travail et la misère des mineurs « s’évaporent » dans l’oubli !
Lorsque l’exploitation cessa définitivement, les bêtes qui demeuraient abritées dans la Forêt d’Habert et les Bois de Bigny (alors existants) apparurent…éloignés des lieux par le bruit des machines et le va-et-vient continuel.
Ce fut d’abord l’invasion des lapins qui…eux aussi creusèrent des trous… puis les hordes de sangliers revinrent hanter les fourrés et les galeries désertées…
Il ne reste plus guère aujourd’hui que les entonnoirs plus ou moins grands où l’eau s’engouffre avec une violence extrême les jours de pluie… pour ressortir quelques dizaines de mètres plus loin avec la même vigueur, mais cette fois sous la forme d’un geyser !
(Documentation : M.Jacques Chagnon, Journaliste au Berry Républicain.
Dossier : Métallurgie en Berry. Archives départementales du Cher)
Si Vallenay était conté
USINE ET DIGUE
On sait que l’exploitation des mines remonte au temps des gaulois, comme le prouvent de nombreux vestiges répandus sur le sol. César mentionne l’importance de cette industrie et l’intelligence des habitants dans l’exploitation de ces mines. Les Sarrasins importèrent en France de grands perfectionnements dans le travail en substituant aux forges à bras, des forges mobiles, des établissements fixes avec hauts fourneaux mus par la force hydraulique. A la fin du Moyen-âge, Bigny est situé sur le territoire très boisé d’un domaine seigneurial. Le Marquis Charles de Bigny qui est l’un des grands écuyers de François 1er est voué à la métallurgie: une convention d’exploitation d’une forge « faisant fer par eau » passée entre les « feux » et leur seigneur porte la date du 7 septembre 1573. Qui dit forge dit eau : les métallurgistes de Bigny ont détourné le Cher par une digue et un canal, l’eau faisant tourner les roues à aube.Qui dit forge dit évidemment fer : le minerai est extrait du site dans un rayon de 10 km. Les Marquis de Bigny étaient propriétaires des forges (créees sous l’administration de Colbert). Jadis le département du Cher était le premier producteur de fer de France. A cette époque fut construite une digue barrant le Cher afin d’alimenter le canal de dérivation. Elle était faite de fagots (encore devons nous être prudents avec ces dates). Quand ont lit dans les chroniques qu’en 1640 la famille de Bigny obtint le droit de construire sur le Cher une digue de fagots, cela nous évoque un ouvrage rudimentaire digne de gaulois ou de peuplades primitives. Or, il n’en est rien, il s’agit d’une technique encore en usage d’ailleurs avec moyens accrus, technique qui permet la construction d’infrastructures hydrauliques considérables et durables. Elle a l’avantage de ne pas réclamer l’implantation d’un bardeau et d’utiliser la rivière elle-même. En fait, en période de basses eaux on enfonçait dans le lit de la rivière des pieux à intervalles réguliers dans lesquels on entrelaçait des baliveaux. Bien entendu l’eau passait au travers. Devant cette palissade solide mais rudimentaire, on entassait des fagots et des fascines. Comme cette opération se faisait généralement en été, fagots et baliveaux étaient encore couverts de leurs feuilles. A ce stade du travail, en partant d’une des rives, on déversait sur le devant des fagots, de la terre, la plus argileuse possible; une grande partie partait au fil de l’eau mais le courant peu à peu colmatait tout, grâce à cette boue glaiseuse retenue par les feuilles et les ramilles. Ainsi, de proche en proche, en avançant , on arrivait à conduire l’eau où on le désirait , en l’occurence dans le canal de dérivation. Bien entendu on avait construit, en charpentes bien implantées avant que l’eau ne soit canalisée et ait atteint sa force (généralement près des rives) ,les empellements nécessaires pour les fortes eaux et qui restaient ouverts jusqu’à ce que la dernière brouettée de terre fût enlevée du canal. Il restait alors à les fermer et la rivière était déviée en tout ou partie pour couler dans le canal et le remplir. Le plus souvent alors on remblayait encore la digue avec fagots et terre en avant pour consolider et en arrière pour assurer en plus une large chaussée permettant l’entretien et le passage. Il va sans dire que pour tous les barrages la solidité de l’ouvrage dépendait de son ancrage dans le lit de la rivière mais celui-ci était aidé par le poids de la terre accumulée. On peut se rendre compte par cette description sommaire, que digue de fagots ne signifiait pas une construction rudimentaire comme en feraient les indiens Jivaros pour s’assurer d’une bonne pêche, mais d’un travail qui était capable de durer plusieurs siècles et qui en plus, par rapport à la digue actuelle, offrait l’avantage en période d’eaux relativement basses, de permettre le passage des bêtes de selle ou de bât et même en été des « voiturons », d’autant plus que le canal était, presque en face, traversé d’un pont carrossable facilitant le passage d’Allichamps au Château de Bigny et à Vallenay (Pierre Aubailly – Bulletin communal). En 1770, (le minerai vient de Lespinasse) on installe un haut-fourneau et une fonderie qui produisent environ 375 tonnes de fonte par an , convertie en fer doux. Le produit transformé est commercialisé et acheminé via le Cher vers Nantes et vers l’Auvergne. L’exploitation du site se révèle relativement performante : dans les années 1780 on parvient même à y produire des canons (Robin). Un texte de 1837 rapporte que celle-ci se compose d’un hauit-fourneau, d’un lavoir à minerai mû par une roue hydraulique, d’une forge à quatre feux et à deux marteaux, d’une fonderie anglaise, de deux trains de cylindres lamineurs et de trente huit bobines de tréfilerie. Une machine à vapeur de la force de trente chevaux est en outre destinée à suppléer à l’insuffisance des eaux. Bientôt une seconde machine de cent chevaux sera installée. Cette usine consomme annuellement quarante mille stères de bois à charbon et huit mille hectolitres de houille. Ajoutons que le minerai était trouvé sur place et que le bois provenait d’Arpheuille et de Meillant. Traité au charbon de bois, le fer était particulièrement renommé (c.f. La vie des Mineurs de Chambon). L’usine occupait 36 ouvriers (sans compter les contremaîtres, les muletiers, les charbonniers et les bûcherons). Les autres emplois étaient également nombreux puisqu’on sait qu’à la forge il y avait cent vingt six mulets et cent dix neufs ânes chargés du transport du minerai et du charbon.
————————————————————————– Nous avons dans nos archives (malheureusement sans références précises) un texte indiquant que Léonard de Vinci aurait travaillé au plan de la digue et du canal. Ajoutons que le 4 janvier 1724, nous trouvons la continuation d’un bail au Sieur Larduinat , de terres, prés, domaines et bois par Mr de Bigny moyennant 3 400 l. devabt Foullenay notaire. (Archives privéees). Vers 1730-33, un texte d’archives (457 n°27-28) indique que, si le propriétaire est toujours le Seigneur de Bigny, l’exploitant Louis Lardouinat (et son fils Louis) achètent du bois dans la forêt de St Palais appartenant à l’archevêque de Bourges. ( Sans nous étendre sur la présence de notre ancêtre à cette époque, signalons qu’en 1741, ce Louis Lardouinat – marchand de bois – est en procès contre les sieurs Samson et consors et Alain Paradis – Arch. N.A. 684)
Les seigneurs de Bigny étaient donc autrefois de puissants maîtres de forge. Un texte retrouvé en mairie nous laisse entendre que le « Champ de vaine pâture » aurait été donné par la famille Augier, à Bigny, pour la construction d’une sorte de « corons » (logements des ouvriers). A la suite de partages au début du XIX ème siècle, les forges passèrent aux mains de la famille d’Osmond (ancêtre du duc de Maillé, Madame d’Osmond est la fille de Caroillon-Destillères) et propriétaire du château de Châteauneuf-sur-Cher. Le cadastre de 1820 indique que le marquis d’Osmond était propriétaire de la forge et de ce qui l’entoure, tandis que le baron Augier (descendant des seigneurs de Bigny) possédait le château et les terres voisines. Vers 1830, M.GALLICHER, était directeur des forges de Bigny. Son fils Louis, sorti ingénieur de Centrale en 1837, à 23 ans, vint aider son père, puis en 1839 prit la direction de l’usine. Il épousa alors la fille de l’intendant du comte d’Osmond. Durant son séjour à Bigny,de 1837 à 1851, il prit une part active à la vie agricole de tout le département. La forge était prospère à cette époque et le resta longtemps encore . L’usine se compose de : – un haut-fourneau au charbon de bois avec un lavoir à mine sur le bief avant, – quatre feux de forge au charbon de bois avec deux marteaux, – cinq fours à réchauffer la houille, – une fonderie avec deux trains de laminoirs et trente huit bobines de tréfilerie. et pour le travail on compte : – dix neuf ouvriers au haut-fourneau, – douze forgerons et six aides aux feux de forge, – vingt ouvriers au laminage, – douze ouvriers à la tréfilerie, – quatre ouvriers aux fours à réchauffer, – trente ouvriers à l’extraction du minerai, – soixante dix transporteurs et voituriers (minerai, charbon de bois, etc…). On produit mille tonnes de fonte affinée sur place (on sait que cent tonnes de minerai donnent huit tonnes de fer, que le haut-fourneau fonctionne toujours au bois et que les fours à réchauffer de la forge consomment huit cents tonnes de houille). Des statistiques de 1870 montrent que la majeure partie de la population avait son emploi à « l’usine ». On trouve sur les listes électorales, et à l’Etat-Civil, tous les corps de métiers, depuis le lamineur, le tendeur, le routier … jusqu’au marteleur. Un autre maître de forges, très actif, fut vers 1875 M.Tremeau. En 1889, les forges s’arrêtent; on commençait à s’apercevoir des difficultés de rentabilité (transport du charbon, concurrence, etc…). La population du village baisse. 1876 : 1 443 hab. 1881 : 1 350 – 1891 : 1 049 – 1896 : 957 – 1901 : 901 – En 1905, M.Clément Labbé, venu de St Florent, reprend la forge qui fonctionne tant bien que mal jusqu’à la guerre de 1914-1918. En 1918, M. Véry le remplace pour y travailler le bois (menuiserie, parquetterie); puis il achète une partie des « ordons » du bois de Bigny et fait construire vers 1920 de nouvelles usines (fabrication de coffres d’accumulateurs pour les chemins de fer, puis installation d’une chaînerie électrique : on y fait du grillage et des pointes). Un embranchement de chemin de fer est créé. Ainsi , l’industrie métallurgique est revenue à Bigny; la vieille forge est abandonnée et toute l’activité transportée dans les nouveaux bâtiments. Il faudra attendre les annéees précendant la seconde guerre mondiale pour voir reprendre vraiment l’activité industrielle de Bigny. Vers 1938, l’usine de M.Véry reprise par M.Valentin est acquise par la Sté Métallurgique de Gorcy. Cette importante maison lorraine doit se replier en raison des menaces de guerre Un moment même, Bigny et Vallenay recevront toute la population de la commune de Gorcy et notamment tous les cadres de l’entreprise. La guerre terminée, on hésite à supprimer l’usine de Bigny pour reporter toute l’activité dans l’Est. Finalement Bigny , non seulement tiendra, mais s’étendra encore; La SMG, devenue la Sté des Hauts Fourneaux de Saulnes et Gorcy conserve à Bigny une affaire très prospère. En 1931, c’est le pharmacien parisien Canone (l’inventeur des Pastilles Valda) qui rachète l’usine. Son fils Jacques, pharmacien lui-même, charge un ingénieur chimiste, Serge Vernudachi, du développement d’une nouvelle entreprise à vocation chimique. A partir de 1936, commence à s’édifier une nouvelle usine destinée à l’électrolyse du chlorure de sodium et on remet en état digue et canal En 1947, Jacques Canone, vend l’usine à la firme Cotelle et Foucher (Javel la Croix). Mais bientôt Serge Vernudachi (demeuré directeur général de l’usine) souhaite trouver un autre débouché car l’usine regorge de produits chlorés. Il pense à fabriquer et à blanchir au chlore de la pâte de paille. C’est une réussite en 1953 ; l’usine porte le nom de Cellulose de Bigny. Une partie du personnel est licenciée en 1958. Reste soixante dix sept employés pour démonter le matériel et, un an plus tard, la première machine à papier est en état de fonctionner ! Disons que cette machine (une Blondel) provient de Côte d’Ivoire et qu’en février 58 une mission part récupérer ce matériel . L’expédtion est dirigée par Pierre Gleyo et comprend Charles David technicien, FernandGuillemet électricien, Roland Béguin chef mécanicien et Robert Couturier mécanicien. Malgré serpents, chaleur etc… l’opération qui dure quatre mois est menée à bien et 320 tonnes de matériel sont embarquéees à Abidjan. On connaît la suite, l’usine sera reprise par la Société Walton et Place qui va continuer de la modifier pour en faire une véritable fabrique de papier. La société étendra ses activités sur tout le territoire français et, le er janvier 1972 par un processus de fusion avboutit a la création d’une entreprise unifiée à direction unique, la SOCAR. Voici quelques années, cette même firme fit construire de nouveaux ateliers très important et créait une caisserie. Utilisant d’une part les « krafts » produits par la Cellulose du Pin dont Walton et Place est une filiale, le papier cannelure fabriqué avec des bois feuillus, cette nouvelle usine produit des emballages en carton ondulé de plus en plus utilisés dans tous les genres de commerces. Ainsi en quelques années , Bigny – Vallenay a retrouvé une activité industrielle fort intéressante.
Que reste-il des établissements anciens ? D’après le plan de 1830. Une maison de maître; Logement des ouvriers (en prolongement); Peut-être la porte d’entrée d’un four. Une très belle construction que l’actuelle usine a fait restaurer. Une maison de maître à la « Petite Forge » achétée en 1983 par Madame Bouvard qui répare les méfaits de 10 ans d’abandon. C’est également grâce à sa clairvoyance que le site de la petite forge a été inscrit sur l’inventaire supplétaire des Monuments historiques le 21 mars 1991. Cette protection concerne l’ancien logement d’ouvriers (construit vers 1835, c’est un bâtiment novateur car il comporte trois pièces), elle couvre aussi les façades et les toitures de l’ancienne pointerie, de la maison des maîtres, du bâtiment annexe, ainsi que l’ancien canal de dérivation construit en 1841. Les Sarrasins importèrent en France de grands perfectionnements dans le traval en substituant aux forges à bras, des forges mobiles, des établissements fixes avec hauts fourneaux mus par la force hydraulique. A la fin du Moyen-âge, Bigny est situé sur le territoire très boisé d’un domaine seigneurial. Le Marquis Charles de Bigny qui est l’un des grands écuyers de François 1er est voué à la métallurgie: une convention d’exploitation d’une forge « faisant fer par eau » passée entre les « feux » et leur seigneur porte la date du 7 septembre 1573. Qui dit forge dit eau : les métallurgistes de Bigny ont détourné le Cher par une digue et un canal, l’eau faisant tourner les roues à aube.Qui dit forge dit évidemment fer : le minerai est extrait du site dans un rayon de 10 km. Les Marquis de Bigny étaient propriétaires des forges (créees sous l’administration de Colbert). Jadis le département du Cher était le premier producteur de fer de France. A cette époque fut construite une digue barrant le Cher afin d’alimenter le canal de dérivation. Elle était faite de fagots (encore devons nous être prudents avec ces dates). Quand ont lit dans les chroniques qu’en 1640 la famille de Bigny obtint le droit de construire sur le Cher une digue de fagots, cela nous évoque un ouvrage rudimentaire digne de gaulois ou de peuplades primitives. Or, il n’en est rien, il s’agit d’une technique encore en usage d’ailleurs avec moyens accrus, technique qui permet la construction d’infrastructures hydrauliques considérables et durables. Elle a l’avantage de ne pas réclamer l’impantatin d’un bardeau et d’utiliser la rivière elle-même. En fait, en période de basses eaux on enfonçait dans le lit de la rivière des pieux à intervalles réguliers dans lesquels on entrelaçait des baliveaux. Bien entendu l’eau passait au travers. Devant cette palissade solide mais rudimentaire, on entassait des fagots et des fascines. Comme cette opération se faisait généralement en été, fagots et baliveaux étaient encore couverts de leurs feuilles. A ce stade du travail, en partant d’une des rives, on déversait sur le devant des fagots, de la terre, la plus argileuse possible; une grande partie partait au fil de l’eau mais le courant peu à peu colmatait tout, grâce à cette boue glaiseuse retenue par les feuilles et les ramilles. Ainsi, de proche en proche, en avançant , on arrivait à conduire l’eau où on le désirait , en l’occurence dans le canal de dérivation. Bien entendu on avait construit, en charpentes bien implantées avant que l’eau ne soit canalisée et ait atteint sa force (généralement près des rives) les empellements nécessaires pour les fortes eaux et qui restaient ouverts jusqu’à ce que la dernière brouettée de terre fût enlevée du canal. Il restait alors à les fermer et la rivière était déviée en tout ou partie pour couler dans le canal et le remplir. Le plus souvent alors on remblayait encore la digue avec fagots et terre en avant pour consolider et en arrière pour assurer en plus une large chaussée permettant l’entretien et le passage. Il va sans dire que pour tous les barrages la solidité de l’ouvrage dépendait de son ancrage dans le lit de la rivière mais celui-ci était aidé par le poids de la terre accumulée. On peut se rendre compte par cette description sommaire, que digue de fagots ne signifiait pas une construction rudimentaire comme en feraient les indiens Jivaros pour s’assurer d’une bonne pêche, mais d’un travail qui était capable de durer plusieurs siècles et qui en plus, par rapport à la digue actuelle, offrait l’avantage en période d’eaux relativement basses, de permettre le passage des bêtes de selle ou de bât et même en été des « voiturons », d’autant plus que le canal était, presque en face, traversé d’un pont carrossable facilitant le passage d’Allichamps au Château de Bigny et à Vallenay (Pierre Aubailly – Bulletin communal). En 1770, (le minerai vient de Lespinasse) on installe un haut-fourneau et une fonderie qui produisent environ 375 tonnes de fonte par an , convertie en fer doux. Le produit transformé est commercialisé et acheminé via le Cher vers Nantes et vers l’Auvergne. L’exploitation du site se révèle relativement performante : dans les années 1780 on parvient même à y produire des canons (Robin). Un texte de 1837 rapporte que celle-ci se compose d’un hauit-fourneau, d’un lavoir à minerai mû par une roue hydraulique, d’une forge à quatre feux et à deux marteaux, d’une fonderie anglaise, de deux trains de cylindres lamineurs et de trente huit bobines de tréfilerie. Une machine à vapeur de la force de trente chevaux est en outre destinée à suppléer à l’insuffisance des eaux. Bientôt une seconde machine de cent chevaux sera installée.
Cette usine consomme annuellement quarante mille stère de bois à charbon et huit mille hectolitres de houille. Ajoutons que le minerai était trouvé sur place et que le bois provenait d’Arpheuille et de Meillant. Traité au charbon de bois, le fer était particulièrement renommé (c.f. La vie des Mineurs de Chambon). L’usine occupait 36 ouvriers (sans compter les contremaîtres, les muletiers, les charbonniers et les bûcherons). Les autres emplois étaient également nombreux puisqu’on sait qu’à la forge il y avait cent vingt six mulets et cent dix neufs ânes chargés du transport du minerai et du charbon.
————————————————————————– Nous avons dans nos archives (malheureusement sans références précises) un texte indiquant que Léonard de Vinci aurait travaillé au plan de la digue et du canal. Ajoutons que le 4 janvier 1724, nous trouvons la continuation d’un bail au Sieur Larduinat , de terres, prés, domaines et bois par Mr de Bigny moyennant 3 400 l. devabt Foullenay notaire. (Archives privéees). Vers 1730-33, un texte d’archives (457 n°27-28) indique que, si le propriétaire est toujours le Seigneur de Bigny, l’exploitant Louis Lardouinat (et son fils Louis) achètent du bois dans la forêt de St Palais appartenant à l’archevêque de Bourges. ( Sans nous étendre sur la présence de notre ancêtre à cette époque, signalons qu’en 1741, ce Louis Lardouinat – marchand de bois – est en procès contre les sieurs Samson et consors et Alain Paradis – Arch. N.A. 684) Les seigneurs de Bigny étaient donc autrefois de puissants maîtres de forge. Un texte retrouvé en mairie nous laisse entendre que le « Champ de vaine pâture » aurait été donné par la famille Augier, à Bigny, pour la construction d’une sorte de « corons » (logements des ouvriers). A la suite de partages au début du XIX ème siècle, les forges passèrent aux mains de la famille d’Osmond (ancêtre du duc de Maillé, Madame d’Osmond est la fille de Caroillon-Destillères) et propriétaire du château de Châteauneuf-sur-Cher. Le cadastre de 1820 indique que le marquis d’Osmond était propriétaire de la forge et de ce qui l’entoure, tandis que le baron Augier (descendant des seigneurs de Bigny) possédait le château et les terres voisines. Vers 1830, M.GALLICHER, était directeur des forges de Bigny. Son fils Louis, sorti ingénieur de Centrale en 1837, à 23 ans, vint aider son père, puis en 1839 prit la direction de l’usine. Il épousa alors la fille de l’entendant du comte d’Osmond. Durant son séjour à Bigny,de 1837 à 1851, il prit une part active à la vie agricole de tout le département. La forge était propère à cette époque et le resta longtemps encore . L’usine se compose de : – un haut-fourneau au charbon de bois avec un lavoir à mine sur le bief avant, – quatre feux de forge au charbon de bois avec deux marteaux, – cinq fours à réchauffer la houille, – une fonderie avec deux trains de laminoirs et trente huit bobines de tréfilerie. et pour le travail on compte : – dix neuf ouvriers au haut-fourneau, – douze forgerons et six aides aux feux de forge, – vingt ouvriers au laminage, – douze ouvriers à la tréfilerie, – quatre ouvriers aux fours à réchauffer, – trente ouvriers à l’extraction du minerai, – soixante dix transporteurs et voituriers (minerai, charbon de bois, etc…). On produit mille tonnes de fonte affinée sur place (on sait que cent tonnes de minerai donnent huit tonnes de fer, que le haut-fourneau fonctionne toujours au bois et que les fours à réchauffer de la forge consomment huit cents tonnes de houille). Des statistiques de 1870 montrent que la majeure partie de la population avait son emploi à « l’usine ». On trouve sur les listes électorales, et à l’Etat-Civil, tous les corps de métiers, depuis le lamineur, le tendeur, le routier … jusqu’au marteleur. Un autre maître de forges, très actif, fut vers 1875 M.Tremeau. En 1889, les forges s’arrêtent; on commençait à s’apercevoir des difficultés de rentabilité (transport du charbon, concurrence, etc…). La population du village baisse. 1876 : 1 443 hab. 1881 : 1 350 – 1891 : 1 049 – 1896 : 957 – 1901 : 901 – En 1905, M.Clément Labbé, venu de St Florent, reprend la forge qui fonctionne tant bien que mal jusqu’à la guerre de 1914-1918. En 1918, M. Véry le remplace pour y travailler le bois (menuiserie, parquetterie); puis il achète une partie des « ordons » du bois de Bigny et fait construire vers 1920 de nouvelles usines (fabrication de coffres d’accumulateurs pour les chemins de fer, puis installation d’une chaînerie électrique : on y fait du grillage et des pointes). Un embranchement de chemin de fer est créé. Ainsi , l’industrie métallurgique est revenue à Bigny; la vieille forge est abandonnée et toute l’activité transportée dans les nouveaux bâtiments. Il faudra attendre les annéees précendant la seconde guerre mondiale pour voir reprendre vraiment l’activité industrielle de Bigny. Vers 1938, l’usine de M.Véry reprise par M.Valentin est acquise par la Sté Métallurgique de Gorcy. Cette importante maison lorraine doit se replier en raison des menaces de guerre Un moment même, Bigny et Vallenay recevront toute la population de la commune de Gorcy et notamment tous les cadres de l’entreprise. La guerre terminée, on hésite à supprimer l’usine de Bigny pour reporter toute l’activité dans l’Est. Finalement Bigny , non seulement tiendra, mais s’étendra encore; La SMG, devenue la Sté des Hauts Fourneaux de Saulnes et Gorcy conserve à Bigny une affaire très prospère. En 1931, c’est le pharmacien parisien Canone (l’inventeur des Pastilles Valda) qui rachète l’usine. Son fils Jacques, pharmacien lui-même, charge un ingénieur chimiste, Serge Vernudachi, du développement d’une nouvelle entreprise à vocation chimique. A partir de 1936, commence à s’édifier une nouvelle usine destinée à l’électrolyse du chlorure de sodium et on remet en état digue et canal En 1947, Jacques Canone, vend l’usine à la firme Cotelle et Foucher (Javel la Croix). Mais bientôt Serge Vernudachi (demeuré directeur général de l’usine) souhaite trouver un autre débouché car l’usine regorge de produits chlorés. Il pense à fabriquer et à blanchir au chlore de la pâte de paille. C’est une réussite en 1953 ; l’usine porte le nom de Cellulose de Bigny. Une partie du personnel est licenciée en 1958. Reste soixante dix sept employés pour démonter le matériel et, un an plus tard, la première machine à papier est en état de fonctionner ! Disons que cette machine (une Blondel) provient de Côte d’Ivoire et qu’en février 58 une mission part récupérer ce matériel . L’expédtion est dirigée par Pierre Gleyo et comprend Charles David technicien, FernandGuillemet électricien, Roland Béguin chef mécanicien et Robert Couturier mécanicien. Malgré serpents, chaleur etc… l’opération qui dure quatre mois est menée à bien et 320 tonnes de matériel sont embarquéees à Abidjan. On connaît la suite, l’usine sera reprise par la Société Walton et Place qui va continuer de la modifier pour en faire une véritable fabrique de papier. La société étendra ses activités sur tout le territoire français et, le er janvier 1972 par un processus de fusion avboutit a la création d’une entreprise unifiée à direction unique, la SOCAR. Voici quelques années, cette même firme fit construire de nouveaux ateliers très important et créait une caisserie. Utilisant d’une part les « krafts » produits par la Cellulose du Pin dont Walton et Place est une filiale, le papier cannelure fabriqué avec des bois feuillus, cette nouvelle usine produit des emballages en carton ondulé de plus en plus utilisés dans tous les genres de commerces. Ainsi en quelques années , Bigny – Vallenay a retrouvé une activité industrielle fort intéressante
Que reste-il des établissements anciens ? D’après le plan de 1830. Une maison de maître; Logement des ouvriers (en prolongement); Peut-être la porte d’entrée d’un four. Une très belle construction que l’actuelle usine a fait restaurer. Une maison de maître à la « Petite Forge » achétée en 1983 par Madame Bouvard qui répare les méfaits de 10 ans d’abandon. C’est également grâce à sa clairvoyance que le site de la petite forge a été inscrit sur l’inventaire supplétaire des Monuments historiques le 21 mars 1991. Cette protection concerne l’ancien logement d’ouvriers (construit vers 1835, c’est un bâtiment novateur car il comporte trois pièces), elle couvre aussi les façades et les toitures de l’ancienne pointerie, de la maison des maîtres, du bâtiment annexe, ainsi que l’ancien canal de dérivation construit en 1841.
La lecture de la copie du livre de M.LARGUINAT , SI VALLENAY ETAIT CONTE, a fait réagir un des visiteurs du site , M.COURROUYAN , ancien cadre dirigeant de l’usine de BIGNY.
On ne modifie pas un livre mais on peut signaler des erreurs , apporter des rectifications et ajouter des informations complémentaires ; c’est ce que je vais faire ci-après avec des informations données par M.COURROUYAN .
La CELLULOSE DU PIN, filiale de la Société ST GOBAIN , achète la COMPAGNIE ELECTRO CHIMIQUE DU CENTRE à la Société COTELLE et FOUCHER en 1957. Parallèlement, elle achète la Société WALTON et PLACE qui possède 3 usines de fabrication de carton ondulé.
6 raisons principales motivent cet achat :
¨un développement prévisionnel important du marché national de l’emballage ¨l’utilisation du papier Kraft produit par l’usine de FACTURE en GIRONDE ¨la production de papier pour le carton ondulé (cannelure et couverture) ¨une région agricole importante, productrice de paille ¨un massif boisé (aulne principalement) bon à être utilisé ¨l’implantation à PANTIN d’une fabrique de carton ondulé dans des locaux exigus
A partir de cette date, la CELLULOSE DU PIN dirige toutes les opérations qui vont faire évoluer le site de BIGNY.
Parallèlement aux travaux de démontage de la machine à papier qui sera installée à BIGNY , la CELLULOSE DU PIN réalise toutes les études :
¨De production de pâte de bois ¨De production de pâte de paille ¨D’installation et de modification de la machine à papier ¨De production de vapeur
Et se charge de la réalisation de ces projets.
On confie à MM.BLEU et COURROUYAN le soin de mener à bien ces travaux. Ils débutent en Novembre 1958 et se terminent en Mai 1959 avec la participation d’une équipe de plus de 100 monteurs.
La production de papier pour cannelure et couverture sera de 27 T/jour le premier mois et passera rapidement à 40/50 T/jour jusqu’en 1975 . A cette date, après d’importants travaux, la production passe à 110/120 T/jour.
Elle se terminera en MAI 2006 par la fermeture définitive de la papeterie de BIGNY , sacrifiée sur l’autel de la rentabilité et du profit. (commentaire du webmaster)
La direction de la papeterie est assurée par MM. SCHUECHMACHER ; les agents de maîtrise sont MM .HERNANDEZ, DELAC, MANO, GUILLEMET Raymond. En Juin 1959, commencent les travaux de construction de la cartonnerie, sous la responsabilité de M. COURROUYAN.
Après avoir apporté 100 000 m3 de remblai, un bâtiment d’une superficie de 10 000 m2 est réalisé ; une onduleuse, des matériels de transformation du carton ondulé sont installés et l’usine commence sa production en Mai 1960.
Le directeur de la cartonnerie est M. GOYON ; les agents de maîtrise sont MM. DELUGIN , LAFON et CORTES.
L’usine évoluera tant en investissements, qu’en production, en personnel et en surface.
Plusieurs directeurs se succédèrent et, par la suite, après différentes fusions, absorbtions, la société prendra le nom unique de SOCAR.
En 1987/1988, SAINT-GOBAIN vendra sa filiale CELLULOSE DU PIN au groupe SMURFIT (irlandais) qui lui-même le revendra par la suite.
(ce texte a été rédigé en Juin 2006)
N.B : contrairement à ce qui est indiqué dans le livre de M.LARGUINAT,reprenant les termes du livreSOCAR une histoire d’avenir paru fin Décembre 1989 aux éditions Albin Michel, l’usine de BIGNY n’a jamais pris le nom de CELLULOSE DE BIGNY .Selon certains ce terme aurait figuré, à une certaine période,en filigrane sur le papier à lettres de l’entreprise.
Toute reproduction de documents, textes, photos est strictement interdite ceux – ci étant la propriété de www.vallenay.info ne peuvent faire l’objet d’une copie sans l’autorisation du webmaster
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Si Vallenay était conté
LE LIVRET DONT NOUS REPRODUISONS CI-APRES LES TEXTES , PARU EN MARS 1992, EST ISSU DES RECHERCHES DE MAURICE LARGUINAT, L’HISTORIEN DE NOTRE VILLAGE , QUI NOUS A DONNE SON AUTORISATION POUR LE PUBLIER SUR CE SITE , CE DONT NOUS LE REMERCIONS.ci-dessous la préface de ce document : Dans les pages qui suivent, nous n’avons pas cherché à faire oeuvre d’érudition, mais seulement fixer quelques notes trouvées çà et là afin que, dans leur brièveté, elles demeurent témoins du passé de notre village.
Maurice Larguinat Mars 1992
CARTE D’IDENTITE N° INSEE 211 802 707 Code commune 270 Superficie 2 566 ha Prés 254 ha Forêts 558 ha Peu à peu Bigny prit la prépondérance. Les écoles sont à Bigny, vers 1862 la gare qui s’établit prend un nom : BIGNY . La Mairie, le Bureau de Poste, un Centre du Culte s’y installent Il y a très longtemps, une équipe de défricheurs fût frappée par la beauté de ce val verdoyant qu’arrosait un ruisseau abondant, le Nay. Il s’y installèrent, firent souche… et baptisèrent cet endroit privilégié Valnay. Vallenay (autrefois Valnay) fût l’agglomération, le bourg , tandis que sur il n’y avait qu’une forge et un groupe de maisons où logeait les ouvriers.
Peu à peu, s’établirent des hameaux, d’autres groupes de maisons qui prirent noms : l’Orangerie, Sarru, les Robinets, etc… Mais bientôt , le quartier industriel se développant, le nom de Bigny s’étendit à toute l’agglomération. Ajoutons que tous les noms de communes ont nettement changé au cours des siècles. Les noms terminés en ay et y (il sont nombreux dans notre département) se terminaient à l’époque gallo-romaine en iacus. Valnay était Valniacus (et Bigny eut été Biniacus), leurs habitants les valniacois et les biniacois. On pourrait dire mainenant les biniens et les valnéens. A titre de curiosité, rappelons certains noms des communes voisines : Chambon (Cambono), Crésançay (Cresanciaci), St Symphorien (St Cyphorien) , Venesmes (Venemessis
Toute reproduction de documents, textes, photos est strictement interdite ceux – ci étant la propriété de www.vallenay.info ne peuvent faire l’objet d’une copie sans l’autorisation du webmaster DEUX MOTS DU RELIEF Lorsqu’on aborde notre commune, en venant de Bourges, par St Loup des Chaumes, on quitte la Champagne berrichonne plate et monotone pour entrer dans le Boischaut qui ainsi commencerait à la côte des Robinets pour s’étendre vers le sud jusqu’au delà du Châtelet et de l’est à l’ouest , de St Amand à La Châtre, région qui ne manque pas de charme avec ses côteaux, ses vallées verdoyantes, ses forêts, ses champs bordés de haies, derniers soubresauts du Massif Central, cela fait sourire. La point culminant de la région est la tour Malakoff, 314 m (près de St Amand). D’autres points assez élevés se trouvent aux Maisons, à la côte des Billons, et à celle de Noirlac, etc… Près de la chapelle de Souage, s’élevaient trois ormes que l’on distinguait de la cathédrale de Bourges et, de Souage, on devait deviner par temps clair le Puy de Dôme. Nos côtes ici sont de 150 m à la gare de Bigny et à l’église de Vallenay et ne dépassent guère 220 m au plateau des Gargots, aux Malissards, au four à chaux et à l’Oisellerie. Alors qu’autrefois le Berry se confondait avec le diocèse de Bourges et empiètait sur le département actuel voisin, à partir du XIVème siècle ce fût le contraire: les seigneuries voisines empiètèrent sur l’actuel département du Cher. C’est avec la « sirerie » de Bourbon que l’ancien Berry va subir un démembrement le plus grave et le plus complet. Si en 936 le Bourbonnais existait, c’est à partir de la première moitié du XII ème siècle qu’Archambault VI (et ses successeurs) « arrondirent » leurs domaines du côté de l’Auvergne et du Berry. Deux mots de nos cours d’eau Le principal cours d’eau est le Cher qui marque la frontière avec la commune de St Loup des Chaumes. Le Trian sépare Vallenay et Chambon. Enfin , on compte quatre ruisseaux à l’intérieur de la commune : le ruisseau dit des Renardières qui prend sa source sur la commune de Farges et se jette dans le Cher près de la digue des Bordes; le rio Capitaine qui prend sa source dans le bois des Chétives Fonds et qui se jette dans le rio Villatte (né au-dessus du hameau de Sarru) et dont les eaux se perdent dans un champs appelé La Chaume aux Oies. Le Nay prend sa source dans une sorte de cuvette seulement ouverte au nord-est. Après avoir traversé la Prairie et Sarru où il se décante dans la Fosse aux Boeufs (aujourd’hui supprimée), il termine sa course avec les deux précédents ruisseaux, à la Chaume aux Oies. Ces ruisseaux ne peuvent mêler leurs eaux à celles du canal qui sont à un niveau supérieur,; Ces eaux captives constituaient une zone humide où se développait une végétation des marais… et la qualité des terrains diminuait de plus en plus. Près du Pont de la Brûlée certains semblent irrémédiablement perdus. La solution était de redonner une possibilité à ces ruisseaux d’atteindre le Cher en dépit du canal. Il a été décidé de capter ,à l’aide de profonds fossés, les eaux du rio Villatte près de Preuil et de les adjoindre aux eaux du Nay à l’est de Sarru. L’ensemble emprunte un tuyau de grand diamètre C’est en 1986 que la municipalité de Bigny entreprit ces importants travaux (bulletin municipal octobre 86). Ajoutons que la coupure du terrain, chemin et canal, lors du creusement de la profonde tranchée, a permis de retrouver les vestiges d’un pont sur le Nay en direction du gué des Chirettes. Ce sont des pieux de chêne de forme cylindrique de 2 m de long sur o,30 m de diamètre. Légèrement déjeté à l’est par rapport au chemin actuel, ce pont enjambait le Nay qui coulait à environ 3,50 m en dessous du niveau du chemin de la digue; l’existence de ce pont à ce niveau montre que le canal n’existait pas lors de sa construction ainsi que la digue et qu’il desservait uniquement le gué des Chirettes…que ce gué reste le grand passage puisque du relais de Coudron (créé sous Louis XII, vers 878) on vient, par une route sûre, solide et exempte de péage. Elle débouche sur l’autre rive au départ de tous les chemins menant aux villages et châteaux… Est-ce la réponse à la question : la digue et le canal sont-ils antérieurs ou postérieurs à la forge de Bigny ? (bulletin municipal octobre 86). Près de Farges, la commune possède un étang (1 ha) « route de la Brande« , loué à la société de pêche de Bruère. Du point de vue du climat, nous appartenons au bassin parisien. L’hiver commence tôt. « à la Sainte Catherine il s’aberline, à la Saint André il est aberliné ». Mais cette première apparition est de courte durée. L’hiver s’installe définitivement à Noël ou au 1er de l’An…encore que depuis quelques années il est bien difficile de fixer un calendrier des temps. Au point de vue géologique, notre sous-sol appartient aux terrains secondaires jurassiques. On trouve au sud de Vallenay des bancs de calcaire oolithique, c’est-à-dire à petits grains semblables à des oeufs et caractérisés par la présence de fossiles. Des moulages de mollusques comme des ammonites enrouléees en escargots ou en crosses et les élemnites qui ont la forme de petits cigares ou de petits obus se découvrent aisément dans les déblais. Les sols arables sont très différents : essentiellement argileux au bourg de Vallenay où la terre a pu être qualifiée d’amitieuse et est particulièrement difficile à travailler; ils sont sablonneux et légers vers Sarru et le Château de Bigny, formés d’alluvions anciennes. Sans doute ces carrières on-elles été déjà en activité au temps des gallo-romains qui avaient besoin d’une grande quantité de pierres pour la construction de leurs routes. Puis, ces ierres furent largement utilisées dans la construction des fondations de la cathédrale de Bourges. On sait les difficultés que rencontraient « Les Pelourdes » (responsables du ravitaillement en pierres pour cet édifice) car il en fallait beaucoup. L’hiver 1195 avait rendu le transport encore plus dur (les fourmis de Dieu p.92). Les rivières ne pouvaient servir, minces filets d’eau où la moindre barque chargée n’eût pu manoeuvrer. On comptait depuis Vallenay, sept lieues de chemins défoncés, non empierrés (sauf sur quelques tronçons de vieilles voies romaines) où les chariots chargés de blocs pesants s’enfonçaient jusqu’au moyeu des roues malgré la traction infinie des couples de boeufs attelés en file, aiguillonnés jusqu’au sang… (Parfois trois journées entières s’écoulaient avant qu’un attelage parti de Vallenay atteignit le sommet de la colline St Etienne…) A la suite de travaux de restauration du prieuré d’ Allichamps à Bruère (édifice du XII ème siècle), on s’est aperçu que l’on avait, en certains endroits, utilisé la pierre de Vallenay (avec celle de La Celle ou de Bruère). On comprend que ces carrières aient été une source d’activité très importante dans la commune. Si, vers 1880, Vallenay comptait 1350 habitants, c’est qu’il vivait en partie de ses carrières. Le joli calcaire que l’on extrayait, de dureté moyenne, de belleapparence, mais hélas fragile à la gelée, servit à construire le château de Vouzeron, le balcon de la chambre de commerce de Bourges, le socle du monument aux morts de Dun sur Auron etc… Malheureusement, l’évolution industrielle et commerciale, les difficultés de transport, la dureté du métier de carrier ont amené la décadence de nos carrières. On ne peut guère parler d’elles sans dire un mot du four à chaux. Par lui, la calcination des roches calcaires donne de la chaux vive qui au contact de l’eau se transforme en chaux éteinte avec dégagement de chaleur. En 1863, on dénombrait de 130 à 140 fours à chaux dans le département du Cher. On sait qu’à partir du mètre cube de pierre cassée (à la masse) soit douze brouettées, on obtient quatre poinçons de chaux vive (environ 800 l) pesant 600 kg. On compte une tonne de charbon et environ huit mètres cubes de pierre pour obtenir cinq tonnes de chaux. Le produit fini s’en allait pour la construction et l’amendement de terres argileuses (Histoire des fours à chaux de notre région – J.C. Laporte). Notre four à chaux, situé à la pointe du bois des « Chétives Fonts » jouxtant les carrières, et le long de la D-38 , est une construction qui mériterait d’être sauvée (on y dépose hélas, de plus en plus d’ordures). Il a été parmi les derniers à fonctionner (fin vers 1930). La gueule du four principal (2,50 m de diamètre ) se trouve au centre d’une plate-forme dallée de 5 m de côté et communiquant avec un 2ème four (diam.2 m). On y accède par un large chemin en pente douce soutenu par une voûte de pierre s’appuyant sur le reste de la construction. Par là, le chaufournier amenait les brouettes de pierre et de charbon qu’il déversait par couches dans le ventre des fours (il y avait 2 fours ,ce qui permettait d’en maintenir 1 en activité). A la base de cet édifice, on voit encore les 3 ouvertures (celle de face mesure 2,60 m et celles des côtés 1,60 m) munies de grilles horizontales pour maintenir pierres et charbon DEUX MOTS D’HISTOIRE La paroisse de Vallenay comptait autrefois trois seigneuries: Bigny, Valnay et La Roche-Verneuil. Ce dernier fief appartenait au XVIème siècle à Guillaume de la Roche, puis au XVIIIème siècle à la famille de Bonneval, ancêtres du propriétaire actuel, le comte de Jouffroy-Gonsans. Ses aïeux s’installèrent à la Commanderie de Farges en 1742. Buhot de Kersers, auteur de la précieuse statistique monumentale du Cher, a vainement cherché l’assiette de la seigneurie. Par contre, M.Louis Delorme a retrouvé ,tout près de la ferme, des vestiges du château-fort dont il a utilisé les matériaux et ont peut voir une partie du fossé qui entourait le tertre féodal. LA MAISON DE BIGNY On trouve la trace de la Maison de Bigny avant 750, date à laquelle elle possédait la terre de ce nom. Nous connaissons de cette Maison : –Jehan Chevenon, seigneur de Bigny qui épouse Agnès, fille d’Odonet de Morlac (1303-1317; – Gimonet de Bigny, damoiseau (1323), – Jehan de Bigny (1387…) A partir de 1392, yous les membres de la lignée de Bigny ayant été tués sur les champs de bataille, l’héritage échût à une demoiselle qui l’apporta, dit-on, en dot à Jean de Chevenon, gentilhomme nivernais (1402-?) à condition que celui-ci joindrait à son nom celui de Bigny et prendrait ses armes- d’azur au lion d’argent, accompagné de 5 poissons (des chevesnes) – et sa devise : « Nobilitas virtus exaltus exultatque viros » (le courage ennoblit et exalte les hommes) Mais cette assertion que l’on trouve dans La Thaumassière est douteuse, nous dit B de Kersers (vol.III p. 318) puisque nous venons de voir qu’un siècle avant, les Chevenon étaient déjà seigneurs de Bigny. Jusqu’à la fin du XV ème siècle, la Maison de Bigny fit de son manoir sa principale résidence. En 1467, elle achète le château d’Ainay le Vieil. En 1505, son fils Claude fit édifier le ravissant château renaissance qui attire tant de touristes et qu’entoure une enceinte féodale qu’on a surnommée le « petit Carcassonne », propriété actuelle de la famille d’Aligny. Le château de Bigny connut l’épisode le plus dramatique de la révolution en Berry. Il faut dire que c’est l’époque où le terrible Laplanche s’installe à Bourges. Il commence par ordonner la descente des cloches… exceptée la plus grosse destinée au tocsin. Il annule les certificats de civisme et exige la liste des suspects… « Il faut couper des têtes.La révolution ne peut s’affermir qu’autant que son pied baignera dans le sang. Le tribunal ne doit marcher qu’accompagné de la guillotine. Partout j’ai mis la terreur à l’ordre du jour. Partout j’ai imposé des contributions sur les riches et les aristocrates; deux jours m’ont suffit à Bourges pour une levée de deux millions ». On comprend que de tels discours aient déclenché la chasse aux suspects. Après avoir été dénoncé au club de St Amand par Déséglise (élevé par le marquis), le 15 octobre 1793 (c’est-à-dire le 24 Vendémiaire AN II) on envoie perquisitionner au château de Bigny. L’opération est dirigée par le citoyen Guillemain, Commissaire de l’Assemblée primaire du canton de La Celle Bruère. Le procès-verbal nous dit : « Nous nous sommes transportés dans les différents appartements, nous n’y avons rien trouvé qui eût quelque trait avec la royauté, exceptée une vieille tapisserie qui représentait un roi et une reine; j’ai arrêté que les têtes soient déchirées et brûlées et le reste donné aux pauvres. De là nous nous sommes transportés à la chapelle, nous avons trouvé deux habillements complets à usage de ladite chapelle et un calice et sa patène. J’ai prévenu le citoyen Chevenon qu’il était responsable des dits effets et qu’il les ferait voir quand on le jugera à propos. De là nous nous sommes transportés dans les greniers, nous avons trouvé dans un vieux coffre beaucoup de parchemins, j’ai arrêté qu’ils soient brûlés sur le champ avec les personnages mentionnés ci-dessus ».
Tout en serait resté là si le 3 Brumaire, quatre personnes ne s’étaient présentées à l’agence révolutionnaire de Libreval. Il s’agit de Bertrand, chirurgien demeurant à La Celle Bruère, Pierre Baudart, ancien maire et officier municipal à Valnay, Jean-Baptiste Trou, demeurant à la forge de Bigny et Jean Moricet demeurant à Farges. S’emparant de prétendues confidences du citoyen Chevenon, ils le présentent comme un royaliste ardent, méprisant la nation patriote jusqu’à vouloir la réduire « à brouter l’herbe« . Cette dernière remarque fournie par Moricet, proviendrait de Pierre Lefort , jardinier du marquis. Or, d’autres papiers découverts plus tard nous disent que le marquis se servait souvent ,quand il parlait de ses voisins du fameux proverbe « bête à manger du foin« . Malgré le caractère menaçant de ces révélations, on n’y attache pas d’importance – parce que ces dénonciations a-t-on dit, n’inspiraient aucune espèce de confiance. Mais les jours passent, le terrible Laplanche demande des actes. Nous voilà au 27 Brumaire (le 17 Novembre), un individu (dont le nom n’a pas été conservé) se présente et dénonce le nommé Chevenon Bigny pour avoir tenu des « propos révolutionnaires« . Il cite trois témoins et demande d’avertir l’agence révolutionnaire à Bourges. Cette fois, c’est le coup de grâce. Le marquis est arrêté dans le grand salon du château de Bigny, les envoyés gravissent l’escalier à cheval. Des marches brisées témoignent encore aujourd’hui de ce pénible moment. Il comparaît devant le Tribunal Criminel le 29 Novembre (9 Frimaire An II). L’audience commence à 9h du matin et ne sera levée qu’à 10h du soir. Malgré la défense du citoyen La Force qui ne néglige aucun moyen pour établir l’innocence de son client, le marquis est déclaré coupable. Le Président Ruffray ne tient pas compte de la pauvreté de l’accusation et le condamne à mort. Le Marquis exécuté, né en 1748, était le fils du Marquis Claude et Mademoiselle de Beausson ; sa soeur Madeleine, épousa le comte Claude de Boisredon. Il épousa en 1772 Edmée Catherine Jeanne de Boucher de Milly, originaire de Bourgogne. Il eut deux filles décédées peu après leur naissance, puis en 1775, Luce Elisabeth Edmée. La Marquise et sa fille Luce sont emprisonnées dès février 1794 à Bourges et c’est à ce moment que l’histoire prend un autre tournant grâce à l’entrée du Général Augier, commandant de la Place de Bourges. Ce titre lui confère le droit de visiter les prisons et là il va s’intéresser à la Marquise et à sa fille, et, au bout de quelques temps demandera la main de Luce. La Marquise s’empressa de la lui accorder espérant par là rentrer dans les terres de Bigny et d’ailleurs. Le général obtint l’élargissement de la Marquise et de sa fille en 1794. Il avait vingt-quatre ans. La Marquise se retira dans son hôtel de la rue Moyenne (à la place de l’ancienne Poste) qui devint par la suite l’hôtel Aubertot.
Certains documents indiquent au contraire que le général et sa famille s’installèrent en l’hôtel de Boisredon de 1794 à 1801. Cet hôtel construit en 1670 puis acheté en 1700 par l’intendant Dey de Seraucourt qui le transforma, puis par Marie Double veuve du Marquis Charles de Bigny en 1745. Une petite fille de ce Marquis, Madeleine de Bigny, épousa le comte Claude de Boisredon en 1778 et eut pour héritage l’hôtel qui prît le nom de « Hôtel de Boisredon« . Cet hôtel qui se trouve 22 avenue Henri Ducrot est devenu depuis janvier 1939 le palais archi-épiscopal (Mgr Fillou). Au commencement de l’année 1800, la Marquise, son gendre et sa fille rentrèrent en son vieux manoir de Bigny. Du château il ne restait que les murs. C’est alors que le Baron Augier entreprit de transformer la vieille demeure et de l’embellir. Il ajouta une aile au vieux manoir donnant directement sur la terrasse, la façade s’ouvrant sur la cour d’honneur. Cette nouvelle construction était attenante au vieux bâtiment médieval. Il fit combler les fossés et planter des massifs tout autour de la vieille demeure. Il fit ouvrir une seconde porte d’accès à la cour d’honneur, côté nord, et élargir l’ancienne, dota des deux entrées de hautes grilles que l’on admire encore aujourd’hui et qui proviennent des forges de Bigny. La cour d’honneur était garnie l’été, autour d’un massif en arrondi, d’orangers et de citronniers lui procurant un charme particulier. On dit que le Général dessina le parc aujourd’hui disparu, inspiré de celui de la Malmaison, demeure de l’impératrice Joséphine. Enfin il créa de larges avenues accédant au château : avenue des Bordes, avenue de la Digue, avenue des Quatre-chemins. De ce rond-point partaient : avenue de la Brosse, avenue de Bruère, de laquelle se détachait l’avenue de Beaumont conduisant à la vigne du même nom, aujourd’hui disparue. Toutes ces avenues étaient bordées d’un double rang de peupliers. Les avenues des Etangs et de Beaumont ont été coupées en 1864 par la voie de chemin de fer. Cet ensemble conservera sa splendeur jusqu’en 1882. Ils eurent quatre enfants qui se partagèrent la grande propriété de Bigny: – Premier lot, Baron Edouard Augier : Serruelle et Venesmes. – Deuxième lot, Marie-Césarine Augier : le Château de Bigny et les domaines de Bigny. – Troisième lot, Adrien Augier : Preuil et Sarru. – Quatrième lot : Edmond Augier : Vallenay, La Gaguerolle et Chambon. Ajoutons un mot sur le Baron Augier, le Général , qui joua un rôle important après l’exécution du Marquis de Bigny. Jean-Baptiste Augier né à Bourges en 1769, partit volontaire en 1792, général à l’âge de 24 ans. Il fut grièvement blessé à Bitche , fit la guerre d’Espagne et reçut le commandement de Koenisgberg pendant la guerre de Russie. Député du Cher au Corps législatif, il est commandeur de la Légion d’honneur dès 1804, il devait recevoir la Croix de St Louis en juillet 1814. Il lâcha Napoléon 1er lorsque Louis XVIII reprit possession du trône et lors du retour de l’île d’Elbe, traita celui qui avait fait sa fortune « d’ennemi commun« .Une si « prudente » politique lui permit de siéger encore à la Chambre Introuvable de 1815 , après que le Roi lui ait accordé le titre de Baron le 31 décembre 1814, titre confirmé par lettres patentes le 1er août 1817. Sa fin prématurée (50 ans) le 1er septembre 1819 n’était que la conséquence de la blessure de 1794. Il fut vraisemblablement l’un des premiers locataires du Cimetière des Capucins à Bourges qui venait d’être inauguré. Une foule très nombreuse se pressait à cet enterrement. « Elle ne venait pas – écrit le journaliste – dans la simple intention d’assister à une cérémonie plus ou moins grandiose, ce qu’elle voulait, c’était rendre un dernier hommage au Maréchal de camp Augier. Il était en effet très aimé de la population.affable, ayant un coeur excellent, toujours accueillant, il se conduisait en toutes circonstances avec cette probité et cette douceur qui ne l’ont jamais abandonné. Rendre service était pour lui un règle ». (Extrait de l’article de J de Rupelle). Marie (ou Maria) Césarine, héritière du château de Bigny , épouse en 1817 Monsieur Aubertot officier d’ordonnance de son père, le Général Baron Augier. Il était lui-même maître de forges, d’abord régisseur de l’usine de Mareuil, en 1814 la comtesse d’Osmond lui cède pour la somme de 656 000 frs les usines de Vierzon, Noyon et Bonneau. Il devient également propriétaire des usines de Clavières. Il fit de Vierzon le centre d’une grande industrie métallurgique. Il développa la production , on dit même qu’il vendit des canons et des boulets aux anglais, ce qui lui valut des poursuites qui s’arrêtèrent avec la chute de l’empire. C’est lui qui eut le premier l’idée, en 1805/1806, d’utiiser le gaz des fourneaux et chaufferies pour améliorer le chauffage des fours. C’est vers 1810 que l’on déposa le brevet d’invention du « four à réverbère« . Il meurt en 1814 laissant une veuve avec trois enfants : – Jeanny Aubertot qui épousa un cousin le Marquis Chevenon de Bigny, branche cadette, propriétaire du château et de la terre d’Ainay le Vieil. – Adrienne Aubertot qui épousa le Comte de Chalus, propriétaire du château et de la terre de La Barre, en Bourbonnais. – Césarine Aubertot qui épousa le Comte Mourin d’Arpheuilles, propriétaire du château et de la terre d’Arpheuilles en Bourbonnais. Devenue propriétaire du château et de la terre de Bigny, Madame Aubertot continua les aménagements et embellisements de sa propriété. Elle donna, en particulier, des parcelles de terrain pour permettre un élargissement de la route de Bruère à Vallenay, le long de sa propriété, sur une longueur de 2 km environ, offrant ainsi des promenades agréables. Des bancs de pierre disposés de loin en loin (aujourd’hui disparus) invitaient au repos. C’est elle qui fit poser les trois croix de pierre aux carrefours (entrée de Sarru, route de Vallenay, chemin de la maisonnette des Rougeaux) d’ailleurs on les a baptisées familièrement les « trois césarines ». A l’époque où il n’y avait pas de chemin de fer, Madame Aubertot et sa famille partaient pour Paris,dans sa grande berline : les bagages étaient transportés dans un grand chariot à quatre roues attelé de deux chevaux où prenait aussi place la domesticité; la caravane, par l’allée des Bordes, arrivait au Cher en passant le cours d’eau au gué d’Allichamps (qui n’existe plus de nos jours); de là, par le chemin qui passe à l’est de Chateaufer, elle atteignait la grande route nationale. Par étapes, elle s’acheminait vers Paris où elle descendait dans un immeuble voisin de la Madeleine. Plus tard, dès 1866, Madame Aubertot , pour son hivernage à Paris, utiisa le chemin de fer. Après 1871, Madame Aubertot ne fit plus aucun séjour à Paris, tout son temps se passa à toujours embellir et entretenir soigneusement sa belle propriété. L’été, elle avait près d’elle ses enfants et petits-enfants ; il y avait foule au château: gens de marque et toute une domesticité. L’animation était grande jusqu’en septembre , époque de fin de vacances où chacun rentrait chez soi et les jeunes en pension. Ainsi se passèrent les dernières années de la bonne châtelaine de Bigny. En 1874, elle perdit sa fille Adrienne, Comtesse de Chalus. Le 31 décembre1882 , Madame Aubertot s’éteignait; elle n’oublia personne de ses serviteurs; tous furent couchés sur son testament. Ce fut sa fille, Jeanny, Marquise de Chevenon de Bigny qui devint propriétaire de la terre de Bigny. Elle y séjournait durant les mois d’été et s’attachait à conserver la propriété dans l’état où elle l’avait reçue au décès de sa mère. Au décès de la Marquise, la terre de Bigny resta indivise entre ses enfants…Puis, les ans aidant, Bigny fut peu à peu délaissé. Le temps et l’humidité ont eu raison de bien des pièces du château (dont l’escalier et les toits sont inscrits à l’inventaire des monuments historiques). Le petit manoir du XIV ème siècle jouxtant l’actuel château menaçait presque ruine: on prit le parti de refaire le toit. C’est l’actuelle propriétaire, Madame Marie-France de Peyronnet (et son mari Xavier) descendante de la famille de Bigny qui assurent cette restauration. Les toits sont sauvés, les bardeaux de chataîgnier des lucarnes remplacés dans les règles de l’art. Son mari s’est fait menuisier, électricien, plombier….Les carrelages ont été déposés et, remises à jour les magnifiques poutres, soeurs jumelles de celles du musée St Vic de St Amand. Signalons au passage, que dans le tableau des plus importants contribuables du Cher, en 1830 et 1840 (plus de 2 000 fr de Cens) figurent les familles qui nous occupent. Ils sont trente à quarante dans notre département , on estime qu’un cens de 2 000 fr équivalait à une fortune d’environ un million de frans de l’époque, somme considérable écrit A.S. TUDESQ. Nous avons noté que le Baron Augier payait, en 1830, 3 622,97 fr et en 1840, 5 859,17 fr et Jean Aubertot (père) en 1830, 2 878,57 fr en 1840 , 120 580,46 fr. Autant dire qu’en dix ans leur fortune a été bien « menée ». DEUX MOTS D’HISTOIRE La paroisse de Vallenay comptait autrefois trois seigneuries: Bigny, Valnay et La Roche-Verneuil. Ce dernier fief appartenait au XVIème siècle à Guillaume de la Roche, puis au XVIIIème siècle à la famille de Bonneval, ancêtres du propriétaire actuel, le comte de Jouffroy-Gonsans. Ses aïeux s’installèrent à la Commanderie de Farges en 1742. Buhot de Kersers, auteur de la précieuse statistique monumentale du Cher, a vainement cherché l’assiette de la seigneurie. Par contre, M.Louis Delorme a retrouvé ,tout près de la ferme, des vestiges du château-fort dont il a utilisé les matériaux et ont peut voir une partie du fossé qui entourait le tertre féodal.
LA MAISON DE BIGNY On trouve la trace de la Maison de Bigny avant 750, date à laquelle elle possédait la terre de ce nom. Nous connaissons de cette Maison : –Jehan Chevenon, seigneur de Bigny qui épouse Agnès, fille d’Odonet de Morlac (1303-1317; – Gimonet de Bigny, damoiseau (1323), – Jehan de Bigny (1387…) A partir de 1392, yous les membres de la lignée de Bigny ayant été tués sur les champs de bataille, l’héritage échût à une demoiselle qui l’apporta, dit-on, en dot à Jean de Chevenon, gentilhomme nivernais (1402-?) à condition que celui-ci joindrait à son nom celui de Bigny et prendrait ses armes- d’azur au lion d’argent, accompagné de 5 poissons (des chevesnes) – et sa devise : « Nobilitas virtus exaltus exultatque viros » (le courage ennoblit et exalte les hommes) Mais cette assertion que l’on trouve dans La Thaumassière est douteuse, nous dit B de Kersers (vol.III p. 318) puisque nous venons de voir qu’un siècle avant, les Chevenon étaient déjà seigneurs de Bigny. Jusqu’à la fin du XV ème siècle, la Maison de Bigny fit de son manoir sa principale résidence. En 1467, elle achète le château d’Ainay le Vieil. En 1505, son fils Claude fit édifier le ravissant château renaissance qui attire tant de touristes et qu’entoure une enceinte féodale qu’on a surnommée le « petit Carcassonne », propriété actuelle de la famille d’Aligny. Le château de Bigny connut l’épisode le plus dramatique de la révolution en Berry. Il faut dire que c’est l’époque où le terrible Laplanche s’installe à Bourges. Il commence par ordonner la descente des cloches… exceptée la plus grosse destinée au tocsin. Il annule les certificats de civisme et exige la liste des suspects… « Il faut couper des têtes.La révolution ne peut s’affermir qu’autant que son pied baignera dans le sang. Le tribunal ne doit marcher qu’accompagné de la guillotine. Partout j’ai mis la terreur à l’ordre du jour. Partout j’ai imposé des contributions sur les riches et les aristocrates; deux jours m’ont suffit à Bourges pour une levée de deux millions ». On comprend que de tels discours aient déclenché la chasse aux suspects. Après avoir été dénoncé au club de St Amand par Déséglise (élevé par le marquis), le 15 octobre 1793 (c’est-à-dire le 24 Vendémiaire AN II) on envoie perquisitionner au château de Bigny. L’opération est dirigée par le citoyen Guillemain, Commissaire de l’Assemblée primaire du canton de La Celle Bruère. Le procès-verbal nous dit : « Nous nous sommes transportés dans les différents appartements, nous n’y avons rien trouvé qui eût quelque trait avec la royauté, exceptée une vieille tapisserie qui représentait un roi et une reine; j’ai arrêté que les têtes soient déchirées et brûlées et le reste donné aux pauvres. De là nous nous sommes transportés à la chapelle, nous avons trouvé deux habillements complets à usage de ladite chapelle et un calice et sa patène. J’ai prévenu le citoyen Chevenon qu’il était responsable des dits effets et qu’il les ferait voir quand on le jugera à propos. De là nous nous sommes transportés dans les greniers, nous avons trouvé dans un vieux coffre beaucoup de parchemins, j’ai arrêté qu’ils soient brûlés sur le champ avec les personnages mentionnés ci-dessus ». Tout en serait resté là si le 3 Brumaire, quatre personnes ne s’étaient présentées à l’agence révolutionnaire de Libreval. Il s’agit de Bertrand, chirurgien demeurant à La Celle Bruère, Pierre Baudart, ancien maire et officier municipal à Valnay, Jean-Baptiste Trou, demeurant à la forge de Bigny et Jean Moricet demeurant à Farges. S’emparant de prétendues confidences du citoyen Chevenon, ils le présentent comme un royaliste ardent, méprisant la nation patriote jusqu’à vouloir la réduire « à brouter l’herbe« . Cette dernière remarque fournie par Moricet, proviendrait de Pierre Lefort , jardinier du marquis. Or, d’autres papiers découverts plus tard nous disent que le marquis se servait souvent ,quand il parlait de ses voisins du fameux proverbe « bête à manger du foin« . Malgré le caractère menaçant de ces révélations, on n’y attache pas d’importance – parce que ces dénonciations a-t-on dit, n’inspiraient aucune espèce de confiance. Mais les jours passent, le terrible Laplanche demande des actes. Nous voilà au 27 Brumaire (le 17 Novembre), un individu (dont le nom n’a pas été conservé) se présente et dénonce le nommé Chevenon Bigny pour avoir tenu des « propos révolutionnaires« . Il cite trois témoins et demande d’avertir l’agence révolutionnaire à Bourges. Cette fois, c’est le coup de grâce. Le marquis est arrêté dans le grand salon du château de Bigny, les envoyés gravissent l’escalier à cheval. Des marches brisées témoignent encore aujourd’hui de ce pénible moment. Il comparaît devant le Tribunal Criminel le 29 Novembre (9 Frimaire An II). L’audience commence à 9h du matin et ne sera levée qu’à 10h du soir. Malgré la défense du citoyen La Force qui ne néglige aucun moyen pour établir l’innocence de son client, le marquis est déclaré coupable. Le Président Ruffray ne tient pas compte de la pauvreté de l’accusation et le condamne à mort. Le Marquis exécuté, né en 1748, était le fils du Marquis Claude et Mademoiselle de Beausson ; sa soeur Madeleine, épousa le comte Claude de Boisredon. Il épousa en 1772 Edmée Catherine Jeanne de Boucher de Milly, originaire de Bourgogne. Il eut deux filles décédées peu après leur naissance, puis en 1775, Luce Elisabeth Edmée. La Marquise et sa fille Luce sont emprisonnées dès février 1794 à Bourges et c’est à ce moment que l’histoire prend un autre tournant grâce à l’entrée du Général Augier, commandant de la Place de Bourges. Ce titre lui confère le droit de visiter les prisons et là il va s’intéresser à la Marquise et à sa fille, et, au bout de quelques temps demandera la main de Luce. La Marquise s’empressa de la lui accorder espérant par là rentrer dans les terres de Bigny et d’ailleurs. Le général obtint l’élargissement de la Marquise et de sa fille en 1794. Il avait vingt-quatre ans. La Marquise se retira dans son hôtel de la rue Moyenne (à la place de l’ancienne Poste) qui devint par la suite l’hôtel Aubertot. Certains documents indiquent au contraire que le général et sa famille s’installèrent en l’hôtel de Boisredon de 1794 à 1801. Cet hôtel construit en 1670 puis acheté en 1700 par l’intendant Dey de Seraucourt qui le transforma, puis par Marie Double veuve du Marquis Charles de Bigny en 1745. Une petite fille de ce Marquis, Madeleine de Bigny, épousa le comte Claude de Boisredon en 1778 et eut pour héritage l’hôtel qui prît le nom de « Hôtel de Boisredon« . Cet hôtel qui se trouve 22 avenue Henri Ducrot est devenu depuis janvier 1939 le palais archi-épiscopal (Mgr Fillou). Au commencement de l’année 1800, la Marquise, son gendre et sa fille rentrèrent en son vieux manoir de Bigny. Du château il ne restait que les murs. C’est alors que le Baron Augier entreprit de transformer la vieille demeure et de l’embellir. Il ajouta une aile au vieux manoir donnant directement sur la terrasse, la façade s’ouvrant sur la cour d’honneur. Cette nouvelle construction était attenante au vieux bâtiment médieval. Il fit combler les fossés et planter des massifs tout autour de la vieille demeure. Il fit ouvrir une seconde porte d’accès à la cour d’honneur, côté nord, et élargir l’ancienne, dota des deux entrées de hautes grilles que l’on admire encore aujourd’hui et qui proviennent des forges de Bigny. La cour d’honneur était garnie l’été, autour d’un massif en arrondi, d’orangers et de citronniers lui procurant un charme particulier. On dit que le Général dessina le parc aujourd’hui disparu, inspiré de celui de la Malmaison, demeure de l’impératrice Joséphine. Enfin il créa de larges avenues accédant au château : avenue des Bordes, avenue de la Digue, avenue des Quatre-chemins. De ce rond-point partaient : avenue de la Brosse, avenue de Bruère, de laquelle se détachait l’avenue de Beaumont conduisant à la vigne du même nom, aujourd’hui disparue. Toutes ces avenues étaient bordées d’un double rang de peupliers. Les avenues des Etangs et de Beaumont ont été coupées en 1864 par la voie de chemin de fer. Cet ensemble conservera sa splendeur jusqu’en 1882. Ils eurent quatre enfants qui se partagèrent la grande propriété de Bigny: – Premier lot, Baron Edouard Augier : Serruelle et Venesmes. – Deuxième lot, Marie-Césarine Augier : le Château de Bigny et les domaines de Bigny. – Troisième lot, Adrien Augier : Preuil et Sarru. – Quatrième lot : Edmond Augier : Vallenay, La Gaguerolle et Chambon. Ajoutons un mot sur le Baron Augier, le Général , qui joua un rôle important après l’exécution du Marquis de Bigny. Jean-Baptiste Augier né à Bourges en 1769, partit volontaire en 1792, général à l’âge de 24 ans. Il fut grièvement blessé à Bitche , fit la guerre d’Espagne et reçut le commandement de Koenisgberg pendant la guerre de Russie. Député du Cher au Corps législatif, il est commandeur de la Légion d’honneur dès 1804, il devait recevoir la Croix de St Louis en juillet 1814. Il lâcha Napoléon 1er lorsque Louis XVIII reprit possession du trône et lors du retour de l’île d’Elbe, traita celui qui avait fait sa fortune « d’ennemi commun« .Une si « prudente » politique lui permit de siéger encore à la Chambre Introuvable de 1815 , après que le Roi lui ait accordé le titre de Baron le 31 décembre 1814, titre confirmé par lettres patentes le 1er août 1817. Sa fin prématurée (50 ans) le 1er septembre 1819 n’était que la conséquence de la blessure de 1794. Il fut vraisemblablement l’un des premiers locataires du Cimetière des Capucins à Bourges qui venait d’être inauguré. Une foule très nombreuse se pressait à cet enterrement. « Elle ne venait pas – écrit le journaliste – dans la simple intention d’assister à une cérémonie plus ou moins grandiose, ce qu’elle voulait, c’était rendre un dernier hommage au Maréchal de camp Augier. Il était en effet très aimé de la population.affable, ayant un coeur excellent, toujours accueillant, il se conduisait en toutes circonstances avec cette probité et cette douceur qui ne l’ont jamais abandonné. Rendre service était pour lui un règle ». (Extrait de l’article de J de Rupelle). Marie (ou Maria) Césarine, héritière du château de Bigny , épouse en 1817 Monsieur Aubertot officier d’ordonnance de son père, le Général Baron Augier. Il était lui-même maître de forges, d’abord régisseur de l’usine de Mareuil, en 1814 la comtesse d’Osmond lui cède pour la somme de 656 000 frs les usines de Vierzon, Noyon et Bonneau. Il devient également propriétaire des usines de Clavières. Il fit de Vierzon le centre d’une grande industrie métallurgique. Il développa la production , on dit même qu’il vendit des canons et des boulets aux anglais, ce qui lui valut des poursuites qui s’arrêtèrent avec la chute de l’empire. C’est lui qui eut le premier l’idée, en 1805/1806, d’utiiser le gaz des fourneaux et chaufferies pour améliorer le chauffage des fours. C’est vers 1810 que l’on déposa le brevet d’invention du « four à réverbère« . Il meurt en 1814 laissant une veuve avec trois enfants : – Jeanny Aubertot qui épousa un cousin le Marquis Chevenon de Bigny, branche cadette, propriétaire du château et de la terre d’Ainay le Vieil. – Adrienne Aubertot qui épousa le Comte de Chalus, propriétaire du château et de la terre de La Barre, en Bourbonnais. – Césarine Aubertot qui épousa le Comte Mourin d’Arpheuilles, propriétaire du château et de la terre d’Arpheuilles en Bourbonnais. Devenue propriétaire du château et de la terre de Bigny, Madame Aubertot continua les aménagements et embellisements de sa propriété. Elle donna, en particulier, des parcelles de terrain pour permettre un élargissement de la route de Bruère à Vallenay, le long de sa propriété, sur une longueur de 2 km environ, offrant ainsi des promenades agréables. Des bancs de pierre disposés de loin en loin (aujourd’hui disparus) invitaient au repos. C’est elle qui fit poser les trois croix de pierre aux carrefours (entrée de Sarru, route de Vallenay, chemin de la maisonnette des Rougeaux) d’ailleurs on les a baptisées familièrement les « trois césarines ». A l’époque où il n’y avait pas de chemin de fer, Madame Aubertot et sa famille partaient pour Paris,dans sa grande berline : les bagages étaient transportés dans un grand chariot à quatre roues attelé de deux chevaux où prenait aussi place la domesticité; la caravane, par l’allée des Bordes, arrivait au Cher en passant le cours d’eau au gué d’Allichamps (qui n’existe plus de nos jours); de là, par le chemin qui passe à l’est de Chateaufer, elle atteignait la grande route nationale. Par étapes, elle s’acheminait vers Paris où elle descendait dans un immeuble voisin de la Madeleine. Plus tard, dès 1866, Madame Aubertot , pour son hivernage à Paris, utiisa le chemin de fer. Après 1871, Madame Aubertot ne fit plus aucun séjour à Paris, tout son temps se passa à toujours embellir et entretenir soigneusement sa belle propriété. L’été, elle avait près d’elle ses enfants et petits-enfants ; il y avait foule au château: gens de marque et toute une domesticité. L’animation était grande jusqu’en septembre , époque de fin de vacances où chacun rentrait chez soi et les jeunes en pension. Ainsi se passèrent les dernières années de la bonne châtelaine de Bigny. En 1874, elle perdit sa fille Adrienne, Comtesse de Chalus. Le 31 décembre1882 , Madame Aubertot s’éteignait; elle n’oublia personne de ses serviteurs; tous furent couchés sur son testament. Ce fut sa fille, Jeanny, Marquise de Chevenon de Bigny qui devint propriétaire de la terre de Bigny. Elle y séjournait durant les mois d’été et s’attachait à conserver la propriété dans l’état où elle l’avait reçue au décès de sa mère. Au décès de la Marquise, la terre de Bigny resta indivise entre ses enfants…Puis, les ans aidant, Bigny fut peu à peu délaissé. Le temps et l’humidité ont eu raison de bien des pièces du château (dont l’escalier et les toits sont inscrits à l’inventaire des monuments historiques). Le petit manoir du XIV ème siècle jouxtant l’actuel château menaçait presque ruine: on prit le parti de refaire le toit. C’est l’actuelle propriétaire, Madame Marie-France de Peyronnet (et son mari Xavier) descendante de la famille de Bigny qui assurent cette restauration. Les toits sont sauvés, les bardeaux de chataîgnier des lucarnes remplacés dans les règles de l’art. Son mari s’est fait menuisier, électricien, plombier….Les carrelages ont été déposés et, remises à jour les magnifiques poutres, soeurs jumelles de celles du musée St Vic de St Amand. Signalons au passage, que dans le tableau des plus importants contribuables du Cher, en 1830 et 1840 (plus de 2 000 fr de Cens) figurent les familles qui nous occupent. Ils sont trente à quarante dans notre département , on estime qu’un cens de 2 000 fr équivalait à une fortune d’environ un million de frans de l’époque, somme considérable écrit A.S. TUDESQ. Nous avons noté que le Baron Augier payait, en 1830, 3 622,97 fr et en 1840, 5 859,17 fr et Jean Aubertot (père) en 1830, 2 878,57 fr en 1840 , 120 580,46 fr. Autant dire qu’en dix ans leur fortune a été bien « menée ».
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Photo 1980 f et g
de haut en bas et de gauche à droite :
1er rang :
Franck Voltolini-Muriel Brunet- Daniel Carel – Olivier Bennat- Hervé Pommier- Olivier Cabrol- Florence Luneau- Fabienne Grosbois- Hervé Bonnin
2ème rang
Bertrand Guillemet- Sybille Gayat- Luc Carel – Fabrice Chevalier- Hervé Germain – Valérie Claude- Virginie Michel
3ème rang :
Aurore Malnar- Florence Meyer- Karine Dubeaud- Florence Bennat- Nathalie Germain- l’institutrice (une remplaçante) – Tony Bonnin- Willy Taillandier- Valérie Véron- Franck Guy- Franck Mathioux
Photo 1978 f et g
de haut en bas :
1er rang : Bertrand Guillemet- Hervé Germain- Olivier Bennat- Franck Guy- Hervé Bonnin- Hervé Pommier- Olivier Cabrol- Luc Carel
2ème rang : Karine Dubeau-Tony Bonnin- Laurent Germain- Sybille Gayat- Murielle Brunet- Valérie Jolivet- Dominique Martinat- Aurore Malnar- Virginie Michel – Franck Mathioux – Valérie Claude- Véronique Jolivet
3ème rang : Nathalie Germain- Florence Luneau- Valérie Verron- Fabrice Chevalier- Valérie Chabenat- Fabienne Grosbois- Florence Meyer- Florence Bennat
1er rang en haut, au centre, l’institutrice Mademoiselle GARTIOUX